La mutation des entreprises vers le numérique n’est pas un ciel sans nuages. Difficulté à maitriser la prolifération des données, dette technique, liens distendus avec les métiers et l’IT, mesure des résultats très perfectible, etc. Les défis à relever ne manquent pas.

L’enquête de Niji, un cabinet acteur de la transformation digitale, porte un regard plutôt critique sur sa gestion par les entreprises, même si des investissements ont été réalisés, notamment sur le volet technique du SI métiers ou le Référentiel Client Unique (RCU), un outil d‘amélioration du CRM. L’implication des membres du Comex semble aussi plus importante. La grande priorité pour la direction générale reste à 88 % l’engagement et la connaissance des clients, gage de rentabilité de l’organisation. Contrepoint de cette priorité affichée, 7 % seulement des entreprises calculent leur retour sur investissement (ROI). C’est très peu. De manière globale, la transformation digitale se déroule dans un contexte économique incertain et à une vraie difficulté à attirer les talents pour la moitié des répondants. A noter, la réduction des coûts devient un objectif central pour 59 % des entreprises et remonte dans les priorités.

Focalisées sur le temps de mise sur le marché (TTM) des produits et services, les entreprises prennent conscience que cette attitude à court terme se paie ensuite par de la dette technique, des réclamations clients et des pertes de temps dues à la correction des erreurs de codage.

L’engagement pour la durabilité vient en dernière préoccupation avec 52 % des répondants qui la placent en priorité.

Le graphique ci-dessous indique le niveau de maitrise des briques technologiques et de l’architecture IT (Bleu foncé : bien maitrisé, Bleu moyen : maitrise moyenne, Bleu clair : non maitrisé). Globalement, il semble que le savoir-faire technique soit au rendez-vous.

Des relations perfectibles entre les métiers et l’IT

Industrialiser les processus et améliorer les échanges entres le besoins des métiers et les équipes IT reste un thème récurrent. Mais la réalité montre un décalage très perceptible avec les objectifs. Si l’organisation en mode produit parait indispensable pour 41 % des répondants, ils sont 38 % à évaluer leur maturité comme moyenne sur ce thème alors que 21 % admettent qu’ils n’ont pas une bonne maitrise de ce thème. Seules 22 % des entreprises déclarent associer les métiers à l’IT dans la phase cruciale de la conception des produits et services.

Les méthodes agiles, souvent évoquées dans les études et les salons professionnels, ne semblent pas avoir percé, seules un quart des entreprises disent maitriser ce processus d’arbitrage et de priorisation des tâches. De fait, les projets à long terme souffrent des livraisons incrémentales de code. Pour un chef de projet, les journées de travail n’entrent pas toujours dans le découpage théorique des méthodes agiles.

La maitrise de la feuille de route est le fait de 34 % des répondants (maturité moyenne) alors que 20 % ne la maitrisent pas. Un chiffre qui pose questions.

L’usine digitale, concept théorique qui qualifie l’intelligence collective pour délivrer des produits de qualité, est une notion floue que seuls 13 % du panel dit maitriser.

Un petit volet des entreprises, soit 11 %, ont réalisé des investissements de modernisation du SI métier et pour 18 % cela concerne l’ERP. L’actualisation du legacy parait globalement mal maitrisée, 35 % disant ne pas savoir maitriser la simplification de l’architecture.

Côté bilan carbone, il reste beaucoup à faire. En effet, seuls 32 % des répondants l’ont mesuré et un quart a défini un plan d’action pour réduire impact avec l’écoconception et autres outils.