Une enquête d’OpinionWay pour Kelio auprès de DRH français dans les secteurs de l’industrie, la construction, le commerce, les transports et les services, montre une forte réticence à utiliser l’IA. Discriminations de genre et des minorités, menaces liées à l’éthique, fiabilité des données, transparence, ce sont autant de biais qui nuisent à la pertinence de l’intelligence artificielle.

Au-delà de la vision marketing du futur avancée par les protagonistes de l’IA, l’avis des responsables des ressources humaines qui figure dans l’étude de Kelio remet les pendules à l’heure dans ce métier. Le constat du panel interrogé par OpinionWay est sans équivoque : 76 % des DRH (directeur des ressources humaines) et RRH (responsable des ressources humaines) ne souhaitent pas mettre l’IA en œuvre. Néanmoins, 63 % des interrogés utilisent l’IA pour des taches techniques, raisonnablement automatisables, telle la publication et la diffusion de l'offre d'emploi, suivie par la rédaction de l’offre (57 %) et la planification administrative et budgétaire du recrutement.

A la question, « utilisez-vous ou non des outils d’intelligence artificielle dans le cadre de vos fonctions de ressources humaines ? » les réponses sont explicites dans le graphique
ci-dessous.



Plus précisément, 54 % des professionnels des RH pointent n’ont pas confiance en la qualité du travail réalisé par l’IA. Toutefois, une majorité du panel, soit 87 %, pense que certaines étapes préalables au processus de recrutement sont éligibles aux outils d’intelligence artificielle, notamment l’IA générative.

Des résultats à rapprocher des conclusions d’une récente étude du Conseil de l’Europe qui pointe les biais algorithmiques qui se produisent lorsqu’un programme intègre les préjugés de ses créateurs ou des données qui l’alimentent.

Moins d’un responsable RH sur deux fait confiance à l’IA pour produire un travail de qualité

A ce jour, seuls 46 % des répondants estiment que l’IA peut rendre un travail de qualité. A noter, l’enquête d’Opinion Way ventile les réponses selon le niveau hiérarchique, le RRH étant un poste placé sous la direction du DRH, le Directeur des Ressources Humaines. Ainsi, les DRH semblent plus enclins à utiliser l’IA que les RRH avec 18 % qui l’utilisent déjà contre 7 % des RRH, dont 6 % de manière importante. Prés d’un tiers, soit 32 % des DRH envisagent une utilisation plus intensive à l’avenir contre 13 % de RRH.

Des obstacles importants pour convaincre les équipes RH des bénéfices de l’IA

Parmi ces contraintes, l’enquête cite l’incompatibilité des outils avec leurs procédures actuelles (41 %) le respect de la confidentialité et la sécurité des données personnelles
(38 %). Sur ce dernier point, les responsables RH pourtant favorables à l’utilisation de l’IA, sont préoccupés par la sécurité des données (54 %). Un enjeu particulièrement sensible pour les responsables RH des entreprises de 100 à 249 salariés (53 %).

Certaines tâches de recrutement et gestion administrative pourraient être dévolues à l’automatisation des tâches

Malgré des freins majeurs, le recours à l’IA est jugé particulièrement intéressant par les répondants dans les deux domaines majeurs des RH que sont le recrutement (41 %) et la gestion administrative (paie, congés, etc.) pour 45 % du panel.

D’autres processus plus secondaires sont mentionnés par l’ensemble des répondants, à savoir la formation et le développement des compétences (28 %), la planification stratégique (27 %), l’évaluation des performances (24 %) et l’amélioration de l’environnement de travail (diversité, inclusion, bien-être au travail) pour 20 % du panel.

D’autres écueils s’opposent à l’utilisation de l’IA dans les RH avec 32 % des répondants qui évoquent un manque de compétences et de formation spécifique pour 29 % des responsables, la résistance au changement chez leurs salariés et les coûts liés à l’implémentation d’outils dédiés pour 22 % d’entre eux. Enfin, 21 % des répondants mentionnent le manque de solutions adaptées à leurs besoins spécifiques.

Dans tous les cas, il semble inutile de se précipiter et de s’exposer à des risques juridiques non-mesurés.