L’intelligence artificielle est en train de donner un coup de fouet aux escroqueries mondiales. Les criminels sont en effet plus habiles à utiliser l’intelligence artificielle pour commettre des crimes financiers que les banques ne le sont à utiliser la technologie pour y mettre fin…

Réalisé par BioCatch, un spécialiste de la détection de la fraude numérique et de la prévention de la criminalité financière, un rapport décrit un paradoxe inquiétant : si les institutions financières mondiales utilisent déjà l’Intelligence artificielle pour se défendre, les criminels restent plus avancés et lancent des attaques surpuissantes grâce à elle.

En localisant parfaitement la langue, des expressions de langage courant ainsi que les noms propres utilisés et en personnalisant pour chaque victime le type d’escroquerie, les images, le son et/ou la vidéo utilisés, l’IA nous offre des escroqueries sans frontières.

Résultat, près de la moitié des 600 responsables internationaux de la gestion des fraudes et de la lutte contre le blanchiment d’argent interrogé, constatent une augmentation de l’activité criminelle financière en 2023, et s’attendent à une augmentation de celle-ci
en 2024.

Plus de la moitié des organisations ayant répondu à l’enquête déclarent avoir perdu entre
5 et 25 millions de dollars à cause d’attaques alimentées par l’IA en 2023. Les répondants français ont été plus d’un tiers (34 %) à en faire partie.  

5 % des fausses identités sont détectées

La Réserve fédérale américaine estime que les modèles de fraude traditionnels ne parviennent à détecter qu’environ 5 % seulement des fausses identités utilisées pour demander l’ouverture d’un nouveau compte. Elle considère la fraude à l’identité synthétique comme le type de criminalité financière qui connaît la croissance la plus rapide aux États-Unis, coûtant aux entreprises des milliards de dollars chaque année.

Selon cette enquête, 87 % déclarent pourtant que l’IA a impacté positivement la vitesse à laquelle leur organisation réagit aux menaces. Ce chiffre atteint 97 % en France.

De plus en plus d’individus mal intentionnés disposent de compétences en matière de criminalité financière et utilisent l’IA pour améliorer la qualité, le schéma, la portée et le succès de leurs escroqueries bancaires numériques.

En effet, selon 63 % des répondants français, les criminels sont plus avancés dans l’utilisation de l’IA pour commettre des actes délictueux que les banques dans l’utilisation de l’IA pour détecter les délits financiers.

Pour lutter contre ce fléau, 91 % des experts interrogés déclarent que leur organisation est en train de repenser l’utilisation de la vérification vocale pour leurs gros clients due aux capacités de clonage de la voix par l’IA de plus en plus performantes.  

Identités synthétiques

Près de 3/4 des personnes interrogées déclarent que leur employeur a utilisé l’IA pour détecter la fraude et/ou la criminalité financière, tandis que 87 % déclarent que l’IA a augmenté la vitesse à laquelle leur organisation répond aux menaces.

Plus de 70 % d’entre eux déclarent que leur entreprise a identifié l’utilisation d’identités synthétiques lors de l’intégration de nouveaux clients l’année dernière. Si la majorité des interrogés ont su les identifier dans les 30 jours (35 %), la plupart des répondants français ont indiqué les avoir identifiés dans les 6 mois (34 %).

Mais une meilleure communication entre les services est nécessaire. Or, près de 90 % des professionnels français estiment que les institutions financières et les autorités gouvernementales doivent partager davantage d’informations pour lutter plus efficacement contre la fraude et la criminalité financière.