Oublié le piratage du téléphone d'Angela Merkel par la NSA ? La Chancelière allemande et le Président américain couvrent les pratiques d'espionnage des Etats-Unis sur fond de lutte contre le terrorisme. La lutte contre le terrorisme peut-elle autoriser toutes les dérives ? Le sujet est délicat, nous avons tous en mémoire les évènements qui il y a quelques semaines ont fait se lever les foules derrière la bannière « Je suis Charlie ». Mais la question mérite d'être posée, tant les grands dirigeants du monde semblent profiter de la situation pour écorner les libertés civiles et autoriser les dérives que l'opinion condamne ! Souvenons-nous, l'affaire dans l'affaire avait fait grand bruit en 2013 de l'autre coté du Rhin. Et fait sourire chez nous alors que l'illusion n'est pas permise, nous sommes logés à la même enseigne ! Parmi les révélation d'Edward Snowden, figuraient les écoutes du téléphone de la Chancelière allemande Angela Merkel par la National Security Agency (NSA) américaine... Lors d'une conférence de presse, la Chancelière allemande et le Président américain Obama réunits à Washington ont fait front commun dans la lutte contre le terrorisme. Ce qui en réalité s'est traduit par un discours favorable aux pratiques d'espionnage américaines.

Le blanc-seing de la Chancelière

Dans son discours, la Chancelière a loué l'efficacité de l'appareil de renseignement américain, au point de quasi accorder un blanc-seing à son Président : « Nous avons encore des évaluations différentes sur des questions individuelles, mais si nous regardons la dimension même des menaces terroristes, nous sommes plus que conscients du fait que nous devons travailler de très près ensemble », a déclaré Angela Merkel. Et d'enchainer en reconnaissant implicitement le rôle des services de renseignement américain, jusque sur le sol allemand : « Les institutions des États-Unis d'Amérique nous ont fourni et continuent de nous fournir beaucoup d'informations très importantes et très significatives, qui sont également importantes pour notre sécurité. »

Le bénéfice du doute pour le Président Obama

De son coté, le Président Obama a souhaité jouer la carte de la séduction autour de la garantie des libertés individuelles : « Ce que je demanderais au peuple allemand, c'est de reconnaître que les États-Unis ont toujours été à l'avant-garde d'essayer de promouvoir les libertés civiles, que nous avons des traditions de procédures régulières que nous respectons, que nous avons été un partenaire régulier des vôtres au cours des 70 dernières années, et certainement des 25 dernières années dans le renforcement des valeurs que nous partageons. » Et de donner le coup de grâce sous la forme d'un appel à ne pas condamner les pratiques des services de renseignement américains : « Alors, de temps en temps, j'aimerais que les Allemands nous accordent le bénéfice du doute, compte tenu de notre histoire, plutôt que d'avoir à assumer le pire. » Si l'on suit les déclarations des dirigeants de l'Allemagne et des Etats-Unis, elles incitent à s'assoir sur le droit européen des droits de l'homme en autorisant l'échange de renseignements. La Grande-Bretagne a franchit le pas en votant une loi qui l'autorise. L'Allemagne suit le mouvement. Le seul bémol dans ce bel ensemble est qu'il va dans un sens unique, celui des agences américaines autorisées à accéder et à fouiller dans les données des Etats européens. Et dans l'autre sens, est-ce que ça marche ?