25 % des apps d'Oracle tournent aujourd'hui dans le cloud, elles seront 80 % en 2025. Quitte à ce que les équipes de vente de l'éditeur, qui a tellement à y gagner, se montrent particulièrement agressives.

Oracle Open World, on s'en serait douté, est placée sous le signe du Cloud Computing. Mark Hurd, co-CEO d'Oracle, n'a pas manqué de le rappeler. 25 % des applications d'Oracle s'exécuteraient aujourd'hui dans le cloud. Mais déjà 100 % du portefeuille applicatif d'Oracle, dont le middleware et la base de données, aurait été ré-écrit, reconstruit et modernisé pour le cloud. Et de fixer l'objectif du groupe, 80 % des apps en production dans le cloud en 2025.

La vision 'all-in on the cloud' d'Oracle

Selon la présidente d'Oracle Applications Users Group, Melissa English, déjà un tiers des clients d'Oracle auraient commencé à migrer vers le cloud. Et la priorité des clients porterait sur la rapidité avec laquelle ils vont pouvoir basculer du on-premise vers le cloud, après la sécurité bien entendu ! Ces affirmations sont une indication que le mouvement vers le nuage est en marche. Cependant, à la différence d'autres comme les utilisateurs SAP, le club utilisateurs d'Oracle vit des subsides de l'éditeur, ce qui limite la portée de cette affirmation...

Oracle agressif sur le cloud

Pour accompagner sa vision 'all-in on the cloud', Oracle aurait motivé ses équipes de ventes, jusqu'à l'adoption de tactiques qualifiées d'agressives, afin de pousser ses clients à rompre avec le modèle des licences on-premice, porter leurs comptes dans le cloud, et évidemment booster ses revenus. Rien de bien nouveau, nous direz-vous, Oracle nous a habitué à ces pratiques, parfois à la limite de l'acceptable. Selon la presse américaine, Oracle aurait déployé de nouvelles tactiques nommées 'nuclear option' liées à des primes et commissions plus élevées en cas de vente de services cloud. Parfois en violation de contrats et de licences.

La menace de litiges sur les licences – les produits et services sur site d'Oracle sont accompagnés d'un montage complexe d'accords juridiques - permettrait également à Oracle d'inciter ses clients à adopter de nouveaux accords de licences dans le cloud. Il faut dire que chaque vente d'un million de dollars dans le cloud porte potentiellement la valeur de 10 millions de dollars sur le cycle de vie du service, contre seulement 3 millions de dollars pour les ventes dites nettes…

Le One-Stop-Shop peut-il séduire ?

La vraie question est « Les suites d'entreprises sophistiquées peuvent-elles s'exécuter dans le nuage ? ». Si la réponse aujourd'hui est 'non', tous les éditeurs travaillent d'arrache pied pour y apporter une réponse positive. Les affirmations d'Oracle sont peut-être un peu trop optimistes, mais l'éditeur semble vouloir rattraper son retard face à son principal concurrent SAP. Celui-ci, en misant sur S/4 HANA, c'est à dire en imposant une nouvelle plateforme, a pris de l'avance.

En misant quant à lui sur le cloud via son approche 'one-stop-shop' - c'est à dire englobant l'infrastructure IaaS (Infrastructure-as-a-Service), la plateforme et les logiciels - Oracle ne fait rien d'autre qu'imiter SAP. Mais comme sur des choix aussi stratégiques que la base de données, l'ERP, le CRM et la BI, la prise de décision est longue, elle peut de révéler disruptive, mais les déploiements sont rapides, Oracle a tout intérêt à investir ou continuer d'occuper le terrain rapidement. Surtout qu'en évoquant la notion de plateforme, Amazon AWS et le cloud hybride ne sont jamais bien loin...