Si l’enthousiasme et les attentes de l’IA sont plutôt positifs, les études soulignent le besoin urgent de développement des compétences, pour profiter des opportunités, mais aussi pour relever les défis et les responsabilités qui accompagnent l’intégration de l’IA dans le monde du travail.

L’intelligence artificielle s’impose aujourd’hui comme une force motrice incontournable dans le paysage des entreprises modernes, ouvrant la voie à des transformations profondes des processus et dans les modes de travail. Cependant, malgré les promesses et le potentiel de cette technologie, son adoption soulève de nombreuses questions et appréhensions, en particulier chez les dirigeants et les employés qui se trouvent en première ligne de ces changements majeurs.

La question de l’influence du progrès technique sur l’emploi, les métiers et plus généralement sur les moyens d’existence, accompagne le développement économique depuis plusieurs siècles. Chaque révolution industrielle a entraîné son lot de questionnements face au changement pour une partie de la population. Mais si l’on examine les sauts quantiques des révolutions durant l’histoire, ils ne font pas disparaître les métiers, mais provoquent plutôt une mutation de ces métiers. Par exemple, la révolution industrielle n’a pas fait disparaître certains métiers, elle les a transformés, les a mécanisés. Durant ce processus, les métiers manuels ont bénéficié d’une évolution vers plus de confort de travail et de sécurité, car ils devaient fournir moins d’efforts physiques.  

Si les employés sont plutôt positifs…

Alors que la révolution industrielle avait apporté la force et l’ingéniosité mécanique aux travailleurs, la révolution numérique leur apporte l’intelligence algorithmique, la capacité d’inférence. D’où une appréhension, parfois exagérée, qui ne reflète pas le rôle de l’IA dans l’évolution du travail et des compétences des travailleurs. C’est dans ce contexte dynamique et parfois complexe qu’Avanade a mené une étude mondiale représentative, car interrogeant plus de 3 000 chefs d’entreprise et responsables informatiques. L’objectif est de mieux comprendre l’impact réel de l’IA sur les emplois, de mesurer le degré de préparation des entreprises et de saisir les perceptions et les attentes des employés.

L’étude montre une attitude majoritairement positive et enthousiaste des employés envers l’IA, à tous les niveaux professionnels. Ils perçoivent cette technologie comme un catalyseur d’efficacité, d’innovation et de créativité dans leurs tâches quotidiennes. Selon l’étude, ils sont 68 % à penser que l’IA maintiendra ou augmentera les effectifs au sein de leurs entreprises, avec une augmentation des effectifs pouvant aller jusqu’à 9 % d’ici à la fin de 2024. Une écrasante majorité de 93 % pense que leur entreprise doit adopter un modèle basé sur l’IA dans les 12 prochains mois pour rester compétitive, et 81 % prédisent que les outils d’IA générative représenteront jusqu’à 20 heures de leur travail hebdomadaire.  

… les entreprises ne sont pas encore prêtes

La confiance dans la capacité des entreprises et de leurs dirigeants à intégrer l’IA de manière responsable varie grandement selon les secteurs, les pays, et les rôles professionnels. Bien que 94 % des employés soient enthousiastes à l’idée d’augmenter l’utilisation de l’IA, seuls 44 % estiment que leurs entreprises ont mis en place des directives complètes pour une IA responsable. Néanmoins, 92 % des employés ont confiance dans les compétences et les ressources de leurs équipes informatiques pour déployer une IA évolutive.

Bien que les répondants reconnaissent qu’une mise à niveau de ses compétences est nécessaire pour bien appréhender le fonctionnement de l’IA, l’étude démontre que les employés s’attendent à ce que des outils d’IA, tels que Microsoft Copilot pour 365, les rendent plus efficaces et autonomes dans leur travail. Ceci même si 65 % des employés expriment une confiance mitigée quant à l’adéquation des processus de gestion des risques de leur entreprise pour une intégration technique de l’IA générative à l’échelle de l’entreprise.  

Métiers, plutôt parler mutation que disparition

Cependant, l’idée que l’IA va supprimer des emplois est bien ancrée, car la confiance des répondants baisse à 44 % quand il s’agit de la préservation des emplois à mesure que la technologie évolue. C’est ce qui explique que 56 % des répondants reconnaissent qu’ils auront besoin d’acquérir de nouvelles compétences d’ici fin 2024 pour travailler efficacement avec ces outils.

Les outils informatiques subissent déjà une évolution avec l’IA, comme dans la cybersécurité, la surveillance et la remédiation aux problèmes de fonctionnement des applications et des infrastructures, ainsi que les outils de productivité, comme Microsoft 365 avec Copilot. En définitive, la révolution de l’IA, comme la révolution industrielle, ne fait pas disparaître les fonctions, qui sont à l’origine des métiers, mais elle provoque une mutation de ces métiers par la modification des outils de travail. La fonction, elle, reste. Quant aux emplois nouvellement créés, ils vont exiger de nouvelles compétences et nécessiter des investissements importants dans la formation continue et la requalification.