L'abandon du cloud public HP Helion ne changera pas le profil du Cloud Computing et aura peu d'impact sur le business du groupe... à l'exception des rares clients qui l'avaient adopté.

Est-ce un dommage collatéral imputable à la prochaine cession du groupe en deux entités, un repli face à une concurrence rude, ou un constat d'échec de la solution Helion, basée sur OpenStack ? Probablement un peu des trois, HP abandonnera prochainement son cloud public Helion.

L'information nous est parvenue via le New York Times, qui cite les propos de Bill Hilf, le vice-président de la division cloud de HP. Las d'opposer l'achat à la location, l'option du cloud public Helion ne figurera plus au catalogue d'HP, probablement avant la scission qui devrait avoir lieu en novembre prochain.

HP jette l'éponge Helion

La décision d'HP ne fera pas de vague. Le cloud Helion n'en est qu'à ses débuts et demeure encore confidentiel. Sa disparition ne fera pas non plus beaucoup de victimes. Et elle ne changera pas la donne du marché, largement dominé par Amazon WS, Microsoft Azure, IBM Softlayer et Google.

Elle n'affectera pas non plus les résultats d'HP, qui continue de se concentrer sur les infrastructures, en particulier de cloud privé, avec la possibilité de déborder sur le cloud hybride. Simplement ce dernier ne disposera plus de l'option Helion. En revanche, HP continuera d'être l'un des grands équipementiers d'infrastructure des opérateurs de cloud public, en particulier Microsoft et Rackspace.

La concurrence est rude sur le marché du cloud public, et HP fait le choix stratégique de jeter l'éponge… Sans grand regret ! En 2014, le Gartner, qui avait vu juste, classait le cloud Helion, présenté comme « le plus grand des clouds publics OpenStack au monde », parmi les acteurs de niche de son Magic Quadrant IaaS (Infrastructure-as-a-Service).

Le choix de l' « engineered systems » cher à Oracle

Une autre stratégie a probablement pesé dans la balance, celle des opérateurs de cloud public qui, à la suite de Facebook qui est à l'origine du projet, privilégient les boites blanches ODM (Open Compute Project), un design de serveur en mode open source. Ce projet séduit car il permet d'optimiser les infrastructures cloud autour de standards technologiques adaptés, mais aussi parce qu'il permet de réduire encore plus le prix du serveur.

Si Intel s'adapte à ODM – le géant y trouve une nouvelle voie pour vendre ses processeurs, donc tout va bien pour lui ! - un constructeur comme HP éprouve des difficultés à s'y faire une place tant les marges sont réduites. La marge, encore un mot qui a dû peser dans la balance… Alors HP rejoint la ligne conductrice déjà proposée par Oracle, l'engineered systems, mariage de raison du matériel et du logiciel, qui offre l'avantage de proposer un fort taux d'intégration avec une amplitude suffisante pour conserver une marge supérieure à celle du seul matériel.

Une alerte pour Meg Whitman

On peut également considérer l'arrêt du cloud HP Helion comme un coup de semonce porté à la patronne du groupe. Cette qui occupe actuellement le poste de CEO de HP prendra en novembre prochain la tête de HP Enterprise, la nouvelle compagnie issue de la scission, en charge de l'équipement des datacenters. Les PC et les imprimantes seront réunies dans l'entité HP Inc., qui sera présidée par Dion Weisler.

L'arrêt de Helion se présente donc comme un message fort donné au marché, et imposé à sa présidente : le coeur de l'activité entreprise d'HP carbure aux serveurs, au stockage et aux réseaux. Et un second message donné à ses clients : vous voulez aller dans le cloud, construisez-le, plutôt que d'aller sur AWS, nous avons les outils qui vont bien !