Les représentants des entreprises utilisatrices et des fournisseurs de services cloud dénoncent les abus des éditeurs de logiciels et proposent une charte de bonnes pratiques en dix points. Ils veulent des licences plus claires et moins contraignantes pour la mobilité des entreprises dans leurs choix.

Au cours des dernières années, le modèle commercial des licences de logiciels basé sur l’abonnement a connu un essor généralisé. Les éditeurs ont déployé des arguments convaincants en faveur de ce modèle, comme la facilité de déploiement, d’administration et de provisionnement, via des accès web universels. Le fait de bénéficier de mises à jour et de correctifs automatiques, ainsi que la capacité de collaboration et de partage offerts par ce modèle en ligne. Mais parmi tous ces arguments, celui du prix bas de l’abonnement et de la maîtrise des coûts est celui qui a le plus convaincu. 

Toutefois, le modèle de la redevance régulière, malgré tous ses avantages, fait l’objet de pratiques abusives, selon le Cigref et CISPE qui viennent de publier une charte de dix principes pour l’octroi de licences logicielles équitables pour les utilisateurs du cloud. En effet, sous le haut patronage de Cédric O, secrétaire d’État chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques, le Cigref, association de grandes entreprises et organisations publiques utilisatrices de services numériques, annonce « une initiative qui s’inscrit dans le contexte de mobilisation grandissante des entreprises européennes pour réduire les pratiques déloyales de certains éditeurs logiciels ».

Une longue litanie de griefs

Ces principes ont été développés avec CISPE, l’association représentant les fournisseurs d’infrastructure cloud en Europe, et portent sur des pratiques identifiées par les deux associations comme étant néfastes à la transformation numérique d’organisations de toutes tailles alors qu’elles migrent vers le cloud.« Les membres du Cigref décrivent régulièrement, dans nos groupes de travail, comment des conditions de licences qu’ils jugent abusives ont un effet délétère sur leurs opportunités business, leur croissance, et leur agilité », a commenté Philippe Rouaud, DSI de France Télévisions, Administrateur du Cigref et Président de son Club des Relations fournisseurs.

Les entreprises utilisatrices et fournisseurs de services cloud représentés par cette association Cigref/CISPE « demandent que ces principes soient pris en considération dans les obligations des contrôleurs d’accès dans la proposition de législation européenne sur les marchés numériques ».D’après le site créé pour la circonstance, « certains éditeurs historiques imposent des conditions de licences logicielles abusives qui restreignent les choix et la transformation des entreprises qui adoptent le cloud ». Voici les griefs exprimés à l’encontre de ces pratiques abusives :

  • certaines licences interdisent d’exécuter ses logiciels sur du matériel qui n’est pas entièrement dédié au client, ce qui réduit à néant la valeur du cloud « virtualisé »,
  • certains éditeurs de logiciels ont des contrats rigides et opaques et soumettent leurs clients à des audits hostiles lorsque ceux-ci migrent vers le cloud,
  • les coûts augmentent de 150 % juste pour exécuter des licences sur le cloud d’un fournisseur autre que celui de l’éditeur auprès duquel le logiciel a été précédemment acheté,
  • en contrôlant les logiciels d’annuaire, les fournisseurs de logiciel historiques verrouillent les entreprises dans leur écosystème et limitent leurs choix,
  • les entreprises se voient infliger des frais imprévisibles et injustes du fait de licences trop complexes et difficiles à comprendre,
  • la migration d’un logiciel sur site vers un logiciel en tant que service sur le cloud est un choix économique judicieux. Pourtant, certains éditeurs rendent cette migration extrêmement onéreuse lorsqu’il s’agit d’exécuter leurs logiciels sur des clouds concurrents,
  • pour les utilisateurs professionnels, les barrières techniques et financières imposées par certains éditeurs de logiciel historiques limitent les choix de clouds disponibles.

« Il devrait être facile et clair de comprendre ce que vous pouvez faire, ou pas, avec le logiciel que vous avez payé ! », s’exclament les représentants des entreprises utilisatrices et fournisseurs de services cloud sur le site FaireSoftware.cloud.