L’étude mondiale Global Talent Trends 2024 de Mercer, acteur, notamment, de la gestion des talents, montre un fossé entre les projections optimistes des dirigeants à s’adapter à l’intelligence artificielle et les doutes de la DRH. L’accélération numérique, qui intègre de plus en plus l'IA fait partie de la stratégie de 46 % des employeurs.

Les études, analyse et rapports se succèdent sur l’impact de l’IA dans les organisations de travail mais se recoupent sur un constat partagé : l’optimisme à ce sujet est plus le fait des employeurs que des salariés et des responsables métiers. Une enquête de Zoom Video Communications affirmait que 82 % des dirigeants étaient enthousiastes à l’égard de l’IA contre 57 % des employés.

La montée en charge rapide de l’IA générative, est synonyme de gains de productivité mais il reste à évaluer sérieusement son impact au plan organisationnel. Au plan mondial, 40 % des cadres dirigeants évalueraient les gains de l’IA générative à plus de 30 % mais il ne s’agit que d’une estimation. Noter que cette montée en puissance préoccupe les dirigeants sur leurs capacités à former leurs salariés à l’usage de l’IA avec 3 sur 5 (58 %) des responsables qui estiment qu’ils sont rattrapés voire dépassés par les progrès de cette technologie.

Les doutes de la direction et de la DRH sur les capacités des équipes à s’adapter à l’intelligence artificielle semblent établis. Près de 75 % des dirigeants se posent des questions sur la faculté de leurs équipes à s’adapter à l’IA et moins d'un tiers (28 %) des DRH sont confiants dans leur aptitude à mettre en place une collaboration réussie entre l'humain et l’IA.

Dans l’enquête de Mercer, l’influence de l’inflation, devises et capitaux sur la stratégie à trois ans des chefs d’entreprise, figure en tête de leurs préoccupations avec 52 % des répondants contre 31 % en 2022. Loin devant le risque cyber qui ne figure qu’en 7ème position avec 29 % des réponses alors que ce critère était au tout début
de la liste en 2022.

Des solutions numériques qui doivent répondre aux besoins réels

Un des aspects intéressants de l’étude concerne les modèles d’actions mis en œuvre par les grandes entreprises pour optimiser l'expérience utilisateur des salariés. Pour 36 % des responsables, cela passe par l’organisation d’ateliers de conception EX sur l’expérience utilisateur des salariés. D’autre part, par la mise en place d’un modèle d’écoute et de retour d’information avec les intéressés (47 % des réponses). L’investissement dans des portails salariés et/ou des chatbots concerne 30 % du panel. Un élément de l’étude de Mercer montre l’ampleur des incertitudes sur le ROI, 60 % d'entre elles craignant de ne pas pouvoir garantir le retour sur investissement sur l’IA.

Il est impératif de définir clairement les réels besoins et les spécifications indispensables afin d'éviter de dépenser trop pour des capacités prometteuses mais non utilisées.

L’idéal serait de favoriser le partage d’idées novatrices des équipes et la remontée des remarques des salariés dans le domaine de l’IA par le biais de cercles d'apprentissage. Mais il y a loin de la coupe aux lèvres dans ce domaine technologique comme dans les autres.

"La question essentielle qui se pose aux dirigeants est la suivante : ces entreprises permettraient-elles que les métiers essentiels soient gérés par des tiers inconnus ?" constate David Emm, chercheur principal de Kaspersky.

Au final, les salariés peuvent-ils mieux vivre le travail grâce à l’IA ? Vaste question.