Une DSI performante n’est pas une DSI qui respecte ses engagements, mais une DSI qui satisfait ses clients. Quitte pour cela à faire moins pour faire mieux. Bien que les entreprises doivent s’adapter sans cesse à leur environnement en mouvement, il est raisonnable d’estimer que la course à « l’informatisation » des processus métiers de l’entreprise s’est ralentie au point que la tendance les mène à repenser l’existant pour « penser le numérique ». En parallèle, les différentes études sur les enjeux des DSI montrent que la recherche de performance, de sécurité, de réduction des coûts et de mobilité sont jugées plus prioritaires que le renouvellement du SI « cœur de métier ». Face à ce constat fort compréhensible en ces temps de crise, quelle attitude la DSI doit-elle adopter ? Proposer plus ? Etre innovante ? Faire plus de projets ? Et si pour une fois, la posture principale de la DSI était d’en faire moins…
  • Moins de fonctions (superflues)
Est-il indispensable d’avoir WordArt pour faire du traitement de texte ? Quel pourcentage des fonctions mises à disposition est réellement utilisé. Les tâches les plus complexes de l’entreprise étaient réalisées (et correctement) par un collaborateur avant que la DSI ne lui promette une application. Ne pas lui rendre disponible cette fonction dans le futur super logiciel lui demandera de temps en temps de reprendre le papier et le crayon. Il pourra ainsi travailler au lieu d’attendre l’application miracle !
  • Moins de projets et de petites évolutions du SI
Elles mettent en risque la stabilité des systèmes et donc le travail des utilisateurs. Il est vrai que les méthodes agiles et l’intégration continue permettent de limiter les risques techniques. Mais tous les métiers de l’entreprise sont-ils régis par le Time-to-Market ? Est-il nécessaire de faire des changements au quotidien ?
  • Moins d’infrastructures dite « au cas où »
« J’achète une baie de stockage plus grosse, nous serons tranquille pendant 3 ans ». Qui est capable, dans les DSI d’aujourd’hui, de prédire l’avenir des volumes de données à 3 ans ?
  • Moins de disponibilité non demandée par les utilisateurs
Acheter une disponibilité de 99,9% pour un progiciel de comptabilité est-il utile ? Quels efforts contractuels, techniques et de support l’entreprise doit faire pour avoir un tel niveau de service ? Que valent les10 heures d’indisponibilité potentielle par an au regard des pertes de temps les plus courantes : lourdeur administrative, rangement, multiplicité des interlocuteurs ?

Penser le 'juste nécessaire'

Vous l’aurez compris, la DSI en temps de crise devrait penser à faire « le juste nécessaire », notamment décrit par la méthode APTE d’analyse de la valeur. Faire le juste nécessaire, c’est donc se concentrer sur les fonctions utilisables et sur les usages de ces fonctions. Faire moins, faire au juste nécessaire permet, non pas de se tourner les pouces, mais de pouvoir s’organiser pour faire mieux, et aller au bout de chacune des étapes permettant la création de valeur par le système d’information. - Assurer que le portefeuille de projets contient réellement des projets arbitrés « A ne pas faire » après une analyse d’opportunité. - Valider, dès la conception, l’usage du service/application dans le contexte du travail quotidien de l’utilisateur et dépasser le détail des fonctions et des règles de gestion. - Décliner dans la planification les priorités réelles des fonctions à mettre à disposition, ainsi donner un calendrier clair des améliorations. - Tester complètement les fonctions permettant de répondre aux attentes « primaires ». Attendre que toutes les fonctions soient développées pour faire une recette, ne génère que frustration et impatience. - Accompagner individuellement les utilisateurs au moment de la mise en exploitation pour assurer une utilisation efficace du SI. Est-il utile de rappeler que la valeur du SI n’est pas stockée sur des serveurs ou dans des lignes de codes, mais dans la qualité de l’usage qui en est fait ?

La DSI performante

J’entends déjà les remarques et je vois déjà fleurir les commentaires du type : « mais nous n’avons pas le choix, nous devons répondre aux demandes des métiers », etc. A l’inverse certains diront de faire comme Antigone et de dire « non, un DSI courageux doit savoir dire STOP, ce n’est pas possible ». L’objet de cet article n’est pas de vous apprendre à dire « Je ne fais pas votre projet ! » mais de mettre la DSI en position de « créateur de valeur » par l’amélioration de la qualité des réponses aux besoins. Prendre le temps de faire une analyse du besoin par l’usage est le meilleur moyen de satisfaire ses clients et utilisateurs. D’ailleurs, malgré les agendas débordés des membres de la DSI, les métiers continuent d’acheter de l’IT sans passer par la DSI (Shadow IT, SaaS…). Faire toujours plus n’apparaît de toute façon pas très efficace ! Une DSI performante n’est pas une DSI qui respecte ses engagements (promesses, schéma directeur, SLA, contrats, …), mais une DSI qui satisfait ses clients. Au sein d’une même entreprise, expliquer ses propres limites n’est pas se déresponsabiliser. Faire le pari de la transparence est un premier pas vers la confiance. Cela est également valable dans la relation DSI-Métier…