Est-ce la fin des DSI ? Ma réponse est non. En revanche la fonction évolue fortement.

Le "directeur des systèmes d’information" existera-t-il encore demain ?

Non seulement il existera encore, mais il sera plus fort. Pour résumer, le DSI doit devenir un chef d’orchestre alors qu’il était jusqu’à présent un instrumentiste. Pour mesurer l’importance de son rôle, il sera important pour lui d’être au plus près de la direction, par exemple en intégrant le comité exécutif ou son équivalent. C’est un critère important, notamment parce qu’il permet au DSI d’ « éduquer » les dirigeants de l’entreprise dans le domaine du numérique, mais ce n’est pas le seul. Par ailleurs, un DSI ne « pèse » plus le nombre de personnes qu’il dirige. Comme un nombre croissant de DSI, je travaille désormais essentiellement en mode projet et le nombre de personnes qui sont mobilisées varie : un projet purement européen n’a évidemment pas la même ampleur qu’un programme mondial qui concerne 120 sites dans 60 pays et 13.000 utilisateurs. Autre point important : le DSI doit accepter le fait de ne pas être systématiquement le maître d’œuvre des projets numériques. C’est souvent lui, mais cela peut être une direction métier, la DAF, la DRH ou le marketing : il est alors simplement contributeur mais ce n’est pas dévalorisant.

Cela représente beaucoup de changement. Les DSI sont-ils en mesure d’intégrer de telles évolutions ?

Il faut en finir avec ce cliché du « DSI qui ne sait pas évoluer ». Au cours des dernières décennies, c’est certainement la fonction qui a connu le plus d’évolutions dans les entreprises : rappelons que le DSI a dû passer du mainframe aux mini-ordinateurs, des mini aux micro-ordinateurs, puis au cloud et au big data.

Faut-il changer le nom « DSI » ?

L’appellation va sans doute évoluer, mais c’est anecdotique. Ne pensons pas que le véritable enjeu de cette mutation concerne uniquement les DSI : c’est l’entreprise toute entière qui se transforme, avec des impératifs qui sont finalement comparables. Le travail de production sur le cœur de métier est une condition nécessaire, mais plus suffisante.

Quel domaine permet au DSI de se mettre le plus en valeur ?

Je suis convaincu que c’est le big data. Là, il ne s’agit pas uniquement de maîtriser les technologies mais de gérer les données suffisamment intelligemment pour les « faire parler ». Une des principales vertus du big data est de permettre l’émergence de questions que l’on ne se posait pas auparavant. Cela crée de nouvelles opportunités de développement pour l’entreprise et c’est un formidable levier pour le renouveau de la fonction de DSI. Avec le big data, le DSI retrouve cette valeur ajoutée qui consiste à rendre simple ce qui paraît extrêmement complexe, comme il l’a fait aux débuts de la montée en puissance de l’informatique dans les entreprises. Comme chacun le sait, plus c’est simple devant, plus c’est compliqué derrière…