La réalité de l’écosystème de ces jeunes pousses est loin d’être idyllique. Après un début d’année dynamique pour le secteur dans un périmètre analysé plus large que le seul domaine du numérique, Numeum observe un changement notable en avril, avec une chute du nombre d’emplois crées et une hausse des licenciements. Beaucoup de médias et experts de ce secteur d’activité tiraient la sonnette d’alarme depuis des années, notamment en questionnant le modèle des licornes, ces entreprises valorisées à plus de
1 milliard d’euros. Une étude universitaire concernant les levées de fonds par les startups les plus médiatisées pointait le fait que celles qui créent de l’emploi ne constituent que
2,67 % de l'ensemble des postes créés par des startups. Un comble.
Des indicateurs pertinents, tels ceux de l’étude de 2021 CB Insights qui portait sur 110 start-up en échec, montraient qu’elles créaient des produits et services pour des marchés limités ou inexistants. Par exemple, beaucoup de créateurs de startups ne savent pas fixer un prix juste, un élément pourtant central dans la politique commerciale d’une entreprise. Pour les spécialistes de ce secteur, ces petites entreprises seraient surtout des « brûleuses de cash », selon l’expression consacrée, sans résultats tangibles.
La lecture du baromètre mensuel de l’emploi dans les startup de la French Tech publié par Numeum est instructive. Les tendances pour le mois d’avril 2023 ne sont pas bonnes. Le dynamisme de début d’année s’essouffle très fortement et entame une nette décroissance, les startups françaises ayant supprimé plus de 3 600 emplois en avril 2023 pour un montant total de 274.000 emplois. Un mouvement qui s’étend à l’ensemble du territoire métropolitain et particulièrement à la région Île-de-France, qui représente plus de 60 % des emplois supprimés.
Trois raisons principales à une situation préoccupante
La détérioration concerne l’ensemble des secteurs d’activités, dont la GreenTech, constant leader depuis bientôt 18 mois. Les services IT, le martech (outils d’automatisation de la communication), la fintech, la healthtech (santé) et les HRtech (Ressources Humaines & Technologie) sont les secteurs observant la plus forte baisse sur un an.Numeum émet trois hypothèses expliquant la dégradation de ce marché de l’emploi. D’abord, le ralentissement du financement des startups depuis le second semestre 2022.
Ensuite, et ce n’est pas une surprise, les consignes des fonds d’investissement placent désormais la rentabilité avant la croissance de leurs participations. Une réaction logique face aux échecs répétés des startups quand on sait qu’au moins 80 % de ces microentreprises ne dépassent pas le seuil de 5 ans d’existence, selon diverses sources dont Rainmakers & Partners.
Enfin, l’inflation actuelle exerce une pression sur les prix, empêchant les startup de répercuter sur leurs tarifs la hausse des salaires et des coûts de fonctionnement (hébergement, électricité, etc.). Un retour à la réalité qui devrait, en principe, apporter des enseignements mais ce n’est pas certain.