Google, IBM, Salesforce, SAP et autres géants de tech sifflent la fin de la partie et exigent un retour significatif au travail en présentiel, sanctions à l’appui. Une injonction qui percute frontalement un acquis pour les salariés. Cette incitation au retour au bureau concerne davantage l’Europe que les Etats-Unis.

Perte de confiance entre salariés qui ne se connaissent plus, manque de créativité du fait de la difficulté à débattre en ligne, etc. ces déclarations mentionnées par Business Insider d’Eric Yuan Président et fondateur de Zoom, outil emblématique de la vidéoconférence, ont de quoi surprendre. Mais elles corroborent des décisions majeures comme celle de l’éditeur d’ERP SAP qui a ordonné à ses salariés de retourner au bureau ou chez les clients en janvier 2024. La réplique des collaborateurs ne s’est pas fait attendre avec une pétition de 5 000 signataires qui menacent de quitter l’entreprise allemande. Autre exemple explicite, la menace de Google envers ses salariés et envisageait en juin 2023 de sévir contre les employés qui ne seraient pas régulièrement présents au bureau.

C’est un fait, le télétravail suscite de fortes divergences entre employeurs et employés. Ainsi, une étude de Slack, montrait fin 2023 que 71 % des entreprises ont imposé des jours de présence obligatoires à respecter alors que 62 % des travailleurs du savoir souhaitent travailler à distance au moins la moitié de la semaine. L’écart de tendance entre les pays anglophones (USA, Canada, Royaume-Uni, Australie) et l’Europe sur le télétravail est explicite. Le télétravail est pratiqué en moyenne 1,4 jour par semaine par les nations anglophones et de 0,8 jour par semaine pour l’Europe selon l’Institut de recherche indépendant CESifo. Pour autant, pour ce même institut, les salariés estiment que la vie au bureau est un facteur de socialisation (62 %) et enrichit le travail collaboratif (54 %). Le cabinet de recrutement Hays indique même que 34 % des postulants déclarent qu’ils démissionneraient si leur entreprise imposait le télétravail.

Un acquis difficile à mettre en cause par les entreprises

Quoiqu’il en soit, le mode de travail hybride qui évite, notamment, des pertes de temps dans les transports et autonomise les salariés est entré dans les habitudes et sa remise en cause par les employeurs risque de faire grincer des dents. Selon le site d'emploi FlexJobs, l'IT est le secteur où l'on trouve le plus de postes de travail hybride et il se retrouve donc au cœur des divergences entre les parties concernées. D’après un document d’analyse de Gartner, 43 % des employés du secteur IT peuvent travailler en « full remote » c’est à dire entièrement à distance.

Dans tous les cas, le retour au bureau ne saurait contourner le questionnement autour de l’utilité des réunions en présentiel ou en ligne. Une étude sur le travail hybride de 2023 menée par YouGov montrait leur stigmatisation par les salariés français qui disaient pour 86 % d’entre eux, être confrontés à des réunions sans intérêt.

Une enquête d’Envoy indiquait en 2023 que l’obligation par les employeurs de retour au bureau au moins 3 jours par semaine, sans l’accord des salariés, se heurtaient à de sérieuses difficultés.

Nul doute qu’il faudra trouver un compromis entre les parties prenantes car les sanctions des employeurs pourraient avoir un effet contre-productif sur la productivité des salariés dans le secteur IT soumis à une pénurie de compétences.