Après des années d'errances, de disette, et d'erreurs, les usages collaboratifs reviennent sur le devant de la scène. Démonstration avec le succès inattendu du salon IC&R.
La 11ème édition du salon IC&R - Intranet, collaboratif et RSE – affiche un incroyable succès. Quasi boudé depuis plusieurs années, ce sympathique salon affiche un inattendu retour de sa fréquentation. De mémoire de visiteur régulier, cela faisait des années en effet que l'on ne se bousculait plus pour assister aux tables rondes, dans les allées, et sur les stands des visiteurs !
Mais voilà que les conférences débordent de visiteurs, et les exposants ne discutent plus entre eux, affairés qu'ils sont avec leurs prospects. Associé au retour des grands acteurs du marché, comme IBM, et à la multiplication des nouveaux exposants, dont des start-ups aux projets originaux, ce retour de fréquentation du salon, mais également des salons RH et eLearning, est un signe fort donné au marché.
Pourtant, ils ont bien mal démarrés, avec les attentats de Bruxelles, qui ont entrainé bon nombre de désistements. tout d'abord, et avec les contrôles aux entrées qui allongent les files d'attente, bien acceptées cependant. Malgré cela, c'est à un public intéressé que nous avons été confrontés.
La fin des erreurs des premiers temps
Rappelons-nous, il y a encore 4 ans s'affichaient des projets d'intranets énormes, aux ambitions démesurées, portés par les grandes entreprises françaises. Un an plus tard, profil bas, les grands projets ont en parti disparus, leur échec était resque palpable ! Et les éditeurs tentaient de séduire les PME, tout en conservant le même discours et les mêmes produits, un bémol dont certains n'ont enore réussi à se débarasser.
Il y a deux ans, c'est l'échec des grands projets qui planait sur les conférenciers. Deux raisons à cela: les projets se sont construits à partir des solutions, d'aucun imaginant qu'il suffisait d'acquérir (cher !) une licence pour lancer un projet. C'était mettre la charrue avant les bœufs, et oublier les usages et les utilisateurs. Seconde raison, l'absence d'accompagnement et de conduite du changement, une ligne si facile à minimiser sur un cahier des charges et à biffer sur un bon de commande.
L'année 2014 marquait en revanche l'arrivée massive, déjà entamée l'année précédante, des solutions collaboratives dans le cloud. Certainement trop tôt pour le marché français, ou alors à réserver au PME, histoire de commencer à satisfaire leur appétit dénué de moyens. Mais ce sont bien les grandes organisations qui ont été les premières à prendre le train du nuage en marche.
L'an passé, c'est le Digital Workplace qui a tenu le haut du pavé. L'intranet n'a pas bonne presse, suite à ses échecs, mais s'impose en incontournable pour partager. La transformation digitale s'initie et impose de prendre en compte les applications existantes, il faut donc une plateforme pour mettre tout cela en musique. Sans doute encore mal maitrisé, le concept ferait presque figure d'usine à gaz. Quant aux API, tout juste prononce-t-on ce nom qui par trop appartient au langage des DSI, bannis du mouvement vers le collaboratif (ils n'avaient qu'à montrer qu'ils sont caables d'accélére, aussi !).
Vers la maturité des projets collaboratifs
Comment pourrions nous qualifier l'année 2016 ? Celle du retour de l'intranet ? La fréquentation exceptionnelle des conférences qui lui sont liées tendrait à le prouver. La refonte des intranets est lancée, voire la refonte totale (oublions les précédantes expériences et lançons les nouveaux projets à partir d'une page blanche) et c'est forts de leurs erreurs passées que les entreprises se lancent de nouveau dans les projets collaboratifs.
Que s'est-il donc passé ? Certes, après des années de disette, de réduction voire de report des investissements, les organisations éprouvent le besoin d'investir, et de rattraper leur retard, face à des concurrents de dimension internationale qui ne les ont pas attendues.
Mais c'est plutôt dans un autre domaine, celui de la transformation digitale, qu'il faut chercher l'origine de ce succès. Et dans la maturité des acteurs du marché, des éditeurs aux consultants et aux intégrateurs. Terminé les discours éloquents, les démonstrations alambiquées, l'assurance prétentieuse de certains éditeurs, qui se reconnaitront.
Pragmatisme peine à rimer avec démocratisation
Le discours est aujourd'hui au pragmatisme, à défaut de réelle maturité, et surtout bœuf et charrue ont enfin trouvé leur place. La maturité est plutôt dans les supports, les infrastructures, les solutions, avec le cloud qui s'impose. Egalement dans une certain uniformisation de ces solutions, qui toutes proposent quasi les mêmes fonctionnalités de base. Et dans l'intégration avec la connexions avec les solutions de l'entreprise, en particulier le CRM et le SIRH. Mais surtout dans les méthodes, qui enfin donnent la priorité aux usages pour commencer par définir une stratégie de collaboration. Et chacun d'insister sur la conduite du changement, clé du succès des intranets comme des Dgital Workplace, qui ne peut, ne doit plus être le parent pauvre.
Signe des temps, les PME se sont invitées en masse sur le salon IC&R. Ainsi que dans le discours des acteurs du marché, principalement autour d'offres packagées via une sélection des grandes fonctionnalités collaboratives proposées à un prix qui parfois frise les 4 à 5 euros par utilisateur, donc abordable aux PME. Dommage que le discours des éditeurs reste encore marqué par leur approche grands comptes. La maturité n'est pas loin, mais elle est certainement plus proche que la démocratisation du collaboratif. La 12ème édition de IC&R sera très attendue pour venir les confirmer.