Le télétravail devient incontournable, et pourtant, il montre ses limites en matière d’engagement et de créativité des collaborateurs. C’est notamment le cas des ingénieurs, architectes et designers qui peinent dans ce contexte à visualiser un modèle 3D et à tester de nouvelles idées en visioconférence. La réalité mixte vient à leur secours en leur proposant une nouvelle approche des pratiques collaboratives.

Pandémie, visioconférences et “Zoom fatigue”

Le recours au télétravail n’est pas nouveau : pour les raisons sanitaires qu’on connaît, il s’est cependant généralisé depuis 2020, autour d’une multitude d’outils collaboratifs pour réaliser à distance ateliers, réflexions et échanges comme si on n’y était (ou presque).

Force est cependant de constater qu’après des mois d’utilisation intensive des outils de visioconférence, les collaborateurs sont fatigués. S’ils avaient plaisir à allumer leur caméra en début de confinement, ils ont désormais tendance à se cacher pour préserver leur énergie et l’intimité de leur lieu de vie.

Et c’est normal. Les chercheurs en communication et en sciences cognitives étudient depuis longtemps les interactions entre hommes et machines et ont pointé en la matière quelques mécanismes à l’œuvre : absence de langage du corps, impossibilité de regarder son interlocuteur dans les yeux, difficulté à identifier les intentions du visage au vu du nombre d’utilisateurs présents sur un même écran…

Pire encore, le fait de se voir à l’écran perturbe énormément, entre distorsion de l’image de soi et interrogation permanente sur la posture à adopter. Autant dire que l’expérience, bien que pratique pour continuer à collaborer, est globalement inconfortable.

La technologie immersive au service de la collaboration à distance

C’est là où la technologie immersive intervient. Ses branches sont nombreuses : réalité virtuelle (VR), réalité augmentée (RA), holographie, téléprésence, jumeau numérique, pilotage en immersion de drone… Mais celle qui va particulièrement nous intéresser dans notre contexte, c’est la réalité mixte (RM).

Avec la réalité mixte, il s’agit en effet de superposer un contenu numérique sur le flux vidéo de l’environnement physique. Cette intégration de contenu virtuel permet ainsi à l’utilisateur d’interagir naturellement en acceptant les éléments naturels de l’environnement comme partie du tout.

Ainsi, à coups d’avatars propulsés dans les réunions à distance, les interactions prennent soudain une autre tournure et l’ambiance (presque) réelle d’une salle de réunion est recréée. L’utilisation de la RM est tout particulièrement pertinente à l’occasion des ateliers d’idéation dont il est avéré qu’ils sont théoriquement beaucoup plus efficaces en présentiel. Il est en effet question de “brainstormer”, de “phosphorer” et d’amener les participants à se montrer créatifs et impliqués et donc de faire avancer le processus de réflexion. Pas forcément utile pour échanger sur un ordre du jour, mais extrêmement pertinent lorsqu’il s’agit, par exemple, de manipuler une maquette 3D dans le cadre d’un projet immobilier ou de construction.

Les avatars et les possibilités de partage et de manipulations de contenus associées (post-it, calendrier, page web, modèles 3D) sont ainsi une solution de choix pour qu’une nouvelle dynamique interactive puisse avoir lieu. En jouant le jeu d’être eux-mêmes dans un espace où le réel est transposé dans le virtuel, les collaborateurs se débarrassent de la fatigue associée aux outils de visioconférence et gagnent à la fois en confort et en efficacité.

Réalité mixte et avatars : un meilleur engagement des participants pour un excellent retour sur investissement

Les apports des technologies de réalité mixte sont sans appel : en permettant aux conférences à distance de gagner en réalisme, c’est l’engagement même des participants qui se voit facilité, et donc la performance de la réunion améliorée.

La réalité mixte, avec sa sensation réaliste d’immersion totale et la possibilité de manipuler des objets virtuels, pourrait bien constituer un tournant dans la manière d’appréhender les solutions collaboratives. Avec à la clé, une réduction massive des déplacements professionnels, coûteux et néfastes pour l’environnement, et une amélioration significative de la productivité des entreprises.

Et cerise sur le gâteau : ces technologies ne sont pas plus consommatrices en bande passante que les solutions traditionnelles. On peut définitivement parler d’un excellent retour sur investissement. Les acteurs de la conception 3D auraient vraiment tort de s’en priver.

Par Jean-Luc Josse, Consulting Services Manager AI, data et immersive technology chez Insight