La pandémie a considérablement modifié le paysage de l’emploi qui était déjà sous tension. Dans la double perspective d’attirer, et surtout, de retenir les meilleurs talents, les entreprises n’hésitent pas à augmenter les rémunérations, et prévoient des plans de recrutement renforcés dans l’avenir.

Les crises révèlent le véritable caractère d’une personne, d’une organisation ou d’une société toute entière. Celle de 2020 a mis en évidence des tendances qui étaient déjà à l’œuvre auparavant, mais qui ont pris une importance inopinée à l’aune du confinement. À un point tel que beaucoup de salariés ont changé de travail, de lieu de résidence ou se sont mis à leur compte. La recherche de sens et du bien-être ont pris le dessus sur les ambitions professionnelles.

De fait, et malgré le chômage qui perdure, de nombreux postes à pourvoir ne trouvent pas preneur. Les exigences ont changé et les salariés sont plus regardants sur les aspects éthiques et responsables des entreprises. Dans la tech, cette tendance à la pénurie est aggravée par l’émergence de nouveaux métiers, une concurrence qui crée un appel d’air et aggrave la situation. Les entreprises sont de plus en plus enclines à adopter des programmes d’incitation créatifs pour attirer les talents et réduire la rotation, au premier chef desquels l’inévitable augmentation des salaires.

Une augmentation de 2,6 % des salaires dans la Tech

Dans ces circonstances, l’augmentation des salaires est la mesure la plus immédiate à prendre, et nous en voyons déjà les effets sur l’inflation. D’après le rapport annuel, Salary Budget Planning, publié par Willis Towers Watson, les entreprises du secteur de la Tech prévoient une augmentation des rémunérations de 2,6 % en 2022. Si l’on prend en considération le taux d’inflation, les augmentations salariales moyennes pour 2022 représenteront un gain de pouvoir d’achat de 1,4 point pour les salariés français, avec un taux d’inflation prévisionnel de 1,1 % en 2022.

Selon les secteurs et la gravité de la pénurie, les augmentations varient. En 2022, elles devraient être plus significatives dans les secteurs des médias (3 % en 2022 contre 2,3 % en 2021), des nouvelles technologies (2,6 % en 2022 vs. 2,3 % en 2021) et des fintech (2,6 % en 2022 vs. 1,9 % en 2021). Les salariés des secteurs de l’énergie et des ressources naturelles (2,1 % en 2022 vs. 1,7 % en 2021), de la banque et de l’assurance (2,2 % en 2022 vs. 1,8 % en 2021) et de la distribution (2,3 % en 2022 vs. 2,1 % en 2021) devraient, quant à eux, bénéficier d’augmentations moins significatives.

Des plans de recrutement renforcés

En plus des augmentations de salaire, les entreprises entendent mettre en œuvre des actions différenciantes dans la double perspective d’attirer, et surtout, de retenir les meilleurs talents. Le rapport révèle que les plus performants devraient bénéficier en 2022 d’augmentations salariales 2,5 fois supérieures à la moyenne. Ces talents se voient en moyenne attribuer 20 % de l’enveloppe globale des augmentations salariales tandis qu’ils ne représentent que 10 % des effectifs.

Par ailleurs, les entreprises ragaillardies par la reprise, même progressive, restent optimistes sur l’évolution de la situation économique. Plus de la moitié des répondants français déclarent que leur situation est « meilleure » ou « bien meilleure » que leurs prévisions. Conséquence de cet optimisme ou simple pragmatisme, près du tiers (32 %) des entreprises prévoient un plan de recrutement renforcé dans les 12 prochains mois, tandis que 7 % seulement prévoient de réduire ces efforts. Les fonctions qui concentreront le plus de recrutements sont les fonctions commerciales et de développement (59 %), d’ingénierie (40 %), de techniciens (39 %) et enfin du digital et de l’informatique (35 %).