Accompagnement des équipes, travail collaboratif et transverse, création d’une vision commune, posture entrepreneuriale… le manager de demain devra combiner les qualités humaines et professionnelles pour diriger sans exercer un contrôle dépersonnalisant.
Les entreprises contemporaines sont confrontées à une accélération du changement dans un environnement encore plus incertain qu’avant la pandémie. Elles doivent s’adapter à des technologies qui évoluent de plus en plus vite, aux modifications sociétales et économiques, le tout en étant innovantes, agiles, et performantes pour rester compétitives. La crise sanitaire n’a fait qu’accélérer ces tendances. Après tout, le changement est la seule constante de l’univers, alors autant s’adapter. Par conséquent, les dogmes de gestion du passé sont dépassés. Aidées par des circonstances exceptionnelles, les technologies de la communication et de la collaboration, les qualités requises du manager sont en train d’évoluer.
« Le classique Command & control est bientôt dépassé, vive le Share & develop », c’est le constat dressé par une étude prospective dédiée au manager de demain, et menée par Le Village by CA Paris, l’accélérateur de startups du Crédit Agricole, en partenariat avec Le Lab RH et Startup Inside, membres fondateurs du Collectif Manager Nouvelle Génération. Le Collectif a mené cette étude auprès de 300 contributeurs : collaborateurs (23 %), DRH (23 %), managers (40 %) et étudiants en RH (14 %).
Ainsi, selon les conclusions de l’enquête « le manager va de plus en plus devenir un chef d’orchestre : il sera celui qui donne le tempo et met en place les conditions pour qu’une harmonie soit créée dans l’équipe ». La confiance apparaît comme une condition plus que jamais nécessaire comme ciment de la relation manager/managé. En effet, même si son rôle sera toujours de s’assurer qu’un cadre existe pour faire vivre l’équipe, ce cadre sera plutôt coconstruit avec le reste de l’équipe, qu’imposé unilatéralement.
Évoluer dans un monde hybride
En s’efforçant de créer des équipes agiles et soudées, le manager orchestre l’exécution du travail. La posture du manager sera amenée à évoluer et changera le prisme de la relation. Pour Anne-Catherine Ropers, Global Head of Human Resources chez Crédit Agricole CIB,« le manager de demain évoluera dans ce monde hybride et il va devoir rallier les membres de son équipe à une vision commune. Il valorise la raison d’être de son équipe : le “pourquoi” ils sont ensemble et comment chacun y contribue ». Dès lors, le manager sera plus en soutien qu’en commandeur ou patron de son équipe.
L’injonction de perfection sera dépassée demain, peut-on lire dans le rapport. L’organisation n’attendra plus du manager qu’il mette un masque pour cacher ses émotions ou sa personnalité au travail. « Bien au contraire, il sera attendu du manager qu’il se connaisse bien lui-même. Cette connaissance de soi passe par un travail de fond sur soi, sur l’identification de ses forces et faiblesses, et de son intelligence émotionnelle ». Cécile Jarleton, doctorante au sein du Lab RH, définit l’intelligence émotionnelle comme « les capacités à identifier, exprimer, comprendre, et réguler ses propres émotions ainsi que celles d’autrui ». Ces qualités permettront au manager d’être plus authentique, à la fois envers lui-même et dans ses relations.
Harmoniser les soft & hard skills
Pour Damien Joguet, Senior Partner chez Octo Technology, « il ne faudra plus forcément venir de la filière d’expertise. La connaissance du métier sera toujours importante, mais la priorité sera donnée à des managers qui auront vraiment envie de manager, d’en faire un vrai métier et de se former pour ». Dans un monde en mouvement perpétuel, la durée et la validité des apprentissages sont sans cesse remises en question. Ainsi, beaucoup partagent l’idée que le manager devra « apprendre à désapprendre ».
Pour conserver une longueur d’avance, le manager sera celui qui impulsera une dynamique d’apprentissage continu, tant pour lui que pour son équipe. Cet apprentissage englobera toujours les « hard skills » bien sûr, mais aussi les « soft skills ». Jérémy Lamri, co-fondateur du Lab RH et auteur du livre Les compétences du XXIème siècle, « les compétences qui seront notamment valorisées dans les prochaines années seront : l’esprit critique, la créativité, la communication et la collaboration ».