La pénurie de développeurs est l’un des freins à la transformation numérique. Pour se donner plus de chances et trouver la perle rare, les entreprises assouplissent leurs exigences en acceptant les autodidactes et en généralisant le télétravail.
Depuis que l’IT n’est plus un support mais le cœur même du bon fonctionnement et des affaires des entreprises, le recrutement de spécialistes de l’IT s’est accéléré. Tant et si bien que la demande a largement excédé les capacités de formation. Les compétences informatiques en pénurie comprennent un ensemble de savoir-faire de plus en plus étendus. Elles peuvent inclure des spécialités diverses comme les opérations, les systèmes et la communication, nécessaires pour gérer un SI et des services d’assistance, la programmation dans un nombre étendu de langages, la gestion des données et des applications, et la gestion des projets selon des méthodes telles qu’Agile et DevOps.
Ce ne sont là que quelques fonctions, car selon les entreprises, des compétences spécifiques peuvent être nécessaires, ceci sans parler des connaissances métier qu’il faut avoir. D’après un article du Forum économique mondial datant de mars 2019, la Commission européenne estime qu’il pourrait y avoir jusqu’à 756 000 emplois non pourvus dans le secteur européen des TIC en 2020. Dans un monde digitalisé où les échanges et les affaires des entreprises, donc l’économie, reposent sur des algorithmes, le développeur se place au centre des nouvelles faisabilités novatrices.
Autodidactes acceptés, mais avec expérience attestée
Face à la pénurie, les entreprises adaptent leurs exigences et sont prêtes à des concessions pour enrôler les développeurs. D’après le dernier baromètre 2021 de CodinGame, « Les développeurs et leurs métiers », les pratiques de recrutement de développeurs autodidactes et l’acceptation plus généralisée du télétravail sont les principales tendances sur ce marché de l’emploi. L’étude révèle que les entreprises rechignent de moins en moins à recruter des développeurs autodidactes. Ainsi, 80 % des professionnels RH interrogés déclarent recruter des développeurs qui n’ont pas de formation diplômante. Si 58,8 % des développeurs ont appris à programmer en école ou à l’université, 35 % se considèrent comme autodidactes.
« Le sacro-saint diplôme d’ingénieur ne constitue donc plus le sésame pour démarrer une carrière de développeur », remarquent les rédacteurs du rapport. Cependant, les recruteurs n’ont pas l’intention de faire fi des compétences réelles de ces autodidactes. En l’absence de diplômes, c’est l’expérience du candidat qui fera la différence. Celle-ci sera « la priorité sur laquelle les recruteurs souhaitent se concentrer en 2021 », affirme le rapport.
Un bond dans l’acceptation du télétravail
L’acceptation plus large du télétravail est l’autre tendance observée par l’enquête 2021 de CodinGame. Alors que l’enquête de 2020 montrait que seulement 4 % des entreprises interrogées autorisaient le travail à distance à 100 % l’année dernière, cette année, plus de 48 % des employeurs déclarent proposer du télétravail à temps plein pour les métiers de la Tech. Certes, les confinements ont certainement influencé cette croissance du télétravail, mais l’appétence des développeurs pour le télétravail est bien connue. Ils sont d’ailleurs 86 % à se déclarer très satisfaits de ce mode de travail.
Distanciation oblige, l’enquête révèle aussi que le processus classique de recrutement en présentiel s’est largement dématérialisé pour la quasi-totalité des entreprises. Selon les chiffres cités par le rapport, 52 % des professionnels de la Tech sont recrutés via des procédures qui se déroulent entièrement à distance, entretiens d’embauche inclus.
Les profils DevOps seront les plus recherchés
Les profils DevOps s’étaient classés en troisième position l’année dernière dans le Top 10 CodinGame des métiers de la Tech les plus recherchés. Ils prennent aujourd’hui la tête du classement devant les développeurs Back-End et Full-Stack. Ce sont ceux que les professionnels RH estiment qu’ils auront le plus de difficultés à recruter en 2021.
« Le métier qui souffrait déjà d’un manque de professionnels formés a connu une très forte demande ces derniers mois, estime le rapport. Au cœur du besoin, la conduite de tests logiciels et la supervision des performances des serveurs distants en période de crise sanitaire où la performance des infrastructures web est devenue cruciale ».
JavaScript reste le langage le plus demandé
JavaScript truste la première position des langages de programmation les plus recherchés pour la troisième année consécutive. Fait intéressant, c’est aussi le langage le plus utilisé par les développeurs. Une donnée qui prouve que les professionnels de la Tech savent anticiper la demande du marché.
« La crise sanitaire de 2020 a changé nos modes de travail en profondeur. Le travail à distance est devenu la norme pour les professionnels de la Tech, le coronavirus agissant comme un catalyseur de la dématérialisation des organisations. Notre rapport annuel souligne également que les développeurs accordent de plus en plus d’importance à l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée, et même l’attrait d’un salaire très attractif ne suffit pas à les faire changer d’avis. Les recruteurs du secteur des technologies doivent en tenir compte lors de l’embauche, en répondant aux besoins des professionnels qui souhaitent un environnement de travail plus flexible et plus équilibré », explique Aude Barral, co-fondatrice de CodinGame.