La crise sanitaire a démontré la possibilité du télétravail à grande échelle mais l’enjeu majeur du sens au travail demeure un chantier immense qui doit être pris à bras-le-corps. Notamment, l’autonomie des salariés ou encore l’intégration des freelances. Des questions qui vont au-delà du cadre de l’entreprise. 

Une enquête d’Alliancy en partenariat avec le cabinet Lundano apporte un éclairage qui confirme par les chiffres les transformations dans le monde du travail après la crise du Covid-19. Sans doute cette dernière n’est qu’un révélateur des tendances en cours depuis des années, tant pour les salariés et les freelances que la direction. L‘échantillon de l’étude qui porte sur les données de 2022 est constitué de DSI, DG et Directions Métiers, ainsi que des DRH.

Le bilan de la période post-Covid montre d’abord que cette crise a été globalement bien gérée et que les entreprises ont fait preuve de résilience. Le télétravail a été bien organisé par la plupart des entreprises, soit par 93 % d’entre elles. Parmi les salariés, le chiffre des satisfaits est similaire mais paradoxalement, seuls 23 % affirment que le vécu a été positif pour tous les salariés. Noter cependant que les géants du numérique et d’autres grandes entreprises telles Disney sifflent le retour de leurs effectifs pour le travail en présentiel. L’hybridation télétravail-présentiel est aujourd’hui la norme au point que les deux-tiers des travailleurs dans le monde préféreraient changer de travail plutôt que de retourner au statut d’avant Covid.

A toute rupture majeure son lot d’effets négatifs. Une entreprise est - ou devrait - être un collectif mais le télétravail a écorné l’esprit d’équipe et le sentiment d’appartenance à son organisation de travail en a souffert.

L’épineuse question du sens du travail appelle à une profonde réflexion collective

Ce concept flou se traduit en partie par la démotivation voire la démission des salariés. Parmi les actions engagées ou à venir, l’étude indique qu’au-delà de l’hybridation, 52 % des entreprises ont initié une réflexion sur le futur du travail mais seule une sur cinq (22 %) a mis en place des mesures concrètes. Dans près des deux-tiers des cas (30 %), la DRH a entamé des consultations et doit proposer un projet au Comex dans les prochains mois.

D’autres pistes sont envisagées par les répondants et notamment une solution concrète peu débattue jusqu’ici, l’intégration de freelances et des collaborateurs extérieurs (36 %). D’autres actions plus précises on été appliquées comme le partage des locaux (34 %), les règles d’usage des réunions hybrides (33 %), la prise en charge des nouveaux entrants
(30 %) ou encore la numérisation du poste de travail (Digital Workplace) pour 30 % des répondants.

Un chiffre interpelle, seuls 32 % des dirigeants sont attentif aux indicateurs qui concernent l’aspect humain humains contre 72 % des responsables métiers. Il est vrai que peu de dirigeants s’interrogent sur le partage de la valeur ajoutée. Un décalage qui montre que la direction générale doit s’impliquer davantage pour s’adapter et préparer le futur du travail.

La DRH qui devrait être au cœur de cette transformation, ne peut la porter à elle seule. Par manque de temps, la gestion au quotidien, le problème difficile du recrutement des profils qualifiés, etc. Encore faudrait-il qu’elle en ait le désir ou la latitude, pour s’impliquer réellement. L’évolution en cours devrait se poursuivre et conduire à des organisations de travail bien différentes de celles que nous avons connu jusqu’ici.