Les réseaux traditionnels sont souvent gérés manuellement, appareil par appareil, via des interfaces utilisateur complexes. Cette gestion segmentée entraîne des difficultés et augmente le risque d’erreurs humaines, de comportements réseau indésirables et des difficultés de mise à l’échelle. De plus, chaque modification, même mineure, peut entraîner des conséquences disproportionnées, rendant les réseaux instables et difficilement adaptables aux besoins changeants des applications.
Suivant la logique du concept « everythingiscode », tant l’algorithmie est à la base de la civilisation moderne, les réseaux informatiques n’ont pas échappé aux efforts d’intégration et de rationalisation par les fournisseurs technologiques. L’administration et la gouvernance des réseaux ont de tout temps été des défis pour les entreprises. Au fil des ans, plusieurs tentatives technologiques ont été faites pour améliorer l’intégration et la gestion des réseaux. L’émergence des réseaux locaux virtuels (VLAN) a permis de segmenter ceux-ci en sous-réseaux logiques, améliorant la sécurité et la gestion du trafic. Cependant, la configuration manuelle des VLAN était complexe et fastidieuse.
Brève histoire de la gouvernance des réseaux
Dans les années 2000, la virtualisation des serveurs a permis de consolider les charges de travail sur un nombre réduit de serveurs physiques, améliorant ainsi l’utilisation des ressources et réduisant les coûts. En 2011, le SDN (Software Defined Network) a été introduit pour séparer le plan de contrôle du plan de données dans les réseaux, permettant ainsi une gestion centralisée et programmable des réseaux. Le SDN a ensuite été prolongé au réseau étendu (WAN) sous le nom de SD-WAN, permettant une gestion centralisée et automatisée des réseaux WAN. Enfin, l’hyperconvergence a émergé pour intégrer les fonctions de stockage, de calcul et de réseau dans une seule infrastructure virtualisée, afin de simplifier la gestion des infrastructures informatiques.Ces tentatives technologiques ont toutes contribué à améliorer l’intégration et la gestion des réseaux, mais elles ont également introduit de nouveaux défis en termes de complexité et de sécurité. C’est ce qui a donné naissance au concept de NetDevOps pour adresser ces défis en appliquant les principes DevOps aux réseaux informatiques. Ces principes, tels que l’automatisation, la collaboration et l’amélioration continue, ont montré leur efficacité dans le développement logiciel et ont commencé à être appliqués à d’autres domaines, y compris les réseaux informatiques.
Seulement 18 % d’automatisations réussies
L’automatisation des réseaux s’est imposée comme une composante essentielle des environnements informatiques des entreprises modernes, visant à rationaliser les opérations, à améliorer l’efficacité et à atténuer les risques de sécurité. Un rapport de recherche conduit par l’Enterprise Management Associates (EMA), et publié par Efficient IP, sur l’automatisation des réseaux, fournit des informations précieuses sur le paysage actuel des stratégies d’automatisation des réseaux, les défis auxquels sont confrontées les entreprises et les principales conclusions qui éclairent l’état de l’adoption de l’automatisation des réseaux.L’étude révèle que seulement 18 % des organisations ont mis en place une stratégie d’automatisation des réseaux entièrement réussie, soit un écart significatif entre le nombre de projets et les taux de réussite. Les principaux défis techniques identifiés sont les problèmes d’intégration, le manque de normes réseau et les problèmes hérités des réseaux tels que les mauvaises API des fournisseurs et les fonctionnalités incohérentes. En ce qui concerne les défis opérationnels, un management informatique médiocre, des problèmes de personnel et des contraintes budgétaires sont les principaux obstacles à la mise en œuvre efficace de l’automatisation des réseaux.
L’étude montre également que près de 94 % des organisations utilisent une combinaison de solutions fournies par des éditeurs et d’approches de type « fait maison », et que 91 % des stratégies d’automatisation des réseaux impliquent l’utilisation de plusieurs outils. Les exigences en matière de sécurité/conformité, la stabilité et la mise à l’échelle de la plateforme, ainsi que l’étendue/la profondeur des fonctionnalités, sont identifiées comme les principaux moteurs de l’adoption par les fournisseurs pour l’automatisation des réseaux, tandis que la fonctionnalité alignée sur des exigences réseau spécifiques, les besoins en matière de sécurité/conformité et les économies de coûts sont les principaux moteurs des solutions « maison ».
L’automatisation pour gérer les complexités des environnements cloud
Sans surprise, la migration vers le cloud et les architectures multicloud hybrides sont des moteurs importants de l’automatisation des réseaux. Dans ces cas, les organisations recourent à l’automatisation pour gérer les complexités des environnements cloud et assurer une intégration transparente dans plusieurs plateformes cloud. Les investissements en automatisation des réseaux ciblent principalement la résolution de la complexité du réseau et l’amélioration de l’efficacité opérationnelle, avec une préférence pour les solutions d’automatisation à faible code qui nécessitent des compétences minimales en programmation.Bien que 80 % des organisations disposent d’une source de vérité du réseau, seuls 20 % considèrent ces solutions comme très efficaces. Une opinion qui met en évidence les défis auxquels les organisations sont confrontées pour maintenir une documentation réseau précise et à jour, essentielle pour une automatisation efficace.
Pour les rédacteurs de l’étude, leurs conclusions soulignent l’importance de relever les défis techniques et opérationnels, d’adopter une approche hybride de l’automatisation, de recourir à plusieurs outils et de se concentrer sur des incitateurs clés tels que la sécurité, le potentiel demise à l’échelle et la fonctionnalité. « En comprenant ces constatations et en mettant en œuvre les meilleures pratiques en matière d’automatisation des réseaux, les organisations peuvent améliorer l’efficacité opérationnelle, atténuer les risques et atteindre des résultats d’automatisation réussis dans le paysage informatique dynamique d’aujourd’hui », concluent-ils.