Comprendre les rêves des développeurs
Plus de 9 entreprises sur 10 constatent aujourd’hui qu’il est de plus en plus difficile de retenir les développeurs qualifiés, tandis que 86 % d’entre elles considèrent qu’il est devenu plus complexe, ces 2 dernières années, de les recruter. Aussi, pour les attirer, puis les fidéliser, elles misent sur un argument de poids : les salaires, toujours plus hauts et plus attractifs. Le résultat est une constante surenchère, dans laquelle les développeurs sans cesse chassés naviguent d’une société à l’autre, emportant avec eux, au bout de seulement quelques mois le savoir acquis auprès de leur employeur.Jusqu’à quand et surtout jusqu’à quel niveau de rémunération les entreprises pourront-elles supporter cette course effrénée ? Si le turn over des développeurs est bien sûr lié à la très forte demande sur le marché, il faut aussi analyser d’autres ressorts pouvant expliquer cette extrême mobilité. Et, pour cela, il faut commencer par se mettre à leur place, afin de comprendre leur mode de pensée.
Tout développeur le sait : le pouvoir qu’il détient entre ses mains est quasi magique. Il peut créer, à partir de rien, des solutions qui seront utilisées par des milliers d’individus et qui vont générer pour l’entreprise d’importantes sources de revenus. Le métier qu’il a appris a tout d’un métier de rêve. Son seul désir est, par conséquent, de l’exercer en mettant en pratique ce pouvoir extraordinaire qui lui donne la sensation d’être un vrai magicien.
Laissons les codeurs coder !
Or, la réalité en entreprise est toute autre. En lieu et place de la magie, le quotidien du développeur ressemble souvent à un enchainement de réunions, débogages, gestion des interruptions, ou encore batailles avec l’infrastructure pour créer des outils adéquats. De quoi générer d’importantes frustrations ! 14 % des développeurs regrettent ainsi le manque d’outils à leur disposition pour automatiser certaines tâches et se concentrer sur leur cœur de métier. Ils ne demandent finalement qu’une chose : faire ce pourquoi ils ont été recrutés, à savoir coder !L’entreprise doit prendre la mesure de cette attente si elle veut garder ses développeurs productifs et motivés. Aucun manager n’a intérêt à voir ces profils, qu’ils ont eu souvent du mal à recruter, malheureux ou démotivés. Au lieu de déployer leur talent à créer de nouvelles innovations, le risque est en effet qu’ils consacrent des cycles mentaux entiers à des choses n’ayant rien à voir avec leur mission : comme se plaindre intérieurement chaque fois qu’un incident les irrite. Or, quand on connaît l’exigence de concentration demandée par le développement, mieux vaut limiter ce type d’interférence contre-productif.
Le bonheur des développeurs, une condition impérative pour les fidéliser
Pour s’assurer de leur épanouissement, la première chose à mettre en œuvre est donc de répondre à leurs attentes, en leur procurant les outils dont ils ont besoin. Les développeurs doivent passer le plus de temps possible à coder. Pour cela, l’engagement d’un partenaire prenant en charge les opérations à faible valeur ajoutée est une solution qui leur permettra de se consacrer pleinement à leur mission première.Autre action, essentielle : développer une culture axée sur la formation. Les développeurs ont besoin de sentir que leur employeur est prêt à les aider à monter en compétences. Ils ne doivent pas avoir le sentiment, non plus, d’être réduits à une position de simples exécutants. Les impliquer, être à l’écoute de leurs idées, est impératif pour donner du sens à leur travail. Or, si ce besoin est partagé par tout collaborateur, quelle que soit sa fonction, il est souvent oublié sur ce type de poste présentant une forte dimension technique. Enfin, une attention particulière doit être portée à l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Une chose là aussi loin d’être évidente pour les développeurs, qui ont la réputation d’accumuler les heures et sont particulièrement fiers de leur puissance de travail.
Autrement dit, la mise en place d’un management bienveillant est la clé, comme pour tout collaborateur de l’entreprise que l’on souhaite fidéliser. À une différence près : les managers et les DSI ont bien souvent tendance à considérer les développeurs comme des robots, machines automatiques et puissantes pour générer des revenus, en oubliant d’être attentifs à leurs rêves et à leurs aspirations.
Par Michael Schmid, CTO chez amazee.io