Le numérique est à l’origine de 4 % des émissions à effet de serre, et ce taux devrait doubler d’ici 2025. Certes, cela ne représente pas la plus grande partie de l’empreinte carbone, mais cet impact reste non négligeable et tend à augmenter. Les entreprises doivent donc sensibiliser leurs collaborateurs quant aux bonnes pratiques à adopter, par exemple pour réduire l’empreinte écologique de leurs courriels. On parle alors de “green” email. Décryptage dans cette tribune.

État des lieux de l’empreinte écologique de l’email

En 2019, il existait 4,4 milliards de comptes email et 293 milliards d’emails étaient envoyés chaque jour. Chaque email passe par un routeur qui le traite et le stocke, avant de le transmettre de nouveau au réseau. L’email transite par plusieurs points autour du globe (il parcourt parfois 15 000 km) avant d’arriver dans le data center du destinataire. Ce dernier effectue différents traitements avant que l’email soit ouvert, ce qui va générer de nouvelles interactions numériques. Au final, tous ces envois génèrent 879 tonnes de CO2 par jour dans le monde, soit l’équivalent de 196 fois le tour de la Terre en voiture.

Cependant, tous les emails n’ont pas le même impact environnemental : la consommation d’énergie augmente dès lors qu’il y a des pièces jointes ou plusieurs destinataires. Selon l’ADEME, envoyer un email de 1 Mo correspond à la consommation de 25 minutes d’électricité avec une ampoule de 60Wh. Quand on sait qu’un salarié français reçoit en moyenne 58 mails par jour et en envoie 33, les emails d’une entreprise de 100 salariés peuvent générer autant de CO2 que quatorze allers-retours Paris-New York. Or, une étude anglaise souligne que 15 % des emails envoyés pourraient être évités (ex : accuser réception, souhaiter une bonne journée, échanger avec des collègues dans le même bâtiment…). Il est donc possible d’agir.

Pollution email : trois conseils pour diminuer son empreinte carbone 

  • Réduire le nombre d’emails envoyés, ou leur taille

Le meilleur moyen de réduire l’empreinte carbone des emails est de moins en envoyer. Bien sûr, cela semble difficile dans le contexte professionnel actuel, car c’est un canal privilégié de communication et toutefois plus écologique que l’envoi d’un courrier par la poste ou encore aller en rendez-vous. Si la réduction du nombre d’emails n’est pas possible, il faut agir en limitant le nombre de destinataires ou la taille des pièces jointes. Quand cela est possible, il est préférable d’envoyer un lien de téléchargement temporaire par exemple. Ou encore de privilégier les emails au format texte plutôt que les HTML qui sont certes plus graphiques, mais aussi plus gourmands en énergie.

  • Trier de manière régulière sa messagerie professionnelle

Archiver les mails importants et supprimer les indésirables diminue l’espace de stockage nécessaire sur les serveurs. Cela réduit l’empreinte carbone liée au stockage de mails inutiles (et ils sont trop souvent majoritaires), mais garantit également la sécurité des messageries en cas d’incident (suppression, piratage). C’est donc une véritable lutte contre “l’infobésité” des messageries professionnelles qu’il convient d’engager. Ce ménage est à réaliser sur l’ensemble des boîtes email, y compris personnelles. Et si l’une d’entre elles n’est plus utilisée, elle doit être supprimée !

  • Utiliser un filtre antispam

L'empreinte écologique globale des spams dépasse l’entendement : elle équivaut à celle de trois millions de voitures qui, sur une année, utiliseraient plus de 7,5 milliards de litres d'essence selon le rapport McAfee sur « L'empreinte carbone des spams ». L’utilisation d’un antispam permet de les éliminer, ou du moins de limiter leur impact en évitant de les stocker inutilement. De plus, lorsque des expéditeurs sont signalés comme émetteurs de spam, l'acheminement de leurs messages est bloqué, réduisant ainsi le volume de mails en circulation (ainsi que l’exposition à des pratiques nuisibles). 

Green email : les bonnes pratiques

Il est urgent de réduire l’empreinte carbone liée au trafic et à la gestion des boîtes email.

- Tout d'abord, en se dotant d'un logiciel antispam qui sera mis régulièrement à jour et finement paramétrable. Il filtrera mieux les emails indésirables, réduisant ainsi le stockage sur les boîtes email et limitant la réception d’emails malveillants.

- L'utilisation d'un hébergement européen est fortement recommandé, car il limitera le parcours des emails, donc leur impact environnemental.

- Enfin, l'utilisation d'un module d’archivage des emails permettra de lutter contre l’obésité des boîtes de réception, avec une suppression automatique des courriers après une durée de stockage définie.

Bien évidemment, nous n’en sommes qu’aux prémices des évolutions "environnementales" des solutions de gestion des emails professionnels. Cependant, c’est une priorité pour les mois à venir. La technologie a bien sûr un rôle à jouer. Mais le développement de réflexes d'éco responsabilité passera toujours par une prise de conscience individuelle. Il reste donc important de sensibiliser les collaborateurs quant à l’importance de limiter l’envoi d’emails et de nettoyer très régulièrement leurs boîtes de réception et sous-dossiers.

Par Philippe Gilbert, Fondateur et CEO chez Alinto