SAP n’est plus le leader de l’ERP (Enterprise Resource Planning), le gros progiciel qui gère et unifie les processus clés d’une organisation (finance, supply chain, CRM, production, etc.). SAP d’origine allemande et l’américain Oracle se partagent les grands comptes. Selon le classement de leurs trois plus gros clients selon le chiffre d'affaires, le premier est Accenture, client pour SAP S/4 HANA, le deuxième est Albertsons (vente au détail), acheteur d’Oracle Cloud ERP. Au troisième rang se trouve AT&T Communications, client pour Oracle Cloud ERP.
Selon les principaux enseignements de l'étude d’Apps Run The World, Oracle a généré
8,7 milliards de dollars de revenus dans le secteur international des ERP en 2024, soit
6,63 % de part de marché. La différence en matière de chiffre d'affaires est quasiment celle d’un trait de plume. En effet, SAP a de son côté encaissé 8,6 milliards de dollars de revenus ERP, représentant 6,57 % de part de marché.
Face à l’absence de données précises communiquées par SAP et Oracle, Apps Run The World a analysé les données publiques, ainsi que sa base de données de fournisseurs intégrant leurs commentaires. D’après l’étude, la croissance rapide des produits Oracle Fusion Cloud ERP a joué un rôle clé dans l’ascension de la firme américaine. Plus précisément, Oracle a connu une croissance de 17,7 %, contre 13,7 % pour SAP.
La principale différence s’opère au niveau du revenu par client. À cette aune, en moyenne, un client Oracle ERP a généré 87.700 dollars de revenus, contre 61.429 dollars pour un client SAP ERP. Apps Run The World souligne qu'Oracle a su tirer profit de ses solutions cloud pour conquérir des parts de marché, dépassant légèrement SAP en termes de revenus. Dans tous les cas, SAP reste toujours un acteur majeur de ce secteur
des logiciels.
SAP, plus grand éditeur de logiciels en Europe, a buté sur plusieurs obstacles.
Visé par une enquête de l’Autorité de la concurrence française saisie par le Cigref, SAP s’est vu reprocher par l’USF (Association des utilisateurs SAP francophones) l’instrumentalisation des accès indirects pour gonfler ses bénéfices. En bref, il s’agit de l'utilisation des données par des applications tierces ou des utilisateurs qui n'ont pas de licence SAP. Une étude du cabinet allemand Horváth estimait que plus de 60 % des entreprises connaissent des écarts de budget, de calendrier et des problèmes de qualité lors de leur migration vers S/4 HANA de SAP. Dix ans après sa sortie, cette version cruciale pour l'éditeur allemand n’a pas eu le taux d’adoption attendu. Selon l’étude Horváth, 65 % des entreprises connaissent des écarts de budget, de calendrier et des problèmes de qualité lors de leur transition vers S/4HANA. En moyenne, les projets prennent 30 % de temps en plus que prévu. Seules 8 % des entreprises ont respecté les délais initialement fixés.Les dépassements de budget et de calendrier sont attribués à une extension du périmètre du projet, une gestion de projet insuffisante et une sous-estimation des phases de test et de migration des données.
Reste à voir comment SAP va réagir face à son grand rival dans les années à venir.