Quelques acteurs du domaine sont visés par une instruction sur leurs pratiques par rapport à la concurrence. Il s’agit pour SAP, du problème récurrent du mode facturation des accès indirects aux données via des logiciels tiers ou encore de la migration obligatoire vers S4/Hana, dernière version de l’Erp de l’éditeur allemand.

A l'été 2021, le Cigref (Club informatique des grandes entreprises françaises) saisissait l’Autorité de la concurrence à propos des pratiques commerciales de plusieurs grands éditeurs mondiaux dont SAP. En mai 2022, l’institution administrative française a lancé une enquête portant sur ce dernier. Les relations sont très tendues depuis des années entre le Cigref, qui représente les DSI des grandes comptes français, l’USF (association des utilisateurs francophones de SAP) et l’éditeur allemand d’Erp SAP, seul poids lourds européen parmi les grands acteurs du numérique. Le problème récurrent est celui des accès indirects, à savoir l’utilisation par une machine -dont les systèmes IoT- ou une personne, non déclarée à SAP. C’est le cas quand il s’agit d’un accès via Salesforce ou tout autre logiciel. L’éditeur considère comme accès indirects les utilisateurs, bots et d'autres systèmes automatisés se servant de son ERP via toute application tierce. Suite à d’âpres négociations avec l’USF,  depuis 2018, SAP ne comptabilise plus les accès indirects par nombre d’utilisateurs, mais en fonction des documents créés dans son ERP via les connexions indirectes. Cependant, de nombreuses questions et incertitudes persistent encore pour les clients SAP. Surtout, la facturation des accès indirect n’est toujours pas considérée comme équitable par les clients.

Voquz, éditeur de solutions de gestion des licences SAP, incluant les autorisations et la conformité, affirme que les coûts liés aux accès indirects se situent bien au-delà de 15% du coût total des licences SAP. Une situation mal acceptée par les intéressés.

Les pratiques anticoncurrentielles à la loupe

Le cabinet d’avocat Itlaw, spécialisé dans le numérique, précise une des critiques des clients de SAP  « il apparait pertinent de confronter l’emploi fait par SAP de la notion d’utilisation et d’accès indirects, aux dispositions relatives aux pratiques restrictives de concurrence et à l’abus de position dominante». Le Cigref, à l’origine de la saisine de l’autorité de la concurrence, pointe aussi l’obligation pour les entreprises de migrer vers la dernière version de l’Erp de SAP S/4HANA. A ce jour, seulement 5% des entreprises ont achevé leur migration. La position du Cigref à ce sujet est claire. Fin 2020, ce syndicat professionnel affirmait que la dernière mouture de l’Erp de SAP n’apporte pas suffisamment de valeur. «Ce changement de version forcé représente un phagocytage des ressources de la DSI, sans bénéfices métiers avérés » affirmait le Cigref en 2019.

Nous aurons l’occasion de revenir sur ce sujet après la convention USF début octobre 2022 afin d’apporter de nouveaux éclairages sur cet épineux et complexe débat.