Dans un contexte socio-économique où les salariés prêts à changer d’emploi dans l’année sont moins nombreux, soit 34 % 2023 contre 43 % 2022, le télétravail divise employeurs et salariés. Certes, ce n’est pas le premier sujet de préoccupation qui reste, de manière récurrente, la rémunération pour les salariés alors que pour les entreprises, il s’agit du recrutement et de la rétention des talents. Mais pour les employeurs, le retour au bureau peut avoir des effets contreproductifs comme pousser au départ une partie de collaborateurs ou décourager les talents rares.
L’analyse de l’étude Work Reimagined Survey 2023 d’EY traite, entre autres, de la place du télétravail qui est particulièrement adapté aux besoins du secteur IT. Ainsi, d’après le site d'emploi FlexJobs, l'IT est l’activité économique où l'on trouve le plus de postes à distance et de postes hybrides avec 43 % des employés qui pourraient travailler entièrement à distance.
Après la crise sanitaire du Covid-19 qui avait fortement augmenté les effectifs de télétravailleurs, force est de constater un reflux de ce mode de travail. En 2022, aux
États-Unis, plusieurs grandes entreprises avaient déjà renoncé au télétravail à 100 % pour
« favoriser la cohésion d'équipe et la productivité ». A l’appui de cette opinion, le rapport EY Belonging 3.0 précise que près de la moitié des travailleurs interrogés dans des entreprises du monde entier déclarent que leur lieu de travail est celui où ils ressentent le plus grand sentiment d'appartenance.
Il reste qu’aujourd’hui, les employeurs français souhaiteraient limiter le télétravail à
0,7 jour en moyenne par semaine, selon l’étude internationale « EY Work Reimagined ». Mais les collaborateurs, eux, préfèrent télétravailler en moyenne 1,4 jour par semaine.
Préférences de télétravail pour les salariés dans le monde et en France
"Ce début d’année marque un resserrement et un retour en arrière concernant les règles relatives à l’encadrement du télétravail en entreprise. Cette tendance de fond s’inscrit en opposition avec les aspirations des jeunes actifs, dont les attentes sont un des enjeux cruciaux du marché", affirme Christophe Nguyen, fondateur du cabinet Empreinte Humaine.Une ligne de fracture qui traverse les pays, le genre et les générations
La proportion de ceux et celles qui souhaitent travailler à distance à 100 % s’est accrue en 2023 par rapport à 2022. Elle est de 32 % pour les femmes et 36 % pour les hommes. Ce souhait s’oppose frontalement aux nouvelles tendances du travail vues par les employeurs.Les salariés les plus âgés préfèrent presque autant travailler en mode hybride (43 %) qu’au bureau (38 %). Alors que les plus jeunes, appartenant à la génération Z (personnes nées entre 1997 et 2010) plébiscitent massivement le travail hybride pour 60 % d’entre eux. Autre point, plus mineur et sans surprise, des locaux vétustes poussent les salariés à quitter leurs entreprises pour 61 % des répondants à l’étude.
Coté juridique, le télétravail soulève trois problèmes.
D’une part, la sécurité et la prévention des accidents du travail est plus complexe à gérer pour les entreprises.
D’autre part, la cybersécurité et la protection des données personnelles est moindre avec les outils personnels des salariés. Par exemple, les implications juridiques si des violations de données se produisent.
Enfin, pour les entreprises mondialisées, la législation varie selon les pays d’exercice. La détermination de l'impôt sur le revenu et les obligations fiscales concernant les télétravailleurs sont difficiles à gérer. A la clé, cela suppose des défis juridiques liés à la conformité fiscale, à la sécurité sociale et au respect des lois locales du travail.