C’est à Edimbourg que nous avons rencontré Sharp, intéressés par le devenir de cette vieille dame de l’industrie japonaise aujourd’hui chinoise, et surtout de pouvoir évoquer l’évolution non plus la donnée mais du document et de la communication dans l’entreprise.
C’est avec une certaine curiosité que nous avons répondu à l’invitation de Sharp à assister à sa conférence européenne Sharp Inspire Expo 2018. Imaginez, une manifestation où l’on va parler de MFP (copieur multifonctions) et de grands écrans. Une vision par trop réductrice, car on oublie trop rapidement que la communication de l’entreprise repose encore très largement sur les documents, papier ou numérique.
Curiosité également pour cette vieille dame de l’industrie japonaise, née en 1912, et dont le fondateur est le créateur du portemine. En pleine difficultés après son entrée en bourse à Tokyo en 2013, accumulant les dettes, boquée par son offensif mais minoritaire actionnaire Samsung, Sharp a été acquis en 2016 et à hauteur de 66% par le taïwanais Hon Hai, plus connu pour sa division industrielle Foxconn. Une acquisition sur le modèle du puzzle industriel, où chaque entreprise de Hon Hai profite des forces des autres, qui permettra un redressement spectaculaire de Sharp.
Le MFP, cœur de métier professionnel de Sharp
Le MFP (Multiple Function Printer), c’est le copieur multifonction qui prend place dans tous les bureaux de toutes les entreprises. Cœur de métier de Sharp – le MFP représente 95% de l’activité de sa filiale française -, cœur de l’activité documentaire des organisations également. Comme l’a rappelé fort justement Bruno Humbert, le directeur de Sharp pour la France et le Sud de l’Europe, « le papier reste le premier outil de la prise de décision ». En effet, alors que le discours est au ‘zéro papier’, le nombre de pages physiques produites demeure très élevé.
Cependant, il ne faut pas se montrer restrictif sur le papier. Seul ou intégré dans la solution documentaire de l’entreprise, le MFP est un outil de travail collaboratif, le support technologique des documents, l’équipement indispensable pour scanner, pour transférer et pour imprimer tout type de document, papier ou numérique.
Ainsi, à notre surprise de constater la dernière annonce de Sharp, un MFP noir et blanc et A4 – n’est-ce pas une régression que de proposer un copieur monochrome et taille d’impression réduite ? - Bruno Humbert nous a répondu très simplement : « En effet, le marché a migré vers la couleur et les MFP ‘color capable’, quel que soit le format d’impression, mais le document quadrichromique n’est pas majoritaire. Nos clients s’interrogent, quel est intérêt et l’impact économique de l’usage de la couleur ? Le N&B est une réalité économique ».
Stratégie de gamme pour réduction des coûts
En réalité, il faut raisonner en stratégie de gamme. Les utilisateurs imposent l’homogénéité des produits, et que tous disposent des mêmes fonctionnalités, pilotables à partir d’un écran. Mais par contre tous les utilisateurs n’éprouvent pas les mêmes besoins. La couleur, par exemple, ou les grands formats d’impression, ne sont pas dans tous les besoins exprimés. L’impression dans l’entreprise doit également répondre aux objectifs de réduction des coûts, ce qui se traduit par la fiabilité des MFP, la durabilité des consommables, la performance et la proximité de la maintenance..., et la fourniture du bon produit pour le bon usage, donc du MFP N&B A4 si c’est la production attendue.
Quant à l’intégration du MFP dans les flux de traitement de l’information… « Le MFP est au cœur du cycle de vie du document, continue Bruno Humbert. Il vient enrichir la gestion du document au travers de notre architecture OSA (open system architecture) pour laquelle nous développons en HTML et en .Net des connecteurs et une Interface communicante et bidirectionnelle ». L'intégration du MFP au système d'information et à destination des solutions qui gèrent les documents (GED, ERP, CRM, etc.) est une nécessité qui trouve ici sa réponse.
Le display, support efficace de la communication de l’entreprise
Les écrans destinés à la communication interne dans l’entreprise sont l’autre grande activité de Sharp en France. Le fabricant est reconnu industriellement pour la fabrication de dalles plasma, qui composent la base de nombreux écrans, surtout de grande taille et bénéficiant d'une forte luminosité. C’est un outil essentiel pour l’affichage sur les points de vente, ainsi que pour l’information dans l’entreprise. On retrouve ces displays à l’accueil, dans les lieux où il est difficile de communiquer individuellement avec les collaborateurs, sur les salons, mais aussi dans les lieux publics comme les gares ou les aéroports.
De l’avis de Bruno Humbert, « Il existe un décalage en Europe et en particulier en France dans l’usage des displays pour la communication. C’est un vrai décalage des écosystèmes fluides dans les entreprises. Les freins proviennent des infrastructures informatiques ». Concrètement, nos entreprises consomment peu de communication visuelle et dynamique par rapport au reste du monde.
Mais cette vision pourrait bien changer rapidement, et cela selon deux axes. Le premier est le 4K et le 8K. La très haute résolution 4K apporte une qualité et une précision d’image qui en fait un outil de grande précision, pour la sécurité par exemple, la reconnaissance d’objets ou de visage, le zoom, etc. Le 8K est encore expérimental, mais nous avons pu bénéficier d’une démonstration qui fait rêver par la qualité et la précision incroyables de l’image produite. A la condition bien évidemment de disposer du bon système de capture de l’image et de la vidéo…
Ecran grande taille, écran tactile
L’autre axe d’une grande richesse, c’est le tactile. Imaginez un écran 4K pilotable du bout des doigts. L’expérience est d'une grande richesse, pour la dynamique d’une présentation, par exemple, mais plus encore pour le travail collaboratif. Notons que certaines divisions locales de Sharp vont jusqu’à faire fabriquer par des partenaires des supports mobiliers pour les écrans. La table où l’écran 50 pouces sert de plateau (photo ci-dessus), qui peut se lever électriquement jusqu'à la verticale pour le transformer en support d’échange, est très efficace. De même que la coque (photo ci-dessous) dans laquelle peuvent prendre place jusqu’à 6 personnes devant un écran tactile pour partager tout en réduisant les nuisances sonores…
Nous avons posé la question du ROI de ce type d’outil ? La réponse économique n’est pas évidente, le prix de ces équipements reste conséquent. En revanche, le ROI en matière de qualité de l’information, d’amélioration des temps d’échange, de collaboration, de réactivité, ou encore de formation, est réel à défaut d’être facilement mesurable. On comprend difficilement pourquoi - en dehors de l’opposition de la DSI qui, ne le cachons pas, défend sa bande passante – ces écrans peinent à s’imposer dans nos contrées…
