L'irruption impromptue de l’IA dans le paysage informatique mondial a rebattu les cartes de bien des domaines, y compris de l’emploi et des compétences. Le phénomène est
récurrent : au 19ème siècle, l'industrialisation a transformé de nombreux secteurs, notamment l'agriculture et la fabrication.
Les travailleurs qui ont su utiliser les nouvelles machines et les nouveaux outils ont pu trouver de nouveaux emplois dans les usines, tandis que ceux qui ont résisté à cette évolution ont été laissés pour compte. Il en a été de même lorsque, quelques décennies plus tard, l’électrification a transformé l’industrie, créant de nouveaux métiers très recherchés.
L’IA ne déroge pas à cette nécessité évolutive, où le nouveau redéfinit l’ancien et l’intègre pour recommencer un nouveau cycle d’évolution. Elle entraîne une augmentation significative de la demande de compétences en IA, créant ainsi de nouvelles opportunités pour les salariés et les entreprises.
D’après une étude publiée par PwC, 69 % des dirigeants d'entreprise dans le monde estiment que l'IA nécessitera de nouvelles compétences de la part de leurs employés, un chiffre qui atteint 87 % chez les PDG ayant déjà déployé l'IA. Ceci explique pourquoi la tendance des offres d'emploi en IA est à la hausse, avec une multiplication significative des offres nécessitant des compétences en IA.
En France, par exemple, le nombre d'offres d'emploi en IA a été multiplié par 7, passant de 11 000 offres en 2018 à 77 000 offres en 2023. Cette augmentation rapide reflète la demande croissante de professionnels qualifiés dans le domaine de l'IA. D’après l’étude, certains secteurs sont plus demandeurs que d’autres, principalement les services financiers, les services professionnels et le secteur de l'information et de la communication.
Un impact positif sur les salaires
Suivant la loi de l’offre et de la demande, cette augmentation de la demande de compétences en IA a un impact positif sur les salaires. Les emplois nécessitant des compétences spécialisées en IA apportent un avantage salarial significatif dans plusieurs pays, allant jusqu'à 25 % en moyenne aux États-Unis.Cette prime aux compétences souligne l’importance accordée par les entreprises aux capacités qui incluent l’IA sur le marché du travail. En conséquence, les salariés possédant des compétences en IA peuvent bénéficier non seulement d'une rémunération plus élevée, mais aussi meilleures opportunités professionnelles.
En France, l’étude met en évidence une corrélation positive entre l'exposition des professions à l'IA et l'évolution de leurs compétences. Cela suggère que les travailleurs des professions fortement utilisatrices d'IA devront acquérir davantage de nouvelles compétences au cours de leur carrière par rapport à ceux des professions moins exposées. Cela peut s'expliquer par le fait que l'IA remplace ou complète certaines compétences, en particulier dans les emplois les plus exposés à cette technologie.
Acquérir des compétences pertinentes pour l’IA
Pour s’adapter à cette nouvelle donne, le maître mot selon l’étude est l’agilité. Certes, on peut penser que l’IA, qui manie le langage naturel, ne devrait pas nécessiter des compétences particulières. C’est une erreur, car bien que les interactions en langage naturel soient une composante importante, elles doivent être accompagnées d'une profonde expertise technique et pratique dans divers aspects de l'intelligence artificielle.Par exemple, un spécialiste en marketing devra maîtriser plus que les prompts pour concevoir et déployer un modèle de recommandation pour une plateforme de commerce électronique. Il devra utiliser des techniques de filtrage collaboratif, de traitement de données massives, et intégrer le modèle dans son application web via une API REST.
Il est donc essentiel pour les salariés de se former aux compétences numériques et techniques pertinentes pour leur secteur d'activité. Cela peut inclure l'apprentissage de la programmation, de l'apprentissage automatique, de l'analyse de données, etc. En somme, rester agile, continuer à apprendre et s'adapter aux nouvelles exigences du marché du travail liées à l'IA sont des stratégies clés pour que les salariés prospèrent dans un environnement professionnel qui n’a pas fini de redéfinir le contenu des postes à pourvoir.
Compétences : l’IA réduit certains besoins et en créé d’autres
Tout d'abord, l'IA a automatisé de nombreuses tâches répétitives et fastidieuses, ce qui a entraîné une réduction du nombre d'emplois dans certains secteurs. Par exemple, les caisses automatiques dans les supermarchés ont réduit le besoin de caissiers, tandis que les voitures autonomes pourraient réduire le nombre de chauffeurs de camion à long terme. Cependant, l'IA a également créé de nouveaux emplois dans des domaines tels que la science des données, l'apprentissage automatique et la robotique.En outre, l'IA a modifié les compétences requises pour les emplois existants. Les travailleurs doivent désormais posséder des compétences techniques plus avancées pour travailler avec des systèmes d'IA et interpréter les résultats produits par ces systèmes.
Les compétences en communication, en résolution de problèmes et en pensée critique sont également de plus en plus importantes, car les travailleurs doivent collaborer avec des machines et prendre des décisions éclairées en fonction des données produites par ces machines.
Cette évolution a également mis en évidence le besoin de formation et de développement des compétences pour les travailleurs actuels et futurs. Les gouvernements, les entreprises et les établissements d'enseignement doivent travailler ensemble pour offrir des programmes de formation et de reconversion professionnelle pour aider les travailleurs à acquérir les compétences nécessaires pour travailler avec l'IA et d'autres technologies émergentes.
Outre ces compétences techniques, les salariés devront aussi comprendre les implications éthiques et légales de l'IA. Les compétences en IA doivent inclure une sensibilisation aux questions de biais algorithmique, de confidentialité des données et de conformité aux réglementations comme le RGPD.
Les savoirs en matière d'éthique et de responsabilité sociale sont d’une importance presque aussi prégnante que les connaissances technologiques. Il est de la responsabilité des entreprises de s'assurer que leurs systèmes d'IA sont équitables, transparents et respectueux de la vie privée des individus.