Le stress-test grandeur nature qu’a été l’irruption pandémique a permis aux services RH de gagner une agilité salutaire pour emplir leur rôle d’agents du changement. Et accompagner l’entreprise dans les transformations profondes qui s’annoncent.

La fonction RH a, durant des décennies, subi des transformations à marche forcée vers la numérisation de ses processus. Fonction de support essentielle à la bonne marche de l’entreprise et ses affaires, la RH a dû repenser ses pratiques, intégrer de nouveaux outils et méthodologies, se réinventer en permanence. Ceci tout en ayant à gérer les problématiques du moment (pandémie, désengagement des salariés, raréfaction et perte des talents, attentes des collaborateurs…).

Il s’agit d’adapter l’entreprise aux évolutions actuelles (télétravail, inclusivité, attractivité, intégration des deeptech dont l’IA et le ML dans les équipes…) et d’anticiper les évolutions à venir. Selon un rapport du Forum économique mondial, « plus d’un tiers des compétences que nous estimons essentielles aujourd’hui auront changé dans les cinq ans à venir ». Et ce ne seront pas seulement les évolutions des fonctions « régaliennes » que devra traiter la RH, mais de nouveaux défis complètement inusités, par exemple, l’IA et la Cobotique : d’ici quelques années, les employés partageront leur travail avec des intelligences artificielles et leurs bureaux avec des robots.

Vers une organisation favorisant l’innovation et l’agilité

Dans son édition 2022 du baromètre des DRH, ABV Group révèle que l’impact de la crise pandémique a amplifié certaines tendances comme la transformation, la recherche des talents, l’engagement des équipes, qui sont devenues des préoccupations majeures à côté des responsabilités habituelles de la RH. Depuis l’étude de l’année dernière, les priorités stratégiques de la RH n’ont toutefois pas changé, soit respectivement la croissance du chiffre d’affaires (53 % vs 62 % en 2021), l’engagement des salariés (38 %), et, en troisième position, la transformation de l’entreprise (37 %).

Comme les années précédentes, cette transformation passe, pour 78 % des répondants (vs 71 %), par la mise en place d’une organisation favorisant l’innovation et l’agilité. En seconde position vient la problématique de l’adaptation de l’organisation du travail au télétravail institutionnalisé avec59 % des répondants, contre 63 %. La mise en place d’une démarche de Gestion des Emplois et des Parcours Professionnels (GEPP)ou de Strategic Workforce Planning arrive en troisième position (52 % contre 49 % en 2021). Les enjeux de la flexibilité des organisations et du temps de travail restent des sujets très actuels avec 52 % contre 57 %. Enfin, la dématérialisation des tâches et la robotisation(46 % contre 53 %) continuent à être des axes prioritaires.

RSE, de la 17eà la troisième place des préoccupations

Parmi les autres préoccupations citées, la transformation numérique vue par la RH doit être faite sous le signe de thématiques devenues incontournables : la réputation de l’entreprise, sa politique RSE, et la diversité et l’inclusion. Les taux de réponses citant ces sujets ont bondi en quelques années. Dans le baromètre des DRH de 2017, elle pointait à la 17e place des priorités, et la diversité/parité était à la 19e. En 2022,la RSE, qui regroupe désormais les deux thématiques de diversité et d’inclusion, est remontée à la 3e place des priorités pour 42 % des DRH. « Il s’agit d’un changement majeur pour les DRH et leurs équipes », estime le rapport, qui l’explique par les changements des valeurs de la société, les changements d’attitude des collaborateurs par rapport au travail, à leur vie privée et à leurs objectifs de vie.

Les entreprises, de toutes les tailles, se sentent concernées par ces enjeux. Pour preuve, la réduction de l’empreinte carbone fait son entrée et arrive même en 4e position avec57 % des répondants, suivie du soutien aux actions solidaires (43 % vs 36 %) et de l’amélioration de la transparence et de la gouvernance (38 %). Certes, l’intérêt grandissant pour ces thématiques liées à la transition et au développement durable est également motivé par le fait que la politique RSE est scrutée par les investisseurs, qui favorisent les entreprises les plus engagées. C’est l’un des plus grands changements de paradigmes en 2022, estime le rapport.