La pénurie de talents disposant des compétences nécessaires pour exercer dans les métiers du numérique constitue un défi majeur pour les entreprises en pleine transformation. Elles pourraient perdre des milliards et rater la reprise si la situation perdure.

En juin 2020, une étude de McKinsey révélait que 87 % des dirigeants affirmaient à l’époque qu’ils sont ou seront confrontés à une pénurie de talents disposant des compétences numériques adéquates. Depuis, la situation n’a fait qu’empirer au point de se demander si elle n’aura pas un effet ralentisseur sur la reprise qui s’esquisse. Il faut dire que la conjonction de facteurs contradictoires (économiques, technologique, sociaux…) est assez inédite : d’un côté la reprise après la crise et l’accélération de la transformation numérique alimente la demande, et de l’autre la pénurie de composants et le manque de talent freinent les approvisionnements et les projets des entreprises.

En effet, explique Salesforce dans une étude menée par Rand, « en matière de formation aux métiers du numérique, l’offre est faible et la demande élevée, et ce, pour plusieurs raisons telles que l’apparition de technologies émergentes, mais aussi le creusement des inégalités sociales et économiques systémiques. Les décisions que les entreprises prennent aujourd’hui sur la manière de combler cette pénurie auront des répercussions sur l’emploi des générations futures ». Selon le rapport de Rand, la pénurie de talents dans les métiers du numérique pourrait coûter plus de 11 500 milliards de dollars de croissance du PIB aux pays du G20 d’ici 2028.

Mettre en place des programmes d’envergure

Ceci est d’autant plus dramatique que les compétences numériques recherchées ne concernent plus uniquement les métiers techniques, en pénurie chronique, comme développeur ou administrateur de systèmes informatiques, elles pénalisent des métiers tels que les ventes, le marketing, la communication ou les ressources humaines. Selon Salesforce, plusieurs facteurs influent sur cette crise : la pénurie durable de talents ; les nouvelles technologies émergentes qui amplifient le besoin d’acquérir de nouvelles compétences ; le coût élevé de l’éducation et les approches éducatives datées qui sont autant d’obstacles à l’apprentissage ; l’accès aux infrastructures et aux compétences numériques, limité par le statut socio-économique.

Les pouvoirs publics et les entreprises doivent par conséquent investir durablement dans la formation pour offrir des opportunités de carrière, soutenir la relance économique et favoriser une croissance durable, peut-on lire dans le rapport. Celui-ci préconise de mettre en œuvre des programmes d’envergure qui éliminent les barrières institutionnelles et sociales telles que le faible accès aux compétences et les inégalités raciales et de genre. Les institutions d’enseignement et de formation doivent « redéfinir le recrutement en se concentrant moins sur l’éducation traditionnelle et plus sur les compétences, en ouvrant les postes dans le numérique à un réservoir de talents plus large et plus diversifié et en produisant un impact socio-économique plus positif ».