Malgré des efforts réglementaires, des inégalités salariales persistent entre hommes et femmes, selon une étude récente. Ces disparités et le manque de diversité et d’inclusion en entreprise sont des facteurs de démission pour 65 % des travailleuses.

Bien que l’index de l’égalité professionnelle soit gravé dans les tables de la loi française (Articles R1142-1 à D1143-18 du Code du travail), les inégalités salariales persistent entre hommes et femmes. Selon l’étude « People at Work 2023 : l’étude WorkforceView » de l’ADP Research Institute, 75 % des hommes ont bénéficié d’une augmentation salariale en 2022, contre 59 % des femmes. Les augmentations pour les hommes étaient en moyenne de 5,52 %, contre 4,15 % pour les femmes.

Par ailleurs, 65 % des salariés considéreraient un départ si leur entreprise ne disposait pas d’une politique de DEI, un chiffre en hausse de 3 points depuis 2022. Les jeunes et certaines professions sont particulièrement sensibles à ce point.

L’étude, réalisée auprès de plus de 32 000 travailleurs dans 17 pays, dont près de 2 000 en France, révèle que les attentes salariales divergent également entre les genres. Résignées ou trop habituées à ces inégalités, les femmes font preuve de moins d’ambition ou peut-être d’autolimitation lorsqu’il s’agit d’augmentations salariales. Elles sont moins nombreuses à s’attendre à une augmentation, et celles qui s’y attendent la valorisent moins que les hommes : 75 % des hommes s’attendent à une augmentation de 5,95 % l’année prochaine, contre 53 % des femmes qui anticipent une augmentation de 5 %.  

L’importance de la diversité, de l’équité et de l’inclusion

Pourtant, les femmes sont plus nombreuses à estimer que le salaire est l’élément le plus important dans leur travail. Une légère dichotomie à laquelle les décideurs et les responsables devraient être attentifs, car elle démontre que les femmes ne sont pas moins intéressées que les hommes par une rémunération juste. Ainsi, alors qu’en moyenne 66 % des Français considèrent le salaire comme l’élément le plus important dans leur travail ; ce chiffre atteint 74 % chez les femmes et descend à 60 % chez les hommes.

L’importance de la diversité, de l’équité et de l’inclusion (DEI) est également soulignée par l’enquête. Rapportée à l’égalité salariale, elle dénote une scission entre les jeunes générations et les anciennes, ainsi que dans certains métiers. Selon l’étude, 71 % des salariés français quitteraient leur entreprise si elle n’assurait pas l’égalité salariale. Une proportion en hausse de 5 points par rapport à 2022. Cette opinion est plus marquée chez les 18-24 ans (84 %), les personnes travaillant dans les médias (82 %) et l’immobilier (81 %), ainsi que chez les femmes (74 %). En général, les études montrent que les personnes bien éduquées et informées sont plus susceptibles de s’offusquer du manque d’égalité dans leur entreprise. Quant à la présence de l’immobilier dans les opinions les plus marquées, elle s’explique par le fait que la rémunération est directement liée à la performance dans ce métier.  

Seulement 26 % des femmes ressentent une amélioration

Lorsqu’il leur est demandé de mesurer les progrès réalisés, la perception diffère selon les répondants en général et les femmes : 35 % des salariés français estiment que leur entreprise a amélioré la situation en matière d’égalité salariale ces trois dernières années. Un chiffre en hausse de 12 points depuis 2022. Cela est largement insuffisant au regard de l’évolution sociétale, renforcée par la force de la loi. En clair, on traîne des pieds. Dommage que le rapport n’interroge pas les répondants sur les causes de cette lenteur : barrières psychologiques, manque de moyens. Pour preuve, seulement 26 % des femmes ressentent une amélioration, contre 41 % des hommes.

Concernant la progression de la diversité, de l’équité et de l’inclusion, 33 % des employés voient des améliorations, une augmentation de 11 points depuis 2022, mais loin derrière la moyenne mondiale (53 %). Cependant, près d’un quart des salariés (23 %) estiment que la situation s’est détériorée en matière de DEI, notamment chez les jeunes et certaines professions.  

80 % des travailleurs à temps partiel sont des travailleuses

En somme, malgré des avancées, les inégalités salariales et le manque de diversité et d’inclusion restent des sujets de préoccupation majeurs pour les salariés français, influençant leur décision de rester ou de quitter leur entreprise. De plus, hormis les salaires, le chantier égalitaire reste entier ou presque dans les autres domaines. Par exemple, seulement 4 % des PDG et des présidents de conseils d’administration sont des femmes, selon France Stratégie. Le taux d’emploi des femmes de 25 à 34 ans, diplômées d’un master universitaire, reste inférieur de huit points par rapport à celui des hommes (Harvard Business Review). Enfin, 80 % des travailleurs à temps partiel sont des travailleuses.

Pourtant, de nombreuses études montrent que davantage d’égalité fait reculer la pauvreté, favorise le développement économique et constitue un facteur de performance pour les entreprises.