De l’intention mobile à la solution, tout peut se compliquer dès que l’on évoque l’ouverture du SI, la transformation des systèmes legacy, le développement des applications HTML5 ou des applications natives, l’interface utilisateur, les multiples terminaux et OS, le cycle de vie des produits et services, la sécurité, le cycle de vie de vie de la mobilité, et si l’on se projette sur la monétisation des services… Ouf !
Les organisations éprouvent un besoin évident de déployer la mobilité, qui n’est pas seulement justifiée par les générations X, Y ou Z, mais également par l’évolution des usages chez les clients, qu’ils soient internes ou externes. La mobilité est une tendance IT majeure, l’évocation de ce sujet se justifie pleinement.
Le Club de la presse IT B2B a donc réuni une table ronde autour du thème de la mobilité « Rendre ses applications d'entreprise mobiles. Oui, mais pourquoi ? Et comment ? ». Etaient présents Jean-Roland Brisard, directeur ICS Solutions chez Infor ; Pierre Bijaoui, directeur technique Enterprise Services chez HPE (Hewlett Packard Enterprise) ; Thierry Raguin, expert Mobilité & Design UX chez Econocom ; et Sébastien Vugier, senior VP API & Analytics chez Axway. Ainsi qu’un grand témoin, Yann Holly, ex DSI de l’AMF, l’Autorité des marchés financiers.
Le pragmatisme d’un DSI de PME
Ne confondons pas la mission stratégique de l’AMF avec ses moyens dignes d’une PME. L’organisme a en effet la taille d’une PME moyenne de moins de 300 employés regroupés dans un lieu unique où chacun doit badger pour y accéder. Si elle collecte des données en partie sensibles, la mobilité n’est pas apparue dès le départ comme une nécessité.
L’ouverture à la mobilité s’est donc faite très logiquement pour répondre aux premiers besoins qui ont émergés, à commencer par l’ouverture de la messagerie, puis la disponibilité de l’environnement de travail si la connexion est sécurisée. Aujourd’hui, la DSI de l’AMF envisage de mettre à la disposition de ses clients des services à valeurs ajoutée. Mais pas de précipitation… Un profil finalement très classique au sein des PME.
Commencer par le début
Que l’on nous pardonne cette La Palissade, mais déployer un projet de mobilité débute non par les mobiles et le BYOD (Bring Your Own Device), mais par la définition de deux stratégies : le projet s’adresse-t-il aux employés et à l’écosystème de l’entreprise, ou à ses clients finaux ? Dans le premier cas, il s’agit de déterminer les applications d’entreprises qui devront passer à la moulinette de la mobilité, et transformer les systèmes legacy pour qu’ils les supportent et qu’ils offrent des services liés à l’accès à la donnée et à la prise de décision. Dans le second, il s’agit de déployer outils plus proches du marketing et du commercial, et dont la finalité est la vente.
HPE a ainsi déterminé 5 niveaux d’engagement des projets de mobilité :
- - Le contact avec le client et l’augmentation des revenus
- - L’efficacité métier pour accompagner les process métiers
- - La réduction des coûts
- - La performance des métiers dans le monde digital
- - La satisfaction des employés et des partenaires, pour leur délivrer des services de qualité
La complexité de la chose
Toute la difficulté est de choisir une stratégie, entre l'application de la diversité des terminaux au cycle de vie des applications, le choix du duo Web et HTML5 pour une certaine facilité de départ et les terminaux 'lourds', ou des applications natives qui délivrent la meilleur expérience, celle du terminal sur lequel elles s'exécutent. Attention, cependant, entre HTML5 et applications natives, de grosses différences de performances peuvent être constatées.
Emerge l'usage des applications crossplatformes, qui disposent d'un langage simple, et surtout offrent un facteur de 60 % à 80 % de code commun réutilisable. Elles ne nécessiteraient que 6 à 10 releases d’applications mobiles par an, alors que HTML 5 impose environ 30 % de rustines selon les navigateurs, les versions d'OS et les constructeurs...
Quant à la question du coût, le constat est que sur la durée l’application mobile native ne coûte pas plus cher, en particulier en maintenabilité, et sur sa sécurisation. Pour autant, pour le DSI comme le CDO, le ROI se mesure en années.
On regrettera que l’IoT, l’Internet des Objets, n’ai pas été évoqué. Il est vrai cependant que ce vaste sujet méritera certainement une table ronde à lui seul.
La sécurité en question
Les entreprises veulent aller vite, et c'est souvent au détriment de la sécurité. C'est ainsi que beaucoup de flux mobiles ne seraient pas authentifiés. Résultat, la sécurité c'est généralement ce qui coûte le plus cher dans un projet.
Une démarche en 3 point est proposée :
- Commencer par un assesment, une évaluation des risques
- Apporter des bonnes pratiques avec un référentiel WASP en 4 niveaux de sécurité cible
- Appliquer des règles de sécurité en fonction du contexte
Et rappelons qu'il est impossible d'atteindre le 100 % sécurisé, car demeurent la faille de l’humain et l’ingénierie sociale !
A la recherche des compétences
Entre la nouveauté des technologies, la multiplication des terminaux, des OS, des plateformes, et le besoin de travailler les interfaces UX et le design, de maitriser l'intuitif, le réactif, le tactile, il devient difficile de trouver les bonnes compétences. Au point que notre DSI témoin en appelle à l'émergence de « profils 4x4 ».
Et de conclure d'expérience en rappelant avec sagesse que « C’est bien de développer une application mobile, encore faut-il qu’elle soit utilisée... »