Les enquêtes des syndicats professionnels du numérique montrent toujours le même dynamisme en France et aux Etats-Unis. Mais la pénurie de talents IT pour l’hexagone et la «grande démission » américaine sont autant d’obstacles à lever. 

Selon une étude de Solarwinds, éditeur de logiciels de gestion, plus des deux tiers des professionnels du numérique américains  n’ont pas d’inquiétude sur la suite de leur carrière. Un optimisme tempéré par une moitié des répondants seulement qui pensent que leur entreprise dispose d’un niveau de personnel adéquat, un sentiment dû aux effets de la « grande démission ». Autrement dit, la vague de  démissions principalement aux Etats-Unis, liée à la crise du Covid et à la généralisation du télétravail. Ce phénomène a touché la France mais dans une moindre mesure. « La nouvelle enquête menée par SolarWinds indique clairement que les secteurs de l’informatique et de la technologie n’ont pas été à l’abri des défis en matière de personnel posés par ce qu’on appelle « la grande démission », ainsi que par la pandémie », confirme Thomas LaRock, Head Geek chez SolarWinds.

Plus de la moitié, soit 59% des personnes interrogées, ont indiqué que pour résoudre ces problèmes de personnel et recruter dans un marché du travail historiquement en tension, leur entreprise avait fait preuve de plus de souplesse en termes d’heures et de lieux de travail, alors qu’un tiers (33%) d’entre elles ont répondu que leur employeur avait augmenté leur salaire. Dans le même temps, lorsqu’on leur a demandé ce qui est le plus important dans leur carrière, les professionnels de l’informatique ont placé le salaire et l’équilibre travail-famille en haut de leurs priorités.

Près d’un tiers (31 %) des répondants ne pensent pas être justement rémunérés. A noter, seuls 4 % d’entre eux pensent être surpayés.

En France, un problème récurrent de pénurie de talents

Selon le syndicat professionnel du numérique Numeum, la croissance des entreprise de services numériques (ESN) et d’ingénierie et de Conseil en Technologies (ICT) est au plus haut des 5 dernières années. En 2021, les ESN et ICT ont réalisé une croissance record de 12 % mais ces bons résultats occultent les freins récurrents que sont la gestion des talents, la fidélisation et l’attractivité, dans un contexte de pénurie de profils très qualifiés dans plusieurs secteurs. Il s’agit du manque de développeurs et experts seniors, notamment dans les domaines de l’intelligence artificielle, du smart data, cybersécurité et autres.

Les objectifs de recrutement pour les entreprises en 2022 étaient ambitieux par rapport à 2021. Soit  +24 % pour les grandes entreprises par rapport à 2021, +34 % pour les ETI, +45 % pour les PME et +106 % pour les TPE. Les perspectives de recrutement à 3 ans (2022-2024) complètent  cette tendance  avec +64 % pour les Grandes Entreprises, +111 % pour les ETI, +135 % pour les PME et +340 % pour les TPE.

Des ambitions qu’il convient de tempérer fortement dans un contexte de possible récession économique, d’objectifs nécessaires de réduction de l’empreinte carbone, de prise en compte du social dans des plans RSE qui devront désormais aller au delà du «green washing » et des déclarations d’intentions.