Alors qu’il manque des profils seniors dans la plupart des métiers du numérique, la réduction des embauches dans ce secteur d’activité dues aux facteurs macroéconomiques et géopolitiques se fait désormais ressentir. Les formations dédiées ne suivent pas la demande.

Certes, les métiers de l’IT sont moins impactés que les autres secteurs d’activité par l’inflation, le conflit entre l’Ukraine et la Russie ou la fin du rattrapage post-Covid mais ils commencent néanmoins à être aussi touchés par ces facteurs extérieurs. Le rapport Gen_Scan sur les tendances de l’emploi et de la formation au numérique en France, initié par la Grande école du numérique, apporte un éclairage intéressant dans ces deux domaines. Une enquête qui repose sur de nombreuses sources, telle les données issues de l’ONISEP, celles des formations éligibles au CPF ou encore provenant du réseau
CARIF-OREF.

D’après ce rapport, il est aujourd’hui évident que les contraintes économiques et géopolitiques entrainent un ralentissement marqué dans le secteur IT, le plus dynamique de l’économie. Les entreprises font leurs comptes et réduisent la voilure en ce qui concerne les recrutements. Un coup de frein qui touche à tous les métiers du numériques. Ainsi, les fonctions liées aux données, à l’IA et aux objets connectés (IoT) qui étaient encore en croissance au début de l’année 2023 subissent un fort ralentissement des embauches
(-54 %). Une baisse qui épargne pour l’heure, les experts des interfaces, graphisme et design.

Le graphique ci-dessous détaille la nette décélération des recrutements à partir de janvier 2023, en fonction de chaque métier de l’IT.



La baisse générale des offres d’emploi est de 32 % depuis le 1er janvier, mais les métiers de la Sécurité réseau, cloud et télécoms et Gestion, Pilotage restent beaucoup moins impactés.

Sur le plan géographique, l’Ile-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes restent les plus demandeuses de profils spécialisés dans le tableau « Top 30 des besoins en talents du numérique par région » de Gen-Scan.

Les formations aux métiers du numérique ne suivent pas

D’après le rapport, la technologie exige de nouvelles compétences mais l’offre de formation traditionnelle est à la traine sur les métiers en tension (cybersécurité, cloud…). Les pratiques d’autoformation augmentent mais sont difficiles à identifier et à piloter.

Autre frein, la procédure d’enregistrement au Répertoire national des certifications professionnelles (RNCP), notamment, prend trop de temps alors que la demande est forte. Par conséquent, les organismes de formation n’ont pas accès aux financements publics dans des délais raisonnables et ne peuvent lancer des modules d’enseignement sur les nouveaux métiers.

Autre constat éclairant, les entreprises en manque de talents et plus agiles, deviennent un opérateur incontournable du marché de la formation. Ainsi, les grandes entreprises internationales du numérique, via leurs certifications, comblent le vide en formant massivement mais sur leurs propres solutions et certifications. Un problème pour la souveraineté nationale déjà bien malmenée par les hyperscalers, Aws, Azure et GCP (Google).

Alors que le développement d’une formation en présentiel est long et couteux, Gen-Scan explique que l’e-learning constitue une solution car il permet de déployer des modules de formation plus rapidement, en phase avec la large diffusion du télétravail dans les pratiques.