En 2023, pour combler le déficit de profils Tech spécialisés, les entreprises devront prendre en compte les potentiels de leurs futurs employés et être prêtes à les former pour les aider à acquérir les compétences dont elles ont besoin.

Quels que soient les conditions économiques et l’environnement fluctuant de ces années post-covid, la transformation numérique reste un impératif incontournable, qui ne consiste pas uniquement à mettre en adéquation l’outil numérique de travail en face des besoins opérationnels de l’entreprise, mais aussi les impératifs de compétitivité, d’attractivité et de résilience.

Bien sûr, outre le manque de compétences, la transformation numérique recèle ses propres difficultés, mais pâtit aussi de certains problèmes dus à des conditions actuellement incertaines dans les environnements professionnels et technologiques. La première difficulté est de gérer la complexité du multicloud et des environnements distribués. À l’heure actuelle, une majorité d’entreprises utilise plusieurs clouds pour gérer à la fois leurs services, leurs opérations et leurs infrastructures informatiques (applicatives et matérielles).  

Les difficultés de recrutement pèsent sur les décisions d’investissement

Cet état de fait et la complexité qui en découle sont certes les résultats d’une évolution historique du SI, mais aussi d’une accumulation de couches technologiques intégrée parfois dans la précipitation, pour pallier un manque ou ajouter des fonctions. Ceci a été particulièrement vrai au cours des deux dernières années, durant lesquelles différentes crises ont nécessité des adaptations dans l’urgence, comme ces entreprises qui, pour atténuer les problèmes de chaîne d’approvisionnement, se sont connectées à plusieurs fournisseurs de cloud pour qu’ils les aident à assurer la sécurité, l’évolutivité ou l’agilité.

Selon une étude publiée par Mulesoft, les difficultés de recrutement de talents informatiques influencent désormais fortement les décisions d’investissement technologique. « Alors que les responsables informatiques s’efforcent de pourvoir les rôles pour soutenir cette demande supplémentaire, le playbook traditionnel est remis en question », affirme Matt McLarty, Global Field CTO chez MuleSoft. En effet, les processus de recrutement et la manière de considérer les compétences (acquises ou potentielles), ainsi que la formation devront évoluer.  

« Il n’a jamais été aussi difficile d’acquérir des talents informatiques »

Le rapport Mulesoft 2022 IT Leaders Pulse révèle que près des trois quarts (73 %) des décideurs informatiques reconnaissent qu’il n’a jamais été aussi difficile d’acquérir des talents informatiques, et la quasi-totalité (98 %) des personnes interrogées affirment que l’attraction des talents informatiques influence les choix d’investissement technologique de leur entreprise. En somme, la disponibilité, sur le marché ou en interne, des compétences requises conditionne les investissements dans la transformation numérique.

Pire encore, outre les profils qu’on pourrait qualifier de généralistes, les entreprises devraient manquer de profils spécialisés, des spécialistes de niches technologiques. Selon Philippe Charpentier, directeur Solutions Engineering France chez NetApp, « l’adoption de plusieurs clouds par les entreprises va conduire à ce que le déficit de compétences passe d’une concurrence féroce entre les employeurs pour retenir les meilleurs talents, ce qui, selon moi était la problématique en 2022, à un problème où des compétences de niche seront nécessaires pour réussir ».  

Des profils généralistes aux spécialistes du multicloud

Selon lui, le besoin de compétence devrait se compliquer davantage, car le besoin devrait s’aggraver, obligeant les entreprises à prendre en compte les talents potentiels de leurs candidats plutôt que leurs compétences acquises. En somme, des certifications sur un ou des systèmes peuvent être nécessaires pour occuper un poste, mais elles ne sont plus suffisantes au regard des besoins des entreprises. Dans ce contexte, la constitution d’équipes qualifiées dans la gestion de plusieurs clouds devient dès lors un défi important et peut prendre du temps à développer.

Il en résultera une modification de l’approche du recrutement et de la définition des profils, qui devraient évoluer quelque peu. Les entreprises devraient ainsi favoriser les profils aux compétences étendues, pouvant travailler dans des environnements multicloud complexes. Elles iront jusqu’à prendre en compte le potentiel des candidats, en plus de leurs compétences acquises, et être disposées à fournir aux membres de leurs équipes les formations dont ils ont besoin.