Une mutation profonde de l’organisation du monde du travail est en cours en France et en Europe. La possibilité pour les salariés de prendre autant de congés qu’ils le souhaitent, dès qu’ils le souhaitent, est-elle une idée réaliste ou une simple utopie ?

Mode d’organisation issu de la Silicon Valley, le principe des congés illimités peut surprendre à l’heure des incantations à la valeur travail. Comment les employeurs et les employés envisagent ce mode d’organisation ? Tel est l’objet d’une étude de Sdworks, éditeur de solutions SIRH. Les réponses sont intéressantes dans la mesure où la flexibilité et l’équilibre vie privée-vie professionnelle deviennent une question centrale des relations de travail. Que ce soit en France (74 %) ou en Europe (77 %), les salariés les considèrent comme des éléments clés. La Croatie (92 %), la Finlande (88 %) et l’Irlande (87 %) sont les pays pour lesquels cette tendance est la plus forte.

Concernant les congés illimités, il faut préciser que cette question se limite aux start-ups ou les éditeurs de logiciels et autres secteurs similaires. A supposer que les répondants de l’étude de Sdworks soient représentatifs du monde du travail, les résultats peuvent surprendre.

En France, 46 % des salariés n’auraient pas d’avis sur la question alors que 15 % seraient contre cette proposition. Ainsi, moins de la moitié y serait favorable, aussi bien en France qu’en Europe. S’agit-il d’une intériorisation des contraintes professionnelles ou d’un scepticisme face à une idée perçue comme utopique ?

Les réponses des employeurs à l’enquête montrent plutôt leur perplexité. Un tiers est contre les congés illimités, un tiers n’a pas d’avis et un dernier tiers du panel se prononce en faveur de cette idée novatrice. D’autre part, ils sont 54,1 % à penser que les jours de congés non-pris doivent être payés contre 32,8 % qui ne veulent pas les rémunérer. Une petite fraction des entreprises (13,1 %) estimant que les jours de congés non-utilisés sont expirés de fait.

La planification des congés joue un rôle central

Sur les délais préalables de demande de congés, les réponses ne manquent pas d’intérêt. Ainsi, près de 3 salariés français sur 10 (29,4 %) les poseraient sans aucun jour d’avance. Une requête qui, on s’en doute, a bien peu de chances de recueillir l’assentiment des entreprises. Près de la moitié des répondants estiment qu’il faut au minimum 15 jours de délai ou plus pour informer son employeur.

En revanche au Danemark plus de la moitié (53,4 %) des salariés se mettraient au repos sans préavis. Une différence majeure de culture d’entreprise par rapport à la l’hexagone.

« Force est de constater que les congés illimités n’enthousiasment pas autant les salariés qu’on pourrait le croire. Entreprises comme salariés restent d’ailleurs plutôt sur la réserve vis-à-vis du concept » explique Patrick Barazzoni, Directeur Général France chez SD Worx qui met en avant l’utilité des logiciels de SIRH pour, notamment, la vérification en ligne du solde des congés payés. Un passage obligé pour assurer la flexibilité de la gestion des congés.