Malgré la pénurie de talents, les offres d’emplois dans le numérique témoignent des mutations technologiques. Derrière la fonction séculaire du support, les métiers de l’analyse de données et le développement front-end font des percées remarquées.

Les efforts initiés par les entreprises pour accélérer leur transformation numérique ne sont pas les seuls facteurs qui influent sur la demande en profils technologiques. Les mutations technologiques influent aussi sur l’avènement de nouveaux métiers, tel que les métiers de l’analyse de la donnée ou les designers UI/UX qui remplacent progressivement les développeurs web et applicatifs. Ces évolutions sont dans la nature des choses et ont été théorisées dans la formule « destruction créatrice ». La liste des métiers disparus remonte à la plus haute antiquité où les tailleurs de pointes de flèches en pierre ont été remplacés par des forgerons apparus il y a environ 5000 ans.

À cette époque, une mutation technologique comme l’avènement de l’Âge du bronze ou Âge des métaux, s’opérait sur plusieurs générations, laissant le temps aux métiers d’évoluer paisiblement. De nos jours, destruction créatrice et reconversion sont concomitantes. Dans un rapport publié en octobre dernier, le Forum économique mondial annonçait une véritable révolution numérique en soulignant que la pandémie a largement contribué à accélérer la transformation numérique et qu’elle va nécessiter d’importants efforts de reconversion pour préserver l’emploi.

Le numérique : un secteur dynamique en France 

Le moteur de recherche d’emploi Indeed vient de dresser un état des lieux de l’emploi dans le numérique en France. Dans un graphique, qui compare l’importance du recrutement dans le numérique aux États-Unis, au Royaume-Uni et en France, le nombre d’annonces est largement supérieur aux États unis qu’en France. Alors que le numérique représente plus de 5,6 % des offres d’emploi aux États-Unis, il ne pèse que 4,6 % en France.

Le numérique a du poids dans l’économie française : il représente 5,5 % du PIB français, et sa part pourrait doubler dans les prochaines années, selon une récente étude du cabinet McKinsey citée par Bpifrance. Selon la même étude, le secteur a créé 700 000 emplois en 15 ans, auxquels s’ajoutent 300 000 emplois indirects et 150 000 emplois induits.

Cette création d’emplois est en croissance permanente. D’après les chiffres d’Indeed, le poids des emplois numériques dans le stock d’emplois est passé de 3 % en 2017 à 4,6 % actuellement. Une dynamique ne repose pas seulement sur les startups, les entreprises qui recrutent dans le numérique en France sont à 87 % des acteurs du conseil et des grands groupes.

La France s’illustre dans l’analyse de données  

Quant à l’impact sur la répartition géographique des métiers, c’est sans surprise l’Île-de-France qui concentre les emplois en accaparant 40 % d’entre eux. La part de cette région dans l’ensemble des annonces y est même de 45 %, ce qui alimente la dynamique de métropolisation, puisque cette proportion est supérieure à sa part dans le stock d’emplois existants. Alors que cette région ne représente que 19 % de la population hexagonale, elle monopolise plus de 4 offres sur 10 dans le numérique. Arrivent ensuite l’Auvergne-Rhône-Alpes avec 12 % des offres et l’Occitanie avec 8 %.

À l’origine, les métiers du numérique, qui ont longtemps structuré le secteur, étaient surtout des métiers en lien avec la maintenance ou l’assistance informatique. Mais si l’on en fait abstraction et que l’on analyse les chiffres d’Indeed via l’angle des métiers du numérique les plus demandés, la France s’illustre en analyse de données, le développement UX/UI, front-end, réseaux et sécurité. En comparaison, le Royaume-Uni offre beaucoup plus d’emploi dans le back-end, la programmation et le support IT.

Les annonces disponibles sur Indeed.fr font majoritairement appel à des compétences d’analyse de données et à la programmation (près de 45 % du total), le design UX/UI, le front-end ou encore la cybersécurité et les réseaux affichant chacun un pourcentage compris entre 10 % et 16 %.

Mais, si le secteur du numérique reste dynamique, les difficultés de recrutement sont amplifiées par le déficit de main d’œuvre qualifiée. De plus, il s’avère crucial d’accompagner la reconversion de nombreux métiers. C’est l’un des objectifs du plan de relance du numérique, de 7 milliards d’euros, décidé par le gouvernement.