Les opérateurs de crypto-monnaies doivent faire face à leurs démons, les plaintes s’accumulent contre leur leader de référence Coinbase. Une reprise en main par les autorités américaines pourrait miner les technologies DLT de type blockchain.

Depuis le début de l’année, la SEC (Securities and Exchange Commission), le gendarme de la Bourse américaine, et le California Department of Business Oversight ont reçu 134 pages de plaintes d'utilisateurs de Coinbase concernant leurs problèmes avec la plate-forme américaine de crypto-monnaie, qui est pourtant une référence sur le marché.

Les difficultés dénoncées par les utilisateurs de la plateforme s’accumulent, qui ne sont pas résolues, la plateforme se montrant par ailleurs insensible aux plaintes de ses clients :

  • Difficultés à accéder à leurs fonds ;
  • Fonds expédiés d'un compte Coinbase à un autre jamais reçus ;
  • Exclusion de leurs comptes entrainant l’incapacité d'échanger ou d'utiliser leurs crypto-monnaies.

Il est important de souligner qu'en raison de leur forte volatilité, l’incapacité d'accéder à des fonds est un problème majeur lors des négociations sur les crypto-monnaies.

Victime de son succès et de son manque de maturité

En octobre 2017, Coinbase affichait 4,7 millions d’utilisateurs. Un an plus tard, ils sont 11,7 millions, soit une progression de 148 % ! Si une croissance aussi rapide (qui n'est pas une surprise en ce domaine) peut être considérée comme positive, illustrant le succès tant de l’entreprise que des crypto-monnaies, il faut aussi pouvoir l’encaisser ; et c’est probablement là que la machine a dérapé…

L’affaire est prise très au sérieux par la SEC et le California Department of Business Oversight. Ces deux organisations de supervision économique sont très certainement ravies de pouvoir mettre leur nez dans un domaine où elles peinent à réguler et à contrôler.

De son côté, Coinbase va devoir mettre les bouchées doubles pour se maintenir hors du radar des régulateurs, en donnant la priorité au service client, ce qui semble bien mal parti !

La blockchain en danger ?

La blockchain, ou plutôt les DLT (Distributed Ledger Technologies) appartiennent à ces technologies susceptibles de révolutionner le monde et de remodeler les économies mondiales. Leur valeur repose sur la capacité à centraliser la tenue des transactions, tout en supprimant la nécessité d'un tiers de confiance, en permettant à un enregistrement de rester figé entre le précédant et le suivant, et d'être confirmé par plusieurs parties ayant accès à la base de données. Entre l'amélioration de l'efficacité opérationnelle, la réduction des erreurs humaines et une meilleure conformité réglementaire, les DLT offrent à la finance une capacité d’économiser jusqu’à probablement 50 milliards de dollars.

Cela signifie qu’au-delà du Bitcoin et des crypto-monnaies, les DLT ont le potentiel de rationaliser les opérations des institutions financières réunies dans une source unique et sans intermédiaire, de renforcer la sécurité des données, d'améliorer les relations clients et de réduire drastiquement la redondance et les coûts. L’impact s’étend même bien au-delà de l’industrie de la finance.

Seulement, les organisations qui déploient les DLT, en particulier dans la finance, éprouvent des difficultés à les mettre en oeuvre, avec des problèmes technologiques mais aussi organisationnels. Et surtout nombre d’acteurs du petit monde de la régulation, comme certains Etats, aimeraient bien réguler les crypto-monnaies et les technologies qui leurs sont associées.

Il faudra donc surveiller les actes des régulateurs et demander aux acteurs de renforcer leurs modèles afin d’éviter de tomber dans les mêmes dérives que Coinbase. Il en va de l’adoption des DLT dans et hors de la finance...

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