Le rapport d’orientation stratégique du Cigref intitulé « Ruptures à l’horizon 2030-2040 » propose une vision stratégique à moyen et long terme dans de nombreux domaines IT. Notamment, l’avènement possible de l’informatique quantique, le déploiement des réseaux 6G, le recyclage des composants informatiques ou encore l’impact de l’IA sur l’organisation du travail.

Toutes les études prospectives comportent, bien entendu, leur part d’incertitude, mais elles permettent de projeter une feuille de route et inspirer les futures décisions des organisations de travail. Le dernier rapport du Cigref, l’association qui représente les grandes entreprises françaises, dresse une liste des possibles innovations de rupture. Nous en avons sélectionné 5 concernant l’IT avec ses impacts et ses usages.

La première concerne l’informatique quantique qui, d’après le Cigref, serait opérationnelle et largement diffusée à l’horizon 2030. Auparavant, il faudra cependant surmonter d’immenses défis : le nombre de « vrais » Qbits (entre 1000 et 5000 au minimum) disponibles, l’augmentation de leur temps de cohérence, l’amélioration du contrôle et de la résolution des erreurs. Idem pour les capacités à exécuter une tâche précise avec un minimum de qbits et à intriquer un maximum de qbits. Sans parler du matériel très spécifique qui est aujourd’hui dans les laboratoires. Les recherches applicatives actuelles portent sur le calcul hautes performances, la cryptographie quantique et le chiffrement post quantique.

Le déploiement complet de la 5G d’ici 2030 puis de la 6G en cours de recherche devrait favoriser l’introduction de nouveaux acteurs grâce au concept de réseau d'accès radio ouvert (Open RAN). Une rupture qui permettrait à des entreprises du domaine de tirer pleinement parti de la virtualisation, l'automatisation et la séparation des différentes fonctions du réseau d’accès radio en briques interopérables.

Autre rupture environnementale envisagée par le Cigref, le recyclage à 100 % qui concernerait en 2040 tous les composants matériels informatiques mis sur le marché européen. Le hardware informatique représente plus de 70 % de l’empreinte environnementale du numérique mais seuls 20 % des composants sont recyclés dans une filière certifiée. A ce jour, la directive RoHS fixe les limites de concentration maximale de certaines substances dangereuses dans les appareils et la directive « Batterie » impose des règles de collecte, de recyclage et d'élimination des accumulateurs usagés.

L’indépendance stratégique de l’Europe dans le numérique : une vue de l’esprit ?

La fonction régulatrice du numérique par l’Europe s’accroitrait d’ici 2040 renforçant ainsi son indépendance stratégique. Après le RGPD installé dans le paysage numérique depuis 2016, de nombreux règlements sont en cours de rédaction qui opéreront toute leur portée législative comme le DSA, l’IA Act et le Data Act qui vont réguler les usages des réseaux sociaux, des données et de l’intelligence artificielle. Le Cyber Resilience Act vise quant à lui à appliquer des normes de sécurité par défaut et par conception à tous les produits et services numériques. La mise en application du DMA, pourrait sérieusement rogner les monopoles des grands acteurs numériques et venir contrarier leurs visées monopolistiques. Enfin, face à la domination massive des hyperscalers AWS, Microsoft et Google, les prestataires de cloud européens souverains pourraient tirer leur épingle du jeu.

Les promesses et les défis des usages de l’IA

Dernière rupture de taille à prévoir, l’IA et l’IA générative. Cette dernière a conquis
100 millions d’utilisateurs en seulement deux mois et modifiera sans doute profondément l’organisation du travail. A la clé, l’amélioration des processus de travail, pour faciliter, par exemple, la prise de décisions rapides et précises et améliorer les processus de travail. Dans ce domaine, il reste encore a réfléchir très sérieusement à l’impact éthique des IA, et notamment à leur fonction profondément structurante sur la société entière, au-delà de l’entreprise.