En France, la reconnaissance professionnelle de la femme est un des grands objectifs du pays notamment lorsque la Transformation Numérique est au coeur des préoccupations des entreprises. Katia Lafaurie, DRH d’Exakis Nelite, témoigne.
Exakis Nelite est une société dont le business repose sur l’Informatique. La branche IT du groupe Magellan Partners est composée de 500 employés répartis sur le territoire français. Elle a des ambitions internationales en commençant par l’Europe et l’Afrique francophone. Sa spécificité est l’intégration de solutions Microsoft avec vocation d’accélérer la Transformation Numérique des entreprises. La cybersécurité, les IoT (Internet of Things), les données, des services cognitifs et l’Intelligence Artificielle sont parmi les solutions proposées. De par son activité et sa volonté de devenir rapidement le premier partenaire de Microsoft en Europe, l’évolution de l’entreprise repose sur un recrutement massif. Partie de moins de 300 employés il y a 5 ans, l’entreprise compte aujourd’hui 500 collaborateurs et recrute en moyenne 100 à 120 personnes par an pour tenir son objectif. L’âge moyen des employés est aux alentours de 35 ans. « Nous effectuons des recrutements importants sur un marché en pénurie. Cela fait 5 ans que j’oeuvre en tant que DRH chez Exakis Nelite et pour maintenir le rythme des recrutements, nous avons une stratégie de partenariat, de formation et de rapprochement étroit avec les écoles. » explique Katia Lafaurie.
Mais selon elle, la problématique de la place de la femme dans l’IT se joue avant le recrutement : « Nous avons 30% de femmes parmi notre effectif total. Nos employés sont essentiellement des ingénieurs de formation et ce quota de 30% ne dépend pas de nous, même si nous tâchons de le maintenir, voire de l’augmenter. Cette proportion de femmes est avant tout un problème d’ordre sociétal. La sélection s’est faite dès le choix des cursus et il n’y a déjà pas plus de cette proportion de femmes dans les écoles. » Alors comment les attirer dans ce métier ? « L’idée est de casser les préjugés liés au numérique. Nous recrutons essentiellement au sein des écoles d’informatique, et donc les profils sont très orientés Tech ou directement de formation informatique. Or dans l’esprit des gens, ce sont des geeks, des codeurs ce qui repousse la gente féminine. Mais l’informaticien n’est pas qu’un geek qui programme toute la journée. Il y a beaucoup de métiers d’accompagnement au changement pour la mise en oeuvre de nouvelles solutions au sein des entreprises et c’est d’ailleurs là, notre métier. Il y a également de l’Intelligence Artificielle qui est attractive. Il faut davantage valoriser ce métier et le rendre plus attractif. D’ores et déjà il existe des actions de ce genre avec, par exemple, l’Ecole 42 ou la Grande Ecole du Numérique. Toutes les deux agissent pour la reconversion professionnelle et déploie des efforts en faveur d’une féminisation du recrutement. »
Du côté d’Exakis Nelite, ce sont des stratégies qui passent, entre autres, par le partenariat. « Il y a moins d’un an, nous nous sommes associés avec Microsoft pour la partie certification et l’école d’informatique à caractère social Simplon qui s’occupe de jeunes et de femmes, tous demandeurs d’emploi en reconversion. C’est un moyen pour nous d’intégrer des femmes et ce qui nous a permis de remplir notre objectif de 30% minimum au sein de nos effectifs. »
En dehors des associations avec des écoles, la société implantée dans plusieurs régions intervient également en local : « je témoigne non seulement au sein des écoles mais également auprès de pôle emploi. J’organise des Tables Rondes ou participe à des conférences pour promouvoir le métier mais également la place des femmes. Les réseaux féminins sont aussi des moyens de parvenir à nos fins, notamment avec une participation active au sein du Syntec. Mais l’intervention doit se faire avant le choix du cursus et donc nous essayons également de plus intervenir dès l’enseignement secondaire.»
La stratégie d’Exakis Nelite ne s’arrête pas là. Au vu de la population assez jeune dans ses rangs un certain nombre d’avantages ont été mis en place pour conserver sa gente féminine. « Au retour des congés de maternité de nos employées, nous faisons un point et leur proposons des formations pour mettre à jour leurs compétences et connaissances. Nous encourageons de façon générale le télétravail afin que nos collaborateure conservent un équilibre vie privée-vie professionnelle. Et nous avons également un système de crèche d’entreprise sur site. Pour éviter les problèmes de harcèlement ou de sexisme, nous avons mis en place un système de référents professionnels. Enfin nous avons établi officiellement un accord égalité homme-femme en termes de recrutement, rémunération et formation. »
Un témoignage qui ouvre la voie. Pour rappel, toutes les entreprises qui se sont engagées dans des stratégies paritaires Homme-Femme ont constaté des bénéfices en hausse de 5 à 20% avec une majorité entre 10 et 15% d’entre elles (lire l’article Egalité des genres dans la Tech et au Board : encore du boulot)