Après la pandémie de Covid qui a poussé à l’explosion du télétravail, les entreprises ont organisé le retour au bureau avec l’aide de la DSI, même si le travail à distance est désormais intégré aux conditions de travail. Reste le problème récurrent de l’attention, surtout pour les tâches qui réclament de la concentration comme celles effectuées par les développeurs ou les responsables IT. L’étude mondiale « A la recherche de l’attention perdue » publiée par Dropbox et qui porte sur 10 pays dont les Etats-Unis, les pays européens, le Japon et l’Australie, apporte des données instructives sur ce sujet.
Ainsi, 42 % des travailleurs intellectuels ne passeraient généralement pas plus d'une heure sur leur lieu de travail productif sans interruption des tâches en cours. La faute à la gestion des emails que l’étude évalue à 18 minutes par jour, soit une perte annuelle d'environ
72 heures par salarié. Conséquence, le temps passé à se concentrer à nouveau après des interruptions s'accumule inexorablement et devient problématique.
La « réunionite » n’est pas nouvelle et calculé sur une base annuelle elle représenterait aujourd’hui 79 heures perdues, soit près de 12 000 dollars par travailleur et par an. Les salariés sur site citent les interruptions en face à face comme la pire des distractions, tandis que les travailleurs à distance mentionnent les tâches ménagères et les demandes privées. Les distractions touchent plus souvent les cadres que ceux qui se trouvent plus bas dans l'échelle de l'entreprise, un déficit d’attention dont les pertes sont évaluées à
37 000 dollars par an pour les cadres contre 21 000 dollars pour leurs équipes.
L’IA et les outils d’automatisation ne sont pas suffisants
Certes, la panoplie d’outil de RPA (Robotic Process Automation) ou l’IA peut améliorer les gains de productivité mais ce ne sont pas des baguettes magiques. Il faut aussi prendre en compte les conditions de travail et la qualité du dialogue dans les organisations qui impactent la capacité de concentration et, partant, la productivité.Le graphique ci-dessous résume les réponses du panel de l’étude sur le rôle des technologies dans les divers aspects du travail. Pour 79 % des répondants, ces outils améliorent la productivité, pour 75 % d’entre eux les tâches répétitives. Ils sont 73 % à mentionner la qualité du travail. Reste à quantifier et qualifier précisément chacun de ces trois items, une tâche qui n’est pas aisée.
Les médias sociaux, les achats en ligne, etc. représentent une perte moyenne de 151 heures de concentration par an pour l’enquête 2023 de Dropbox contre 132 heures dans notre rapport 2020 soit la plus forte augmentation. Malgré les limites de l’étude menée par Economist (biais, déclaratif, taille de l’échantillon, etc.), cette enquête a le mérite de préciser les contours d’un problème majeur dû, notamment, à la présence généralisée d’internet.