Grâce au télétravail, la majorité des collaborateurs a franchi un cap dans la transformation numérique et une adoption massive des outils collaboratifs s’est opérée à la faveur du premier confinement. Désormais, c’est un accompagnement plus spécifique et personnalisé qui fera progresser les usages.
Une année de télétravail a complètement retourné le paradigme de l’open space qui était le mantra des décideurs depuis des dizaines d’années. La nouvelle culture du travail hybride induit de nouvelles aptitudes à la communication et à la coopération à distance. Une combinaison qui ne va pas de soi, car les milieux professionnels ont toujours fonctionné sur des modèles pyramidaux de présentiel et de micro management assidu, pour ne pas dire pesant. Désormais, ce sont des accompagnements plus spécifiques et personnalisés qui feront progresser les usages collaboratifs avec notamment l’émergence de nouvelles pratiques liées au management des équipes en mode de travail hybride.
« Cette année singulière aura certes été difficile pour tous et en particulier pour les fonctions managériales. Dans le même temps, si nous voyons le monde avec optimisme, elle aura également été un fabuleux accélérateur et un révélateur pour chacune et chacun. Aussi, cela se répercute forcément dans nos aspirations personnelles, et donc professionnelles. Ce baromètre n’a probablement jamais été aussi riche d’enseignements qu’en ce millésime ».
Ce sont les mots de Marc Sabatier, président de Julhiet Sterwen, qui décrit les conclusions du dernier Baromètre Digital Workplace 2021. Pour la 5ème année consécutive, Julhiet Sterwen a collaboré avec l’IFOP pour mesurer, en interrogeant 1200 collaborateurs, dont 350 managers, comment les collaborateurs et les managers des entreprises perçoivent l’évolution de leur expérience.
Revoir les moteurs de l’engagement…
Bien que 63 % des répondants estiment que le digital a un impact positif sur l’entreprise, les bénéfices tendent à se cristalliser autour du collectif au détriment de l’individuel. À titre individuel, 60 % d’entre eux voient un impact positif du digital pour eux-mêmes. Seule une minorité des répondants estime que les liens au sein des équipes se sont renforcés grâce au digital. Bien que ce résultat soit en hausse de 8 points par rapport à 2017, il appelle à considérer les évolutions des moteurs de l’engagement au sein des organisations.
En somme, créer des expériences sans friction et responsabiliser les employés via les outils numériques pour permettre au management d’amorcer un changement de culture positif sont les principaux défis pour contrer le désengagement des employés provoqué par la distanciation.
… entre lâcher prise et responsabilisation
Par ailleurs, le clivage entre deux types de managers se fait de plus en plus sentir sur ces 3 dernières années. Une partie de la population managériale se trouve dans l’obligation d’opérer un lâcher-prise sur ce qui a longtemps été sa raison d’être, alors que l’autre partie se sent à l’aise et s’inscrit déjà dans la dynamique hybride, renforcée par les atouts du digital.
En effet, le Baromètre révèle que 77 % des managers pensent que, grâce au digital, ils peuvent rendre leurs collaborateurs plus autonomes et, en même temps, ils estiment qu’il génère un sentiment de perte de contrôle de plus en plus fort. Cependant, cette année, ils sont 53 % à estimer avoir moins d’influence et d’impact sur leurs collaborateurs. En effet, seuls 55 % des managers pensent que le digital les mène vers une posture de manager coach, soit une baisse de 7 points.
Outils numériques : développer et pérenniser les usages
Les nouveaux modes de collaboration en distanciel via les réunions en visioconférence et les outils collaboratifs sont entrés dans les usages avec plus ou moins de difficultés au départ. Le principal enjeu après cette période d’adoption repose sur le développement de ces usages afin de les pérenniser et ainsi, optimiser l’intégralité de leur valeur ajoutée. « Pourtant, pour percevoir toute la valeur des outils collaboratifs, il est essentiel que tout le monde y adhère », explique le rapport.
Passée la première période de confinement, 44 % des collaborateurs et 50 % des managers ont continué à utiliser les outils numériques. Néanmoins, une partie des travailleurs reste sur le bord du chemin, car elle ne dispose pas d’outils collaboratifs numériques : 37 % de managers et 51 % de non-managers, en hausse depuis 2019, contre seulement 29 % des managers l’année dernière. « Le numérique n’a donc pas tenu toutes ses promesses pour certains », estime le rapport.
Empêcher la transformation à deux vitesses
Une partie des managers est moins convaincue qu’avant que les outils numériques vont lui permettre de mieux animer ses équipes. « L’explosion de l’usage des outils digitaux n’est donc pas corrélée avec leur sacralisation », affirme le rapport. Dès lors, les nouveaux enjeux tendent vers un meilleur accompagnement des managers et des collaborateurs à ces nouveaux usages afin de lutter efficacement contre la fracture numérique.
Il s’agit à terme de prévenir « le risque de décrochage ou de transformation à deux vitesses entre les personnes pour qui les usages collaboratifs se sont intensifiés et celles qui en sont exclues. Dès lors, on comprend bien qu’après l’adoption de masse se pose le sujet plus fin de l’adhésion des différents publics aux usages spécifiques et personnalisés pour atteindre une transformation numérique pérenne », conclut le rapport.