Même pendant les perturbations économiques provoquées par la pandémie, la demande de talents en matière d’IA est restée forte. La formation ne produisant pas assez de spécialistes du domaine, les entreprises en sont réduites à limiter leurs projets en attendant des jours meilleurs.

D’après IDC, le marché de l’IA devrait connaître une croissance continue dans les prochaines années. Les revenus mondiaux liés à ce secteur devaient représenter156,5 Mds$ en 2020 soit une augmentation de 12,3 % comparé à l’année 2019. Ce chiffre devrait doubler à l’horizon 2024 pour atteindre 300 Mds$. Ainsi, malgré une année pour le moins bizarre, le rythme d’adoption de l’IA n’a pas fléchi. Cependant, la France montre un taux d’adoption un peu moins soutenu que par rapport à la moyenne européenne, soit 36 % contre 42 %.

Cette croissance crée un appel d’air en termes de recrutement qui ne trouve pas de candidats et, par conséquent, freine l’adoption de l’IA. D’après les sources citées dans un livre blanc consacré au sujet par Michael Page, 57 % des entreprises européennes citent la difficulté à recruter des profils ayant les compétences adaptées, 45 % citent le manque de compétences en interne.

Une impulsion gouvernementale salutaire

« En 2020, nous avons observé une hausse de 40 % des recrutements dans l’IA et la Data en France, et nous nous attendons à une croissance continue de ces métiers émergents dans les années à venir. Alors que nous constatons déjà un déficit structurel de compétences dans ces domaines, le manque d’adéquation entre l’offre de formation et ces évolutions technologiques risque fort d’impacter le développement des entreprises », analyse Sacha Kalusevic, directeur senior chez Michael Page Technology.

D’après Sacha Kalusevic, plusieurs critères permettront à la France de remédier à ce retard.« L’impulsion donnée par les gouvernements sera déterminante, explique-t-il. Par ailleurs, il s’agira d’amorcer une réflexion plus globale sur les règlementations en matière d’utilisation des données, particulièrement prégnantes en France et en Europe, mais peu contraignantes dans des pays comme la Chine ou les États-Unis ».

Aussi, la question de l’acquisition des compétences et des talents de l’IA, intrinsèquement liée à celle des investissements, sera cruciale. « On enregistre en effet des différences conséquentes en matière de financements et de formation entre les pays aujourd’hui “à la pointe” et la France », ajoute-t-il.