La Chine serait actuellement en train de chercher un moyen pour créer l’image du visage d’une personne à partir d’un échantillon ADN. Des scientifiques chinois auraient réalisé récemment une vaste campagne de collecte d’ADN auprès d’une centaine de Ouighours à Tumxuk, une ville se trouvant à la frontière occidentale de la Chine dans la région de Xinjiang. Toutefois, cette situation a créé la controverse, car la communauté Ouighours, la minorité musulmane de Chine, subit depuis plusieurs années l’oppression des autorités locales. Plusieurs scientifiques et activistes des droits de l’homme craignent que le profilage par ADN puisse favoriser la discrimination raciale. Certains experts estiment que la Chine pourrait intégrer les images issues d’un échantillon ADN à ses systèmes de surveillance de masse et de reconnaissance faciale que le pays serait en train de mettre en place. Suite aux critiques concernant les collectes d’ADN auprès des Ouighours, la Chine a déclaré que ses scientifiques ont suivi les normes établies par les associations internationales de scientifiques. Selon eux, les Ouighours auraient donné leur sang de leur plein gré. Toutefois, certaines personnes qui ont fui le pays ont déclaré que cette communauté n’a pas vraiment le choix en Chine car le gouvernement local recueille les échantillons dans le cadre d’un programme de bilan de santé obligatoire. De plus, certaines personnes appartenant à cette minorité ethnique sont placées dans des camps d’internement dont deux se trouvent à Tumxuk. De nos jours, la Chine utiliserait déjà la technologie de reconnaissance faciale pour catégoriser les citoyens en fonction de leur appartenance ethnique. La création de visage par ADN permettra de compléter cette innovation dans un futur proche. Cependant, Mark Munsterhjelm, professeur adjoint à l’Université Windsor en Ontario, a déclaré que la Chine est actuellement en train de concevoir un outil destiné pour traquer certaines personnes.

Le processus de phénotypage de l’ADN permet aux scientifiques d’analyser les gènes d’une personne pour détecter certaines caractéristiques comme la couleur de la peau, la couleur des yeux et l’ascendance. De nos jours, quelques entreprises et scientifiques sont en train de chercher un moyen pour créer des images faciales à partir d’un échantillon ADN pour identifier les criminels et les victimes. L’année dernière par exemple, la police du Maryland a pu identifier une victime d'un meurtre en ayant recours à cette méthode. La police de Caroline du Nord a également arrêté un homme en 2015 après que son ADN ait révélé qu’il avait la peau claire, des cheveux noirs, des yeux bruns ou noisette et un peu de taches de rousseur. Malgré ces innovations, les experts restent encore sceptiques quant à fiabilité du phénotypage ADN car l’ADN ne permet pas d’identifier certains facteurs concernant l’apparence physique d’une personne comme l’âge ou le poids. En effet, l’ADN permet de connaitre le genre et l’ascendance, mais les résultats peuvent être aléatoires quand il s’agit de générer une image spécifique comme un visage.

Mise à par la collecte d’ADN auprès de la communauté Ouighours, la Chine possèderait actuellement la plus grande base de données ADN au monde avec plus de 80 millions de profils recensés selon les médias chinois. Les autorités chinoises ont fait appel à des scientifiques chinois ayant des liens avec des institutions occidentales pour réussir à générer un visage à partir d’un échantillon d’ADN. Tang Kun, un spécialiste de la diversité génétique à l’Institut de Shanghai en fait partie. De plus, l’établissement dans lequel il travaille a été fondé en partie par la société Max Planck, un groupe allemand spécialisé dans les recherches de pointe. Il y a également Liu Fan, un professeur à l’institut de génomique de Pékin qui est également professeur assistant auxiliaire au Centre médical universitaire Erasmus aux Pays-Bas. Les deux scientifiques ont été cités comme étant les auteurs d’une étude sur les visages Ouighours publié par l’Académie chinoise des sciences en 2018. Ils auraient également participé à une étude sur des échantillons ADN prélevés auprès de 612 Ouighours à Tumxuk dans un ouvrage publié en avril par la revue « Human Genetics ». Toutefois, les Instituts européens partenaires des deux scientifiques chinois ont déclaré qu’ils ne pouvaient pas être tenus comme responsables des recherches effectuées par ces derniers.

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