Dans une période largement bouleversée par des disruptions technologiques et une crise sanitaire globale, l’évolution des aspirations des travailleurs vers plus de bien être rebat les cartes du recrutement. Les métiers du numérique sont en tension et les besoins spécifiques des régions diffèrent.

Bien avant la survenue de la pandémie, les tendances du recrutement dans les métiers de la Tech étaient façonnées par les nouveaux modes de travail en mobilité et les nouvelles technologies. La pandémie n’a fait qu’accélérer cette dynamique, mais avec un facteur supplémentaire qui n’était pas prévu. Le premier confinement ayant été, après le choc de sidération, l’occasion d’une grande remise en cause des modèles de vie et de travail, les valeurs attachées au travail ont radicalement évolué. Opérant un recentrage sur les valeurs de bien-être et d’épanouissement personnel, les candidats ont sérieusement revu les conditions auxquelles ils seraient prêts à rejoindre une entreprise.

Aujourd’hui, le lieu de travail et les horaires fixes font partie de l’histoire. Les candidats jugent la valeur d’un poste sur différents critères comme le respect du bien-être des salariés, l’attractivité de l’entreprise comme employeur responsable (politique ESG, soft skills, diversité et inclusion…). Désormais, ces critères comptent autant que les avantages sociaux et le salaire. De fait, les entreprises actionnent tous les leviers pour séduire, quitte à proposer des conditions mirobolantes dans une surenchère qui s’apparente à une fuite en avant. Dans leur précipitation, elles oublient qu’il est plus pérenne d’apporter du sens et des valeurs humaines.

Recherche DevOps désespérément

Dans une étude sur l’évolution des métiers du numérique en tension en 2021 et sur les besoins spécifiques dans les différentes régions françaises, la Grande école du numérique (GEN), le réseau de formation aux métiers du numérique, révèle les profils les plus recherchés par les recruteurs. La GEN a établi le top 15 des métiers du numérique les plus recherchés sur un panel de 55 métiers, en septembre 2020 puis en octobre 2021. Il s’agit des métiers numériques accessibles sans prérequis académiques, auxquels chacun peut se former grâce aux formations du réseau GEN.

Sans surprise, c’est le métier de DevOps qui a connu en France l’évolution la plus importante, passant de la 3e à la 2e position des métiers les plus recherchés par les recruteurs. Ce métier, relativement récent, demande à la fois des compétences en développement (Dev) et en mise en place de process ou opérations (Ops). Poste charnière, il permet aux différentes équipes de collaborer sur les projets et à l’entreprise de gagner en efficacité.

Une autre évolution démontre que la tendance de l’utilisation de la donnée et de l’analytique progresse dans les entreprises. Ainsi, les métiers de data analyst, digital business développeur et designer UX/UI connaissent une forte progression entre 2020 et 2021. Les demandes de recrutement de digital business developper, également surnommé « Bizdev » de l’entreprise, progressent de plus de 30 %. Ce métier consiste à identifier les leviers de croissance numériques pour développer le chiffre d’affaires de l’entreprise. En région, les besoins diffèrent quelque peu. Les développeurs Full Stack (6 289), les DevOps (4 695) et les digital business developer (4 156) sont les métiers les plus en tension.

À chaque région ses besoins

C’est cependant l’Île-de-France qui a les plus gros besoins. Première région économique, à la pointe de la recherche de l’innovation, elle concentre en effet l’essentiel des emplois et des établissements numériques ainsi qu’un écosystème de startups très dynamique. Les métiers concernés sont : développeurs full stack (2 494 postes vacants), data analystes (802 postes) ou encore chefs de projet (250 postes). Derrière l’Île-de-France, la région Auvergne-Rhône-Alpes arrive en second. Le numérique représente 4 % des emplois dans cette région, avec plus de 4 000 startups et 10 000 emplois à la clé.

Auvergne-Rhône-Alpes a fait du développement de l’écosystème numérique l’une de ses priorités, avec notamment la création du Campus Région du numérique dans la métropole lyonnaise. Elle se place en 2e position, après l’Île-de-France, pour les recrutements de DevOps (517 postes vacants) et les développeurs Front End (264 postes).Enfin, grâce à un écosystème qui compte quelques grandes entreprises du numérique, comme OVH, ainsi qu’un écosystème dynamique de 10 incubateurs, 15 clusters et 8 pôles de compétitivité la région Hauts-de-France arrive en troisième position. Ce sont principalement les profils de chefs de projet web & digital (188 postes) et de data analyste (145 postes) qui sont recherchés.