Kubernetes, la plateforme de gestion de conteneurs opensource et cloud native, est une réelle révolution pour les entreprises, plus particulièrement pour celles qui sont à la recherche d’une plus grande cohérence entre les différentes plateformes pour leurs phases de développement, de test et de production. D'ailleurs, l’IA et le machine learning, appliqués à Kubernetes, soulèvent déjà des questionnements, bien que loin d’être essentiels à ce stade. Les équipes informatiques sont-elles menacées par ces technologies ? Ces dernières sont-elles amenées à les remplacer de par leur capacité à « orchestrer » et à « automatiser » la gestion d’environnements de conteneurs ? Toutefois, les opportunités créées par les nouvelles technologies sont supérieures à celles qu’elles ne suppriment. En matière de décisions d’achat, les développeurs bénéficient déjà d’une indépendance ainsi que d’une importante liberté et influence. Un rapport indique que la part de développeurs estimant exercer une importante influence, voire une influence totale, sur ces types d’investissements s’élève à70 voire 79 %. De plus, ces technologies de nouvelle génération attirent plus de personnes qu’elles n’en remplacent, comme le prouve l’augmentation du nombre de développeurs cloud native. Une raison de cette hausse pourrait résider dans le fait qu’elles sont également synonymes de croissance professionnelles ; une étude Red Hat révèle que40 % des développeurs déclarent que le développement d’applications containerisées est un facteur clé pour l’évolution de leur carrière.

Gagnant en rapidité et en automatisation, ces cycles de développement couplés à la mise en service généralisée de conteneurs engendrent davantage de dépenses et de données. Se pose alors la question de la responsabilité de la gestion et de la limitation du coût de ces plateforme. Qui est en charge de traiter et de protéger les très grands volumes de données ? La réponse : des personnes hautement qualifiées.

Généraliser le développement

Sans le passage par une phase de formation et d’expérimentation, le déploiement et l’administration de Kubernetes serait impossible, à l’image de toute technologie disruptive. Pour les entreprises, c’est désormais le début d’une nouvelle période à la fois passionnante et frustrante du déploiement. La capacité de Kubernetes à regrouper tous les conteneurs au sein d’une même application en unités logiques est grandement reconnue par les équipes informatiques. Grâce à cette approche, elles sont en mesure de mettre en service et à l’échelle des applications plus rapidement, tout en diminuant le risque d’erreur humaine.

Cependant, il ne faut pas se limiter à ce que Kubernetes peut faire, mais aller plus loin pour voir ce qui peut être réalisé à plus grande échelle. La démocratisation et la commercialisation d’infrastructure pour les développeurs de logiciels placent Kubernetes au cœur des applications modernes et cloud natives, car la technologie est compatible avec presque toutes les plateformes et laisse les applications être exécutées presque librement entre elles.

Grâce à cette flexibilité, les équipes informatiques pourraient gérer l’ensemble de leur infrastructure via Kubernetes au lieu de gérer les conteneurs, les machines virtuelles, le cloud et les solutions SaaS en utilisant différentes couches. Les conséquences de capacité de gestion aussi performante sont nombreuses et concernent notamment le degré de contrôle que les équipes exercent véritablement sur leur infrastructure. Pour les entreprises, cela pourrait avoir des conséquences sur la gestion de leurs dépenses et des questions de conformité de leurs données avec la règlementation en vigueur, mais aussi élargir considérablement le champ des possibles et améliorer la rapidité des cycles de développement logiciels et applicatifs. Il existe bien d’autres façons dont Kubernetes pourrait accélérer la création de valeur des services informatiques au sein d’une entreprise, tout en renforçant la valeur intrinsèque des compétences informatiques.

Le retour de l’informatique sur les bancs de l’école

Dans l’optique de tirer parti de l’ensemble des opportunités que Kubernetes offre, il est essentiel que les équipes informatiques soient équipées de l’autorité, des outils et des compétences nécessaires. Les entreprises mondiales qui n’utilisent pas déjà cette technologie en production sont soit occupées à la tester activement ou prévoient de l’adopter prochainement. Pour continuer sur cette voie, les professionnels doivent non seulement continuer à miser sur leurs compétences, mais aussi les questions suivantes, identiques à celles que l’on se pose pour toute autre plateforme :sur quoi repose-t-elle ? Comment implémenter l’architecture nécessaire et adaptée? Qu’il s’agisse de l’infrastructure ou de la plateforme, le plus important n’est pas de savoir s’il s’agit d’applications individuelles ou de défis spécifiques liés aux environnements physiques ou virtuels, au cloud, à Kubernetes, ou encore à l'écosystème cloudnative dans son ensemble. Des avantages et des inconvénients sont présents dans chaque situation, et les entreprises effectuent toujours le déplacement de leurs charges de travail les plus critiques vers des plateformes optimisées. Il est nécessaire d’avoir conscience que toute plateforme engendre des risques, même celles créant continuellement des opportunités à l’image de Kubernetes. Les pertes de données sont toujours monnaie courante et la disponibilité ou la réplication ne permettent pas de résoudre ces problèmes. La nécessité de disposer d’une solution de sauvegarde et de protection des données compatible avec le large éventail de piles d’applications et de méthodes de déploiement est toujours bien présente. Cette protection pourrait s’intensifier sous l'effet de la mise en production d’un nombre croissant d’applications de conteneurs dites « stateful » et du besoin d'assurer une protection holistique des données–c'est-à-dire de manière native au sein du conteneur et non plus « seulement » dans le répertoire de stockage. Il en sera de même des besoins en matière de sauvegardes natives pour les tiers.

Les plateformes Kubernetes et cloudnatives ne représentent probablement pas une solution aux problèmes actuels ou futurs. Toutefois, il est essentiel que les équipes informatiques prennent conscience de leurs capacités et de leurs avantages comparatifs pour prendre des décisions mesurées. Si elles sont loin d'être effrayantes, elles ne sont pas plus complexes que toutes celles qui sont utilisées depuis des années, et sont, elles aussi, capables de grandes choses–voire même davantage... Néanmoins, il reste nécessaire de sauvegarder et de protéger chaque donnée. Dans un contexte d’accélération et d’amélioration de la qualité des cycles de développement des applications et de la commercialisation de nouvelles fonctionnalités, de nouveaux services et de nouveaux produits, les équipes qui parviennent à tirer le plus de bénéfices du potentiel de Kubernetes ont tout à y gagner. Dans un monde idéal, Kubernetes ne servirait pas seulement à rendre le développement d’applications plus rapide et plus efficace, mais serait aussi utilisé pour orchestrer d’autres secteurs d’activité, des machines virtuelles, des services IaaS basés dans le cloud ou encore d’autres workloads et ce, à partir du même moteur d'orchestration.

Par Stéphane Berthaud, directeur commercial technique chez Veeam