La pandémie de la Covid19 a démontré l’importance du numérique dans le domaine de la santé. Les téléconsultations entre patients et médecins ont été démocratisées. Ce nouveau format de consultation d'un professionnel de santé a été facilité par des applications de prise de rendez-vous comme Doctolib. On observe par exemple que ces services sont extrêmement utiles depuis le début de la campagne de vaccination, où la réservation du créneau horaire passe principalement par le biais d’internet. D’autre part, cette crise a fait ressurgir les inégalités face à l’accès à la technologie ; tout le monde n’a pas l’accès ou la capacité d’utiliser des outils numériques. Alors comment les services de santé peuvent-ils s’assurer que l’accès aux services soit homogène à l’ensemble de la population au-delà des inégalités numériques ?
Le fossé numérique
Au cours des 12 derniers mois, 1,4 million de Français ont commencé à utiliser Internet et 29 % pensent avoir amélioré leurs compétences numériques pendant le confinement. S’il s’agit d’une bonne nouvelle, l’étude de l’INSEE de 2019 montre également que 15 % de la population restent éloignés du numérique et n’utilisent pas Internet. Près de 38 % déclarent manquer de compétences, phénomène également appelé illectronisme.
La fracture numérique n’est pas un phénomène nouveau. Les séniors sont les principaux exclus du monde numérique : on constate que plus une personne est âgée, plus elle est susceptible de ne pas avoir accès aux technologies digitales. A ceux-là s’ajoute 34 % des Français peu ou pas diplômées qui se déclarent déconnectés de cette avancée. Si l’exclusion numérique touche particulièrement les séniors de par la nécessité de mobiliser des compétences générationnelles, les Français les moins diplômés et précaires sont quant à eux victimes du coût d’acquisition du matériel.
Ces inégalités ont été misesen évidence pendant la pandémie, où l’accès aux soins, aux vaccins et aux tests s’établit dans des systèmes en ligne complexes.
Alors que la pandémie amène lentement mais sûrement les services de santé à s’orienter vers les avantages de la transformation numérique, on craint de plus en plus que cette fracture numérique ne s’accentue encore. Aussi, le gouvernement Français mise sur les campagnes d’information et de formation pour favoriser l’apprentissage et l’inclusion numérique.
Garantir l’accès pour tous
Que peuvent donc faire les services de santé pour garantir l’accès aux informations à tous les patients ?
La feuille de route de l’Agence du Numérique en Santé démontre l’engagement de la France à fournir des informations et des services par voie numérique, car cela peut signifier un meilleur accès aux informations et aux soins, une plus grande commodité et davantage de possibilités de contrôle de la santé des patients et des soins partagés. Pour le système de santé, la santé numérique peut se traduire par une prestation plus efficace, de meilleurs résultats et une réduction des coûts. Souvent, les personnes qui pourraient bénéficier le plus des services numériques sont les moins susceptibles d’être en ligne, c’est par exemple le cas des personnes âgées, pour qui les soins de suivi peuvent être récurrents.
Bien que les avantages d’une meilleure inclusion numérique soient indéniables, les efforts visant à réduire les inégalités face au numérique doivent tenir compte de l’expression « dès que cela est possible ». En effet, si le digital présente des avantages conséquents, notamment en termes d’efficacité, le fait d’être connecté peut également présenter des inconvénients certains. Les escroqueries, la cybercriminalité, les fausses informations ne sont que quelques-uns des dangers auxquels les personnes vulnérables peuvent confrontées et qui auraient des conséquences importantes. Ne pas être connecté peut-être un choix de vie, et si la transformation numérique du secteur de la santé améliore les soins aux patients et réduit les coûts, les services doivent continuer à soutenir ceux qui, par choix ou par nécessité, dépendent des solutions de santé classiques.
Le papier : pont entre parcours classique et numérique
Il est important de soutenir à la fois les modes de travail numériques et physique. Tous les prestataires de soins n’utilisent pas des systèmes numériques ou en ligne pour classifier leurs dossiers. Lorsqu'ils partagent des informations avec des hôpitaux et d’autres professionnels de soins, le fait de n’utiliser que des systèmes analogiques risque de compliquer les processus, ce qui peut entraîner des retards et créera des tâches supplémentaires. Envisager de manière proactive des solutions qui prennent en charge les deux tendances de travail permet de relever ces défis avant qu’ils n’aient un effet négatif sur le suivi des patients.
Le rapport de 2019 établi par l’inspection générale des affaires sociales dévoile l’intérêt de développer des solutions hybrides numériques et analogiques de communication pour enregistrer les dossiers des patients afin de limiter la fracture numérique. L’utilisation de documents imprimés avec les patients peut, par exemple, compléter les options de courrier électronique, de téléphone et de SMS pour garantir à chaque patient un accès aux informations. Ces systèmes hybrides ont, par exemple, étaient mis en place pour la campagne de vaccination : prise de rendez-vous facilitée par les plateformes internet puis impression de la fiche de soin ou numérisation du QR-code. À travers ces dispositifs, l’État s’adapte aux spécificités de chacun.
Des dispositifs existent et garantissent un moyen de communication adapté à tous. Les plateformes basées sur le cloud computing se connectent à d’autres systèmes en ligne et permettent également d’effectuer des impressions. Il s’agit d’outils tout en un, particulièrement utiles dans les hôpitaux et les cliniques qui accueillent des populations ayant un faible accès à Internet, qui facilitent l’échange d’informations et de conseils, dans un format accessible à la patientèle.
Si l’on ne peut se projeter sur ce que deviendra le monde post-pandémie, on peut néanmoins affirmer que les consultations en matière de santé sont plus accessibles que jamais et que la demande pour cette facilité d’accès se poursuivra pour ceux qui y ont accès et qui trouvent cela appropriée ; en témoigne le boom d’entreprises ayant eu recourt à ce service en 2020. En attendant que cela devienne universel et que les compétences et le taux d’équipement montent en puissance, les services de santé ont toujours besoin de faire le lien entre le monde analogique et le monde numérique.
Par Etienne Maraval, Directeur Marketing EMEA SouthWest de Lexmark