Il ne fait aucun doute que les services de cloud computing constituent un élément critique d'une infrastructure digitale résiliente. En effet, de nombreuses entreprises IT ont adopté le "cloud first" comme stratégie principale pour leur infrastructure et leurs applications. Une approche d'autant plus pertinente que les services cloud, de type IaaS, SaaS ou PaaS, offrent la flexibilité, l’élasticité, la vélocité et la facilité de gestion qui répondent aux exigences du modèle économique du numérique.

Résultat : on constate de fait que les échanges, les utilisateurs finaux, les flux et charges de travail sont de plus en plus nombreux à dépendre de ces services cloud. Par ailleurs, l'expérience numérique de l'utilisateur final, mesure ultime de la qualité des services informatiques, est de plus en plus déterminée par les services de cloud public, et non par les systèmes privés. En effet, dans de nombreuses configurations, la mesure, la surveillance et la gestion du cloud sont devenues aussi importantes, ou plus encore, que l'exploitation et le contrôle des systèmes sur site. Dans ce cas, l'observabilité avancée des services cloud joue un rôle primordial dans la conception d'une infrastructure réseau à la fois résiliente, réactive et mâture.

Faut-il s’inquiéter ? Le cloud n’est-il pas censé tout simplifier ?

Une approche basée sur le cloud présente de nombreux avantages. Mais ces succès sous-tendent des défis. Et ces défis peuvent se développer de manière exponentielle à mesure que l'utilisation du cloud augmente. Les résultats de l'enquête mondiale IDC ont indiqué que les budgets IaaS et SaaS ont fortement augmenté pour 2021 par rapport à 2020. D'après Mark Leary, Research Director for Network Analytics and Automation chez IDC « Même avec ces budgets accrus, les dépenses réelles en IaaS et SaaS en 2021 excédaient les budgets prévus dans plus de 40 % des organisations. Ces chiffres traduisent non seulement une augmentation de la dépendance aux services dans le cloud, mais aussi, à coup sûr, de la multiplication des fournisseurs de services dans le cloud actifs au sein même des réseaux des entreprises clientes. On assiste donc à une croissance exponentielle des besoins de surveillance des services et des exigences de gestion liées aux pratiques et aux outils propres à chaque fournisseur. Pour chaque service cloud, il existe un ensemble de responsabilités et d'exigences uniques. »

Une plus grande complexité du cloud

N'est-ce pas ironique de constater que la tendance à la complexité de l'environnement de cloud hybride s'accompagne d'une forte ruée vers un environnement multi-cloud, encore plus complexe ? La structure multi-cloud est motivée par plusieurs considérations clés pour les utilisateurs, telles que la réduction des risques, la qualité du service, la limitation des coûts et la migration des charges de travail. Mais en réalité, cette approche multi-cloud accroît davantage la complexité, ainsi que les coûts, liés à la gestion, à l'exploitation, à la protection et à l'optimisation non seulement des services cloud, mais aussi de l'expérience numérique fournie par ces services. Le manque de cohérence des analyses et des contrôles sur de multiples clouds qui se chevauchent peut considérablement limiter l'observabilité et l’efficience de l'infrastructure globale.

À mesure de la montée en puissance du cloud au service de l’expérience numérique à travers une infrastructure numérique résiliente, les connexions directes au cloud renforcent la performance et l'efficacité. Les solutions SD-WAN avancées offrent un accès direct aux services cloud à la périphérie du réseau, allégeant ainsi la charge sur le cœur et rationalisant les échanges à la périphérie. En revanche, Mark Leary, expert IDC estime que« l'augmentation des connexions directes au cloud rend les échanges plus compliqués à surveiller ou, pire encore, complètement cachés aux yeux des utilisateurs ».Il alerte par ailleurs : « Il est impératif que toutes les connexions au cloud bénéficient de niveaux d'observabilité cohérents, quels que soient l'endroit où ces connexions sont établies et ce qu'elles prennent en charge. »

Entre menaces liées au cloud et rupture

Si le débat du cloud comme alternative la plus sécurisée pour l'infrastructure numérique continue de susciter de vives réactions dans le secteur, on ne peut nier qu'un accès et une convergence accrus sont synonymes de nouvelles menaces. Bien que les initiatives de sécurité des fournisseurs de services soient redoutables, elles se concentrent également sur ce qu'elles contrôlent. Dans ce contexte, les utilisateurs doivent continuellement s'assurer de leur sécurité qui repose essentiellement sur leurs fournisseurs. Une combinaison d'outils et de techniques favorisant la convergence des efforts d'observabilité et de sécurité du fournisseur de services et de son utilisateur permet d'obtenir un niveau de résilience optimal.

Les fournisseurs de services cloud sont souvent des leaders dans des domaines technologiques tels que l'automatisation opérationnelle et l'optimisation des ressources. Et si une partie de cette technologie de pointe est mise à la disposition des utilisateurs par le biais de services ou d'outils en ligne, une large partie leur échappe. Cela crée un fossé entre ce que le fournisseur peut voir et contrôler d'un côté et ce que les utilisateurs peuvent voir et contrôler du leur. Cet écart complique et limite l'observabilité requise, plus particulièrement dans un environnement multi-cloud. Or, l’expérience numérique dépend de ces services.

La mesure, le contrôle et la gestion des services de cloud computing en tant que composant clé d'une infrastructure numérique résiliente et prête à l'emploi représentent un défi croissant à mesure que les exigences de l'entreprise, de l'IT et les contrats de services de cloud computing évoluent. Pour les entreprises cherchant à offrir une expérience numérique cohérente et complète, une utilisation la plus efficace des réseaux et des ressources ainsi que les systèmes, services et échanges les plus sécurisés, l'observabilité avancée des services de cloud computing de bout en bout estla clé.

Par Yann Samama, Senior Sales Engineer chez Gigamon