La Journée Internationale des Droits des Femmes est l’occasion de faire le point sur la situation des femmes ingénieures dans l’univers de la cybersécurité. Développer une forte mixité s’avère ici un prérequis si l’on souhaite réellement faire face à l’un des défis majeurs de notre époque.

En ce début d’année 2024, les inscriptions sur Parcoursup, la plateforme nationale d’admission dans l’enseignement supérieur, battent leur plein. Les souhaits qui sont actuellement émis par les futures bachelières devraient selon toute vraisemblance reproduire la tendance observée depuis une dizaine d’années. Que constate-t-on ? Rien de moins que la stagnation de la proportion de filles souhaitant s’inscrire dans des écoles d’ingénieurs – aux alentours de 28 %. Cette tendance se retrouve logiquement dans le monde professionnel, où l’on dénombre 24 % d’ingénieures selon la dernière étude de l’Observatoire des femmes ingénieures. Elle est encore plus accentuée dans l’univers de la cybersécurité, où l’on ne comptabilise plus que… 11 % de femmes !  

De nombreux obstacles à franchir

Comment pourrait-on inverser cette tendance, et ainsi parvenir à insuffler une plus grande mixité dans le secteur de la cybersécurité ? Sans doute en franchissant successivement plusieurs obstacles. Le premier est de nature structurelle, et lié au rapport que les jeunes en âge d’apprentissage entretiennent avec les mathématiques. Réconcilier l’ensemble des élèves – filles et garçons confondus – avec cette matière est d’ailleurs l’un des objectifs que l’Education Nationale s’est assigné pour la dernière rentrée 2023-2024. Il s’agit ensuite de convaincre les étudiantes que les métiers de l’ingénierie (biologie, automobile, aéronautique, informatique…) peuvent être exercés par des femmes.

Ici, la barrière à surmonter est liée aux représentations : dans notre société, l’ingénierie se conjugue spontanément au masculin, alors même que les femmes sont tout à fait capables d’assurer ces missions à haute plus-value technique. Il s’agit encore de surmonter d’autres « plafonds de verre », comme nous l’indique cette étude sociologique du CNRS : ségrégation « verticale » du marché du travail (la présence des femmes s’amenuise à mesure que l’on s’élève dans la hiérarchie du pouvoir), exigence plus forte des parents et enseignants vis-à-vis des hommes, mythes et tabous (le génie masculin et sa muse féminine…), etc.  

La mixité, prérequis à l’intelligence collective

Essayons l’espace d’un instant de se départir de ces différentes dynamiques et observons ce qui se passe réellement au sein des équipes engagées dans le champ de la cybersécurité. Qu’est-il demandé à ces teams ? Autonomie, aptitude à la prise d’initiative, adaptabilité, endurance, réactivité… Se retrouver en prise directe avec des questions sécuritaires nécessite de prendre des décisions rapides selon la situation. Nous pouvons l’observer au quotidien : confrontée à une cyber-attaque, il est important qu’une équipe soit en capacité de poser très vite un regard global et « froid » sur le problème. Savoir communiquer, développer un bon relationnel est alors indispensable : c’est une qualité qu’ont sans conteste les femmes.

Il s’agit également de faire preuve d’intelligence collective : là encore, cela plaide en faveur de la parité. Ce bien est précieux. Selon une étude de la Harvard Business Review, la mixité des équipes professionnelles améliore considérablement la performance. Plus généralement, il est prouvé que les entreprises qui minorent la place des femmes encourent le risque de ne pas parvenir à relever les grands défis que pose notre époque, depuis les cyberattaques jusqu’aux changements climatiques (source : Banque Européenne d’Investissement).

En 2024, il n’y a aucune raison normative pour que les femmes ne rejoignent pas l’univers de la cybersécurité, et il convient de se réjouir d’y voir travailler des équipes mixtes. Nous encourageons donc la jeune génération à embrasser cette carrière. Afin de mener à bien la lutte contre la cybercriminalité, le sexe importe peu : c’est le talent qui détermine tout. Actuellement, nombreuses sont les organisations à vouloir recruter des femmes dans les secteurs de l’ingénierie et de la technologie.

Celles-ci bénéficient d’un avantage concurrentiel, mais également d’une meilleure marge de négociation. Et cela est d’autant plus vrai que les clients avec lesquels nous échangeons louent régulièrement la capacité des femmes à faire preuve à la fois d’un niveau de rigueur élevé, d’une grande capacité d’écoute, de compréhension et de reformulation des besoins.

Par CyrilleFranchet, Senior technical Marketing Engineer chez Vectra AI