Le marché des hautes technologies est porté par un rythme d’innovation et de transformation soutenu. Le grand public questionne souvent la valeur réelle de ces évolutions effrénées, leur sens, leur apport dans la communauté, au-delà de la performance commerciale des entreprises qui les produisent.

De nombreuses entreprises du secteur arrivent désormais à concilier leurs impératifs économiques avec une action positive en faveur d’enjeux humains plus vastes tels que le climat ou la consommation raisonnée des ressources de notre planète. 62% des dirigeants se déclarent en faveur de l’intégration de notions ou d’action de développement durable au cœur de  leur stratégie. 4 consommateurs sur 5 considèrent ces aspects importants dans leur démarche de consommation.

Mises en application dans d’autres industries, les technologies les plus récentes ont la capacité d’accompagner ces mutations profondes en révolutionnant les usages et en apportant un réel progrès environnemental et sociétal. Les exemples ne manquent pas.

Face aux enjeux agroalimentaires

Parmi les enjeux essentiels de la planète, la question de la production alimentaire est sans doute la plus grande priorité. Les technologies d’intelligence artificielle offrent de nouvelles perspectives dans le traitement des données et permettent notamment d’agréger, d’analyser et de donner du sens à des données d’origines et de natures variées. Les résultats de ces analyses sont stratégiques pour le secteur agricole. Issues de drones, de satellites et d’appareils de mesure connectés, les données de qualité des sols, d’hydrométrie, de topologie, etc. peuvent être croisées puis analysées sur des plateformes capables de produire des recommandations qui accompagnent les agriculteurs vers un meilleur rendement. Le machine learning, appliqué à des enregistrements électroniques de terrain (ERF)spécifique à chaque zone géographique d'exploitation, renforce la capacité de conseil et d’aide à la décision de la technologie, en faveur d’une production raisonnée et efficace. Au-delà de la production, les technologies de blockchain ont déjà commencé à révolutionner la traçabilité des produits alimentaires en fournissant aux industriels et aux consommateurs une visibilité parfaite sur les origines des produits et l’intégralité de la chaîne d’approvisionnement.

Au service de la transparence dans le textile

La production textile n’est pas en reste. Deux enquêtes menées en 2020 montrent que les consommateurs sont plus enclins à acheter des vêtements si leur production respecte des facteurs de développement durable. Encore une fois, avec le soutien des technologies de blockchain, il est possible de tracer de manière précise et sûre la provenance des fibres, les conditions de fabrication, etc. L’utilisation des matières premières responsables, la protection de la biodiversité, l’utilisation de sources d'énergie renouvelables, la faible émission de CO2 ou sa compensation, l’utilisation d'eau/de produits chimiques, le recours à l’économie circulaire (réutilisation, recyclage, réparation) peuvent être confirmés avec certitude. Les technologies modernes de traitement des données améliorent la prédictivité des chaînes d’approvisionnement rendus plus flexibles, plus réactives, qui produisent juste ce qu’il faut, quand il le faut et suppriment le gaspillage. Les plus enthousiastes pensent même que l’intelligence artificielle pourra bientôt prédire la mode.

Une meilleure gestion de l’énergie

Le secteur énergétique est également en pleine mutation accélérée face à des enjeux locaux comme régionaux. La ville de Copenhague par exemple, qui s’est fixée comme objectif d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2025, mise sur un vaste réseau IoT[1] pour assurer le suivi de ses 3600 bâtiments via une plateforme moderne et unifiée. Cette centralisation des données offre une gestion intelligente et optimale des ressources. Grâce à de nombreux capteurs, la plateforme informe sur la consommation en temps réel de chaque bâtiment et fournit des informations précises aux opérateurs et aux personnels chargés de la maintenance.

Par ailleurs, même si le surplus d’énergie renouvelable d’un individu ne sont donc pas encore inclus dans le réseau global car non produite par un opérateur agrégé, on estime que, dans un avenir proche, 10 % du bouquet énergétique proviendra de sources locales. Aux Pays-Bas, une entreprise de certification trace déjà grâce à la blockchain ces surplus de productions énergétiques individuelles.  En profitant des capacités de traçabilité de la blockchain, il est possible de transmettre ces statistiques énergétiques en temps quasi réel au certificateur. En retour, les consommateurs bénéficient d’une garantie qui s’accompagne d’une aide financière.

Ces dernières années, sous l’impulsion d’acteurs majeurs de l’industrie, des technologies véritablement révolutionnaires ont émergé, capables de changer le monde et de nous aider à transformer l’activité humaine pour la rendre durable et respectueuse de l’environnement. Avec des capacités comme celles-ci, il est n’est pas rare de voir bouleverser notre imaginaire par des innovations bien réelles faisant ainsi écho à Arthur C. Clarke, auteur de science-fiction, nous ayant légué la maxime : « Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie. »

Par Laëtitia Pfeiffer, Executive Partner Digital and Substainable Innovation chez IBM


[1] Internet of Things : ObjetsConnectés