Dans un monde instable et incertain, secoué par des crises successives majeures (pandémies, conflits, hausse du coût de l’énergie et des matières premières, urgence climatique, cyberattaques, pénuries de talents…), les entreprises doivent en permanence ajuster leurs stratégies par une grande transformation pour répondre aux objectifs ou contraintes d’une économie nécessairement durable.

La base principale de la création de richesse a changé, passant de l'utilisation d'actifs physiques pour transformer les ressources naturelles, à l'exploitation d'actifs immatériels basés sur l'information et les données.  Les croyances sur ce qui importe sont en train de changer, avec un passage de la valeur aux valeurs. Ce changement en profondeur se retrouve dans les critères et contraintes environnementales, sociales et de gouvernance qui s’imposent progressivement aux entreprises.

Enfin, une transformation de la structure du travail est en cours, avec l’adoption de modèles plus flexibles et divers.

Quelles sont les implications de ce nouveau modèle économique qui s’imposent aux entreprises ? Que faut-il faire pour réussir dans ce nouveau monde ? Quels leviers sont à activer dans une démarche de réduction de l’empreinte carbone et de protection plus globale de l’environnement ?  

Les entreprises doivent opérer une profonde transformation de leur modèle économique

Pour s’adapter aux mutations du monde de demain, les entreprises doivent opérer des profondes transformations. Elles doivent s’interroger sur la création de la valeur mais également de valeurs. Elles doivent passer du modèle industriel à une économie de l'information fondée sur les actifs incorporels, les valeurs ESG et les modes de travail hybrides.

Les défis sont énormes. Des industries entières, comme l’industrie automobile, doivent revoir entièrement leur modèle économique. Les automobiles, sont aujourd’hui définis par le logiciel. Les solutions de connectiques proposées peuvent devenir plus important que l’attachement à la marque. Les secteurs de la bancassurance sont challengés, par les fintechs. Pour relever les défis de leur transformation digitale, les entreprises sont en compétition pour attirer, recruter et retenir les talents du numérique dans des métiers souvent en tension.

Pour opérer efficacement leurs transformations les organisations se doivent d’investir judicieusement dans un monde technologique hybride, maîtriser l'activité basée sur les plateformes, maitriser les données pour améliorer la prise de décision, s'engager en faveur de l’humain et atteindre une durabilité (réellement) durable.

La pression pour accorder plus de poids à l'ESG vient de toutes parts : actionnaires, clients, employés et gouvernements ou régulateurs. La mutation en profondeur des entreprises passe ainsi par la mise en applications des critères ESG. Des études montrent que les entreprises qui sont plus durables, plus diversifiées et qui ont un plus grand engagement de la part de leurs employés obtiennent des rendements plus élevés à long terme. Il n’y a plus de raisons d’attendre plus longtemps sa mise en application.  

Eviter les pièges des critères ESG et en profiter pour opérer une mutation profonde

Mais la mise en œuvre de ces changements implique l’application concrète des critères ESG dans les processus, la gouvernance et la culture de l’entreprise à tous les niveaux. Le passage à des sources d'énergie durables est devenu une contrainte nécessaire, loin d'être suffisante. Le passage à un modèle circulaire basé sur la réutilisation et le recyclage, en commençant par la conception, puis à travers les opérations et la chaîne d'approvisionnement est devenu une contrainte incontournable.

Les entreprises risquent de récolter tous les inconvénients de la mise en conformité, mais pas les bénéfices. L’enjeu pour les dirigeants est d’être le plus rapide dans la transformation des contraintes en opportunités et d’échapper aux pièges de l'ESG.  Pour cela, il faut que les dirigeants adoptent un état d'esprit axé sur le risque plutôt que sur la simple réduction des coûts.

Un état d'esprit ESG accordera plus de poids aux risques, en élargissant à la fois l'horizon temporel et l'ouverture de ses perspectives. La mise en œuvre de ces changements implique l'intégration de l'ESG dans les processus, la gouvernance et la culture.

La compréhension des technologies de l'information par les dirigeants est un aspect primordial des critères ESG. Des conseils d'administration du secteur bancaire font déjà l'objet d'un examen minutieux afin de déterminer si la compréhension des enjeux de la transformation numérique des dirigeants étaient suffisants. Le pilotage par les données à atteindre leurs ambitions « net zéro » doit être au cœur des décisions des conseils d'administration.

Les DSI ont ainsi un rôle central dans la mise en place des outils au sein des entreprises et dans l’atteinte des objectifs fixés par ses dirigeants. Le respect des critères et la durabilité font partie intégrante de la stratégie des entreprises et les DSI peuvent en être les stratèges et la cheville ouvrière. Le système d’information est source d’innovation et de solutions.  

Devenir des entreprises diverses et ouvertes

Les dirigeants se doivent d’anticiper, d’accompagner et mêmes de favoriser les changements sociétaux. Diriger des équipes composées de personnes de couleur, de sexe, d'origine sociale et d'orientation sexuelle différents ne posera des difficultés qu’aux managers qui ont l'habitude de recruter à leur image. Recruter ne peut se faire en fonction de l'adéquation culturelle, mais de la contribution culturelle.

En outre, une mentalité de contrôle n'est pas adaptée à la production d'actifs incorporels. Les managers (est-ce vraiment le bon terme ?) devront développer des compétences de coaching particulièrement solides pour engager, motiver et retenir les employés dans un contexte de guerre des talents.  De plus, les modèles de travail en équipe doivent être conçus pour établir une culture et des compétences, avec un espace créé pour l'observation, le retour d'information et l'apprentissage par la pratique.

Étant donné que nous sommes engagés dans un processus de transformation qui prendra du temps à se réaliser, il n’y a aucune raison de remettre les chantiers à plus tard. Les clients, les concurrents et les fournisseurs subissent tous une transition comparable. Ce qui était parfaitement logique l'année dernière peut ne plus l'être cette année.

Une révolution technologique qui s’impose à tous

Cette révolution technologique que nous connaissons n'est pas une question de goût : quelque chose à aimer ou à détester. C’est un fait. Comme la météo, elle se produit tout simplement. La réponse est de prendre la mesure et de maitriser cette évolution plutôt que de la subir.

Les technologies telles que le cloud, de l’intelligence artificielle, le Big Data ou la 5G peuvent nous aider dans la réduction de notre empreinte écologique. L’économie des plateformes collaboratives en mettant la data et au cœur de leurs activités a bouleversé des pans entiers de notre économie de manière irrémédiable. Il faut qu’elles le deviennent pour le meilleur.

Avec ChatGPT, l’intelligence artificielle a fait une entrée fracassante auprès du grand public avec une application ingénieuse et ludique. Mais cela fait des années que l’IA et les méthodes d’apprentissage profond sont présentes dans nos vies quotidiennes. Elles ont ouvert depuis plus d’une décennie de nombreuses possibilités pour les entreprises et les individus sous le triple effet de la puissance informatique, de l'analyse de données et de la redécouverte des réseaux neuronaux. Encore faut-il que la puissance informatique et ces avancées de l’intelligences artificielle soient transparentes et explicables et au service de chacun.

Les générations à venir seront sans nul doute, des alliés précieux dans la maitrise de ces bouleversements technologiques, environnementaux, sociaux et culturels. Elles seront les acteurs du changement qui seront en mesure de mettre la technologie au service des enjeux de transition vers un une économie plus respectueuse des humains et de l’environnement.

Par Benjamin Revcolevschi, directeur général France et Benelux chez DXC Technology